Créé le 22 -06-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le MERCREDI I 22- 06-2011 |
10h30| AFRIQUE REDACTION PAR : JP MBELU
Depuis 1996, notre pays, le Congo dit démocratique est en situation de guerre permanente, de « guerre perpétuelle ». La recrudescence du terrorisme d’Etat-manqué à travers tout notre pays (et surtout à l’Est et à Kinshasa) nous pousse à croire que la mascarade électorale de 2006 a participé de la perpétuation de cette guerre. Il en sera de même de celle de 2011-2013. Le renversement des rapports de force exige des Résistants-Patriotes l’entretien de la culture de la résistance fondée sur une bonne connaissance de notre histoire commune et son institutionnalisation dans des gouvernements locaux et provinciaux participatifs.
Depuis la guerre de prédation imposée à notre pays en 1996, les violons n’arrivent pas à s’accorder entre les Résistants–Patriotes Congolais et plusieurs compatriotes ayant lu dans cette guerre une action libératrice de la dictature de la deuxième République. Une relecture attentive de notre histoire immédiate a aidé plusieurs Résistants-Patriotes Congolais à comprendre les tenants et les aboutissants de cette guerre au point de les rendre capables de conter cette histoire en quelques mots sur la place publique : invasion du Congo (RD) par les pays voisins soutenus par les grandes puissances, main basse sur nos ressources du sol et du sous-sol, viols massifs de nos filles, femmes, mères et grands-mères, plus de 6000.000 de morts comme prix à payer, suivi d’une insécurité permanente (surtout à l’Est du pays) et légitimation des collabos et autres étrangers ayant participé à cette guerre et au projet de balkanisation du pays à la mascarade électorale de 2006.
Pour les Résistants-Patriotes Congolais, notre pays peine à rompre avec « le nouveau désordre congolais » institué par « la guerre perpétuelle » initiée en 1996. Aleurs yeux, les gouvernants actuels du pays en sont les fossoyeurs dans la mesure où ils participent de ce « nouveau désordre congolais ». Cette approche a comme conséquence, mutatis mutandis, « la guerre perpétuelle » qu’ils leur livrent. Ils estiment être en situation de légitime défense face à un pouvoir participant de la vente de nos terres, de la mort et du plan de la balkanisation de notre pays. Plusieurs rapports rédigés sur la guerre d’agression imposée à notre pays depuis 1996 (avec la complicité de nos élites compradores) et une abondante littérature viennent conforter les Résistants-Patriotes Congolais dans leur approche historico-politique, socio-économique et culturelle de notre vivre-ensemble.
En face de ces compatriotes, il y en a d’autres, victimes d’un viol inguérissable de l’imaginaire et d’une amnésie qui ne dit son nom. Ils ont tout oublié de notre histoire récente et croient qu’avec la mascarade électorale de 2006, notre pays est devenu « une jeune démocratie ». Ces compatriotes ont fait du déni de la réalité leur sport favori.
Il y a une troisième catégorie de compatriotes ayant cru, à tort ou à raison, dans les différents dialogues organisés après les guerres de 1996, de 1998 et de 2003 comme des tentatives réussies de remise de notre pays sur les rails. Certains parmi eux sont vite contredits par la réalité et essaient de questionner leur foi dans des processus dont ils ne maîtrisaient pas les en-dessous.
Avouons que la permanence de la violence remet profondément en question cette foi naïve dans la naissance de la démocratie par la magie des gouvernants ex-seigneurs de guerre.
A l’heure actuelle, une étude attentive des conditions dans lesquelles presque tout notre pays est plongé semble indiquer que « la jeune démocratie made in les faiseurs de paix au Congo » relève du monde des idées. Examinons quelques cas récents.
« Vendredi 17 juin 2011, 3 militaires Fardc lourdement armés qui s’apprêtaient à voler dans la localité de Lubango au Sud du Territoire de Lubero, ont été surpris dans leur cachette avant qu’ils n’entrent en action. Sur une indication exacte d’un fin limier, une foule immense avait encerclé l’endroit où les militaires assassins étaient cachés en attendant l’heure préférée de la nuit pour opérer comme d’habitude. C’était sans savoir que la population du Sud de Lubero a déjà décrété la mort subite pour tout malfrat qui tombe dans ses filets, qu’il soit bandit, policier, militaire, congolais, rwandais, ougandais, etc. Avec des bâtons, la foule en colère avait réussi à désarmer les militaires, à les lapider et à leur couper les sexes. Horrible ! » (cfr site de Benilubero)
A Kinshasa, « un correspondant occasionnel nous a informé et confirmé que notre confrère Baby Balukuna a été agressé à coups de machettes et de bâtons, dimanche 19 juin 2011 à 21 heures, à la sortie du studio après son émission. » (cfr Cheik Fita)
A Kinshasa, « à travers un communiqué de presse du 19 juin 2011, la VSV s’insurge contre la nouvelle vague d’enlèvements et d’arrestations.» Qu’est-ce qui inquiète la Voix des sans Voix ? Répondons en citant encore une fois le communiqué : « En tout état de cause, la VSV craint pour la sécurité et la vie de ces victimes d’enlèvements et détentions illégales dans des cachots secrets. »
La lecture de ce communiqué révèle les conditions dans lesquelles tous ces enlèvements ont eu lieu et cela fait froid dans le dos. Ils s’opèrent souvent la nuit, dans la grande brutalité ; les familles sont prises en otage, les enfants de ces familles traumatisés ; la dignité humaine est purement et simplement bafouée. A la lecture de ce communiqué, on revit la situation qui a prévalu juste après la mascarade électorale de 2006 telle qu’elle est décrite dans le rapport de la FIDH de juillet 2009 intitulé « République démocratique du Congo. La dérive autoritaire du régime. » Aujourd’hui, il ne serait pas trop osé d’affirmer que cette « dérive autoritaire » s’est mué en « terrorisme d’Etat-manqué » avec « une police politique dotée des pleins pouvoirs » et « une justice mise sous tutelle ».
La preuve contraire nous sera donnée quand, comme le souhaite la VSV, les gouvernants Congolais pourront « présenter au public et aux membres de familles, avocats, défenseurs des droits de l’homme, … toutes les personnes précitées victimes d’enlèvement, détention et disparition illégaux; autoriser la visite des avocats, défenseurs des droits de l’homme et membres de familles aux victimes; libérer immédiatement les victimes ou les déférer devant une juridiction compétente en cas des griefs sérieux à leur charge pour amorcer un procès juste et équitable; diligenter une enquête indépendante sur les enlèvements et détentions illégaux en vue de sanctionner les auteurs et commanditaires de comportements anti-démocratiques. »
Disons que la preuve contraire ne nous sera pas donnée dans la mesure où les gouvernants actuels poursuivent la guerre de 1996 de plusieurs manières et surtout en exerçant le terrorisme d’Etat. Cette violence est tue et/ou ignorée par les défenseurs du « nouveau désordre congolais » quand ils ne la justifient pas tout simplement…
Plongés dans le terrorisme d’Etat-manqué, les gouvernants actuels tombent davantage dans l’illégalité et perdent le décor de légitimité auquel ils ont eu accès grâce aux « faiseurs de paix au Congo » et à la cupidité de certains d’entre nous.
Renverser la vapeur exige des Résistants-Patriotes Congolais l’entretien de la culture de la résistance avant, pendant et après la prochaine mascarade électorale de 2011-2013. Une culture de la résistance qui devra finalement s’institutionnaliser dans des gouvernements participatifs locaux et provinciaux pour un début de bonheur collectif partagé.
J.-P. Mbelu