Sans renoncer à leur vocation économique et agricole, les populations des deux Kivu et du Maniema, s’intéressent de plus en plus à l’exploitation artisanale des
ressources minières comme activité de survie.
L’exploitation artisanale des ressources minières dans les Kivu et le Maniema représente l’essentiel des activités économiques après le recul de l’agriculture,
autrefois grand pilier de développement. Selon les experts, disparition de cette principale source de revenus de ménages conduirait forcément à l’asphyxie des économies locales dont le rythme est
imprimé par les mines. Les importations dont ces provinces sont désormais tributaires seraient même perturbées.
Le phénomène « mining » fort développé au Katanga est en train de prendre progressivement forme dans l’est du pays et les bénéfices d’une exploitation industrielle
dans la durée pourront aider à son développement. Déjà, certains géologues du Katanga ont reconnu que les réserves du Sud-Kivu, par exemple, étaient aussi importantes que celles de la capitale
cuprifère. Elles seraient également encore presque intactes.
D'importants défis doivent être relevés pour aboutir à des résultats probants. Il faut des ONG vigilantes et des groupes de pression capables de cerner les
différents enjeux posés par les mines et défendre les intérêts des communautés locales. En raison de l'isolement des sites d'exploitation, il est tout aussi fondamental de veiller au respect de
l'environnement par les exploitants afin d'éviter des pollutions néfastes pour la santé humaine.
Tout doit concourir au bien-être des populations souvent sous informées de réalités relatives aux mines. Il est vrai qu'on a réalisé du progrès avec la formation
des premiers géologues dans une ville comme Bukavu (Sud-Kivu). Mais faute de main-d'œuvre qualifiée, beaucoup d'opérateurs sont contraints de débloquer un budget conséquent pour la formation de
leurs personnels. Mieux formés dans les instituts spécialisés du pays, les Congolais seront de plus en plus nombreux à prester dans les sociétés minières et l'impact en sera important dans la
formation d'une classe sociale moyenne comme principal vecteur de développement de l'économie.
L'autre grand défi consiste à suivre de près l'implantation de nouvelles sociétés minières sur des terres très reculées occupées par des villages entiers. Beaucoup
d'opérateurs recrutent la main-d'œuvre locale pour la former. Il faut aussi s'intéresser particulièrement aux modalités pratiques de délocalisation et d'installation des villageois. La loi
prévoit, par exemple, que l'opérateur minier puisse construire des habitations en dur et mettre les populations déplacées dans de meilleures conditions. Tous les champs détruits doivent être
dédommagés. Dans ces coins reculés, les chefs coutumiers jouent un rôle incontournable en tant qu'interlocuteurs des miniers pour les questions liées au sort des villages. Ils ont aussi mission
de trouver de nouvelles terres pour leurs populations.
L'ancien Grand Kivu est bien parti pour jouer de nouveau un rôle important dans la vie économique. Les deux guerres ont conduit à un exode rural et hypothéqué les
efforts de relance de l'économie. Le départ de la Sominki dans les années 1990 justifie aussi la reprise des activités au profit des exploitants artisanaux. La chute de la production agricole a
davantage desservi le Grand Kivu au point de le réduire en simple consommateur des produits alimentaires venus des villes voisines alors qu'il en était un grand exportateur à l'échelle nationale.
Les mines représentent l'avenir de ces 3 provinces déterminées à se hisser au niveau de la province du Katanga avec le retour tant souhaité des industriels dans cette partie souvent exposée aux
conflits politico-militaires.
Laurent Essolomwa
Photo 1 : une vue aérienne de la ville de Bukavu, Sud-Kivu
Photo 2 : Bukavu, nouvel eldorado