Créé le 02-08-2011 à 14h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER
BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le Mardi 02-
08-2011 |14H10| AFRIQUE REDACTION PAR : LES FINANCES
Le vendredi 29 juillet dernier, le peuple congolais avait retenu son souffle. Il craignait que l’arrivée d’Etienne Tshisekedi à Lubumbashi ne soit suivie des
émeutes et des troubles sanglants, se rappelant des discours incendiaires et séparatistes des politiciens katangais, notamment de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, son ancien compagnon. Ce dernier a
toujours évoqué l’irrédentisme katangais que partagerait tout katangais, et développé des théories xénophobes à l’égard des Kasaïens qui auraient fait main basse sur le tissu économique de la
province.
Mais contre toute attente, les Lushois ont prouvé à la face du monde qu’ils sont des congolais et animés, comme d’autres compatriotes des autres provinces, de la
même sensibilité nationale. En réservant un accueil à Tshisekedi comme cela se doit, les Lushois ont, par ricochet, démontré qu’ils n’ont jamais été d’accord avec les politiciens de cette
province qui trouvent dans l’évocation d’une illusoire spécificité katangaise cultivée par les politiciens katangais de 1960 (eux aussi inspirés par des Belges opposés à l’indépendance du Congo)
le moyen d’asseoir leur pseudo-leadership.
Et même le discours d’Etienne Tshisekedi était rassembleur avec des relents nationalistes en faisant mentir tous les politiciens séparatistes katangais qui
s’attendaient à une verte mercuriale contre le régime kabila. Ce samedi 30 juillet-là, sur la Place «Square Georges Forrest», à Lubumbashi, son adresse aux Lushois s’était, tout d’abord, déroulée
sans incident, et, ensuite, écoutée par une marrée humaine, la même qu’à son arrivée le vendredi 29 juillet, après un périple euro-américain. Débout pendant plus d’une heure, l’ancien opposant de
Mobutu n’a pas dérogé à sa ligne politique. Il s’était aussi violemment attaqué aux différentes anti-valeurs, notamment le vol, le viol, la corruption et l’impunité qui, à ses dires, ont plongé
le pays dans le marasme. A son avis, le Congo est mort et pour le sauver, il n’y a qu’une seule thérapeutique l’amour du Congo et du Congolais. «Le pays est mort par manque d’amour patriotique.
Le 1er janvier 2012, que chacun se demande ce qu’il doit faire pour sauver ce pays légué par les ancêtres», avait-il déclaré.
SORTIR DES DISCOURS MILITANTS COMME SOUS MOBUTU
En réécoutant cette adresse, les analystes politiques s’accordent à dire que Etienne Tshisekedi a fondamentalement changé, certainement mu par les perspectives des
bons résultats électoraux. Mais, toutefois, certains analystes l’exhortent de continuer à modérer son discours politique parce que le temps a changé et les animateurs des institutions aussi. Ils
lui conseillent d’oublier les discours militants qu’il tenait sous le règne de son « ami» Mobutu. Il lui est recommandé de s’abstenir à la critique acerbe et vexatoire à l’égard du gouvernement
pour qu’il y ait des élections apaisées. Ses efforts doivent cependant être portés sur la présentation de son programme d’actions une fois qu’il aurait gagné l’élection présidentielle comme ses
autres adversaires politiques y pensent aussi. Car, indiquent les analystes, «un texte sans contexte n’est que prétexte». Cependant, d’autres observateurs estiment qu’Etienne Tshisekedi devait
lui-même introduire le débat au sein de son parti et tenir compte des aspirations des autres membres de l’opposition. En se déclarant candidat de l’opposition à la présidentielle tout en se
passant des arrangements politiques préalables avec eux, Etienne Tshisekedi semble ne pas voir dans son individualisme politique le prélude de sa défaite électorale. «Pour gagner les élections,
les appuis politiques internes et externes à son propre parti sont on ne peut plus importants», estime-t-on. Mais présentement, Etienne Tshisekedi donne l’impression de croire à sa vieille étoile
et il est tout à fait persuadé maintenant qu’il serait l’homme providentiel. Et l’accueil bénéficié à Lubumbashi vient encore de renforcer sa conviction. Toutefois, il est indéniable que
l’opposant de Mobutu ait encore des assises populaires indiscutables plus que nul autre. Mais cela suffit-il pour gagner l’élection présidentielle?