Olivier Kamitatu n’a plus le coeur à la majorité. Il a remis même en cause son allégeance à Joseph Kabila devant ses proches à qui il a déclaré qu’il ne battra pas
campagne pour le Chef de l’Etat actuel, selon des membres de son cabinet. En fait, Kamitatu est dépité. II avait déjà très mal pris le départ de Colette Tchomba débauchée, tambours battants, par
te PPRD. Cette fois-ci, il a la gorge nouée à cause des annexes de la loi électorale que Ngoy Mulunda a remises, la semaine dernière, au ministre de l’Intérieur, Adolphe Lumanu Bwana Sefu. Ces
annexes ramènent le nombre des sièges pourvoir pour la députation nationale à Bulungu, le fief maternel de Kamitatu, de 9 à 6.
Dans son autre fief de Masi-Manimba où le nom de son père est l’un des plus célèbres, un siège a été retranché pour se retrouver à six au lieu de sept en 2006. Des cadres de l’ARDC rapportent que pour Kamitatu c’est un coup du PPRD. Un coup qui rend la bataille plus âpre à Bulungu et qui fait douter Kamitatu sur ses chances de se faire élire. En 2006, il avait déjà été mal élu, sinon pas élu du tout. II avait fallu que Kinshasa dépêche d’urgence un avion sur place pour trafiquer les résultats en faveur de celui que Kabila considérait encore comme son potentiel Premier ministre jusqu’à la conclusion de l’alliance avec Antoine Gizenga Fundji.
Le dégoût de Kamitatu serait renforcé par les visites de son ami Anti- pas Mbusa Nyamwisi qu’il répète, à chaque fois qu’il en a l‘occasion, qu’il faut être naïf pour faire confiance à ces gens là. En ballotage chez lui à Bulungu, Kamitatu s’est mis à redouter son second, l’élu d’Idiofa Boris Mbuku. «Dans le cas d’une défaite de Kamitatu, une victoire de Mbuku à Idiofa lui donnerait plus d’influence au sein du parti, surtout s’il apporte un ou deux sièges de plus», analyse un proche de Kamitatu. Kamitatu redoute Mbuku et soupçonne tout le monde.
Si son bras droit Tchomba qu’il avait placé comme vice-ministre des Congolais de l’étranger l’a quitté, il ne voit plus en qui d’autre il peut placer sa confiance.
Il se demande aujourd’hui qui est avec lui. Avec lui pour organiser le congrès de l’ARC sans cesse ajourné. Les raisons de l’ajournement sont d’ordre financier. Le budget de la grand-messe de
l’ARC est évalué à 64.000 dollars. Kamitatu a demandé aux autres de mettre 30.000 dollars sur la table, quitte à ce qu’il règle lui-même le solde. Les autres n’ont pas encore dépassé la barre de
1.000 dollars.
Paul MULAND