Créé le 13 -08-2011 à 05 h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le samedi 13 -08-2011 à 10 h30 | AFRIQUE REDACTION PAR : LE POTENTIEL
Des voix s’élèvent pour évaluer, apprécier l’organisation générale des élections en République démocratique du Congo. Au-delà, imaginer le déroulement de celles-ci
et toutes les conséquences qui pourraient en découler. Preuve ? Le sommet politique sur la République démocratique du Congo qui vient de se dérouler aux Etats-Unis, sous les auspices d’une
structure dénommée « Initiative à l’Est du Congo», s’est appesanti sur les problèmes congolais. Les premiers résultats de ce sommet politique ne sont pas du tout rassurants. Ils constituent en
eux-mêmes une vive interpellation, car la situation de la RDC est toujours examinée de façon sélective et non globale. Preuve de l’existence des agendas cachés.
L’Initiative à l’Est du Congo, un groupe de réflexions sur des questions africaines, particulièrement celles attachées aux problèmes congolais à partir de l’Est du
pays, a organisé dernièrement un sommet politique aux Etats-Unis. Sommet politique organisé le 26 juillet 2011 et qui a regroupé plus de quarante représentants du gouvernement américain, de
l'ONU, des ONG et des experts indépendants.
Ils ont été rejoints par une délégation de la Société civile congolaise. Ces dirigeants ont discuté de la République démocratique du Congo. Notamment sur des
problèmes les plus pressants ainsi que des voies et moyens de relever les défis majeurs avec le concours des États-Unis et autres acteurs, en vue d’y répondre plus efficacement. Ce sommet
politique a été co-parrainé par les organismes américains suivants : Holocaust Memorial Museum et le National Endowment for Democracy. Dans le premier cas, le Mémorial de l’holocauste des
Etats-Unis inspire les citoyens du monde entier à faire face à la haine, à prévenir le génocide et à promouvoir la dignité humaine. Le second organisme est une structure privée qui a pour
vocation de favoriser la croissance et le renforcement des institutions démocratiques, partout dans le monde. Enfin, l’Initiative à l’Est du Congo vise à sensibiliser les Etats-Unis, à obtenir
des subventions en faveur des populations locales de l’Est de la RDC afin de les aider dans leurs approches communautaires essentielles à créer une société durable et réussie dans l’Est du Congo.
C’est déjà le hic quant à l’existence de cet organisme qui dévoile son côté sélectif de l’examen de la situation en RDC.
Les travaux ont été dominés par l’organisation avant, pendant et après les élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011.
Craintes et inquiétudes
Au terme de leurs discussions et échanges de vues, il s’est dégagé un sentiment de scepticisme doublé de craintes et d’inquiétudes. Ce constat s’explique par les
points suivants : mauvaise gouvernance de la part du gouvernement ; pas de progrès durables en matière de droits de l’Homme ; pas de réforme des services de sécurité ; engagement réticent des
partenaires américains et occidentaux.
En effet, il a été observé que le gouvernement a échoué dans la pratique de la bonne gouvernance. Il n’a pas fourni des progrès remarquables en matière de respect
des droits humains et la fourniture des services sociaux à la population. En ce qui concerne la réforme des services de sécurité, elle n’a pas été menée comme il se devait. Allusion faite
certainement à la constitution d’une armée nationale, d’une police nationale et des services de renseignements au service de l’Etat congolais pour mieux assurer l’ordre public, la protection des
biens et personnes ainsi que la sauvegarde de l’intégrité territoriale.
En ce qui concerne les partenaires extérieurs, il a été relevé que les Américains et les Européens sont moins engagés au Congo cette fois qu’en 2006. Ils ne
parviennent pas à coordonner leurs messages et aides afin de maximiser leur impact. Ce manque d’engagement est perceptible par la diminution de l’aide financière, et à haut niveau d’une attention
diplomatique tous azimuts, contrairement à ce qui s’est passé en 2006.
De ce qui précède, les participants craignent que les élections de novembre prochain débouchent sur des violences susceptibles de déstabiliser les institutions.
Car, affirment-ils, les problèmes actuels qui subsistent au sein de la CENI, notamment l’arrêt du dialogue avec les protagonistes, le refus de signer le Code de bonne conduite, la rhétorique de
principaux partis politiques, et encore une fois, l’absence de l’engagement international ne sont pas de nature à favoriser des élections apaisées. Mieux encore, des élections transparentes,
crédibles et démocratiques. Ce sont là les premières conclusions de ce sommet politique.
Les participants ont également relevé que les préparatifs pour les élections sont derrière le calendrier. Ce qui rend peu probable la tenue des élections crédibles
en novembre prochain. Dans leurs investigations, ils ont décelé la disparité dans la perception des élections d’un coin à l’autre de la RDC, principalement entre l’Est et l’Ouest. En plus, la
population est de plus en plus en colère, qu’elle a peur et est frustrée devant l’incapacité du gouvernement à assurer la sécurité, surtout à l’Est du pays ; de livrer les services de base à la
population congolaise et d’offrir une vision pour l’amélioration de l’Etat.
Si cette remarque concerne la majorité au pouvoir, l’Opposition n’a pas encore réussi à s’entendre autour d’un seul candidat. Ils craignent plusieurs scenarii : le
report des élections, beaucoup de contestations, le déroulement chaotique des élections avant le 6 décembre, la fraude, les manifestations populaires qui seraient réprimées par la
violence…
Inquiétudes lorsque l’on s’aperçoit que les participants n’accordent de l’attention qu’à ce qui se passe à l’ Est et ignorent superbement les autres provinces. La
sécurité pour eux ne concerne que l’Est et non la RDC toute entière et ils se sont empressés à éclabousser le gouvernement en brandissant sa mauvaise gouvernance sans reconnaître le moindre
effort fourni par cette institution. Cette analyse serait-elle intentionnelle ?
Recommandations et défis
Les participants à ce sommet politique estiment encore qu’il faut agir vite et bien pour sauver les élections de 2011. Certes, ils reconnaissent que les
élections démocratiques organisées en 2006 ont permis à Joseph Kabila Kabange d’accéder au pouvoir. Mais ils soulignent toutefois que le manque de leadership se fait sentir à plusieurs niveaux.
D’où, des violations massives des droits de l’Homme, l’effondrement de la bonne gouvernance, la détérioration de la vie sociale, la vulnérabilité des populations civiles, particulièrement au Kivu
avec les violences sexuelles par des prédateurs de groupes armés, y compris l’armée nationale. Manque d’eau et d’électricité, persistance de la corruption depuis l’époque de Mobutu, et rien n’a
changé, en plus de l’incapacité de l’Etat de la rayer, soulignent-ils.
Encore une raison de s’inquiéter et nous ramène à ce qui s’est passé dans la Corne de l’Afrique. Les ONG s’empressent de vilipender les classes dirigeantes pour
préparer le terrain de la balkanisation avant que les politiciens parachèvent leur œuvre diabolique. Easten Congo Initiative serait-elle en train de jouer cette sale besogne pour faire croire que
l’analyse et le constat ont été faits par les Congolais eux-mêmes ?
Devant ce tableau sombre pour les élections 2011, le premier défi est à relever par les Congolais eux-mêmes à travers leurs institutions. On n’exclut pas le
renforcement de ces institutions avant, pendant et après les élections par les partenaires extérieurs traditionnels. Notamment l’ONU, l’UA, les Etats-Unis, la Belgique, la France, l’Allemagne, la
Grande-Bretagne, les Pays Bas … On encourage le dialogue avec les pays voisins de la RDC, à savoir le Congo-Brazzaville, le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, l’Angola, le Sud-Soudan, la Tanzanie …
pour ne citer que ceux-là.
Les participants interpellent la MONUSCO, quel que soit son mandat, à s’engager dans ce processus électoral en vue de prévenir et régler les crises politiques, à
favoriser la coordination des interventions extérieures dans la perspective d’une coopération efficace afin d’éviter des élections critiques, de promouvoir également l’espace politique nécessaire
aux fins des élections libres et équitables, sans oublier la réforme des services de sécurité.
D’aider la CENI à résoudre les problèmes logistiques de même que ceux liés à la bonne gouvernance. Les participants ont saisi cette opportunité pour lancer un appel
pressant aux Etats-Unis et aux pays européens d’accroître leur aide, de bien la coordonner, de combattre les réseaux illégaux de vente de minerais.
Ils ne pouvaient clore leurs interventions et suggestions sans se tourner vers la Banque mondiale et le FMI. Ils invitent également ces deux institutions
financières de Bretton Woods à avoir une attention coordonnée avec les autres partenaires extérieurs de la RDC, et une approche équilibrée du conditionnement des financements des programmes du
gouvernement congolais.
Cette évocation des observations pertinentes, mais aussi les inquiétudes de cette approche de Eastern Congo Initiative lors de ce sommet politique des Etats- Unis,
place le gouvernement, l’Assemblée nationale, le Sénat, la CENI, les partis politiques, le peuple congolais… devant leurs responsabilités. La volonté de conduire à des élections apaisées,
transparentes, crédibles et démocratiques incite à relever ce grand défi de 2011sans aliéner la souveraineté nationale. D’être vigilants tant il y va de l’existence de la République démocratique
du Congo en tant qu’Etat et Nation..