Créé le 18 -08-2011 à 10 h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le jeudi 18 -08-2011 à 10 h30 | AFRIQUE REDACTION PAR : LE POTENTIEL
Un député national, s’adressant à ses collègues, disait quasiment ceci lors d’une de ses interventions au prétoire de la représentation nationale : « Bientôt, c’est
la fin de notre mandat. Il y a ici des aînés, des collègues, des petits-frères. Nous nous imposerons le devoir d’établir, chacun, son bilan. Dieu seul sait combien se retrouveront encore dans cet
hémicycle à l’ouverture de la prochaine législature ».
L’heure a sonné pour dresser ce bilan. Le moment est venu de faire les calculs sur la tête des personnalités et des formations politiques qui ont exercé le pouvoir
et le contre – pouvoir.
Les élections 2011 s’approchent. A grands pas. Bien plus intéressant, la perception diffère d’une personnalité politique à l’autre, d’un coin du pays à l’autre.
Seuls ceux qui ont une vision étriquée de la vie politique continuent à croire que les élections 2011 seront une routine, semblables à celles de 2006.
Erreur. Grosse erreur de jugement. La preuve la plus irréfutable est que les élections 2011 se dérouleront en un seul tour contrairement à celles de 2006 avec deux
tours. Certes, les raisons financières ont été brandies pour justifier cette modification. Mais au fond, c’est l’importance de ces mêmes élections déterminantes qui justifie le changement
de la marge de manœuvre.
Déterminantes, elles sont prédestinées à donner un coup de pouce au processus de développement de la RDC pour un meilleur devenir de ce pays. Les chefs des
confessions religieuses l’expriment mieux que nous en insistant sur le profil des candidats politiques et leur projet de société : « La RD Congo a besoin, pour son avenir, un avenir que nous
voulons radieux, des hommes et des femmes ayant un sens élevé de responsabilité et de patriotisme, des hommes et des femmes d’une sagesse avérée, d’une maîtrise de soi à toute épreuve et
d‘une retenue éprouvée, mais qui arrivent au pouvoir par des élections justes, c’est-à-dire transparentes et crédibles ».
Comment alors détecter ces hommes et ces femmes ? Tout simplement par la manière qu’ils mèneront leur campagne électorale, à travers leurs discours pour se faire
élire. Campagne à l’américaine, à la française, à l’italienne ou à la congolaise, peu importe. La différence consiste à savoir comment allier l’utile à l’agréable. C’est-à-dire, le comportement
du candidat, son entourage, ses messages, ses discours doivent constituer des signaux forts susceptibles de caricaturer leur profil, de laisser entrevoir leur détermination que leur projet de
société, leurs programmes sont réalisables, porteurs d’espoir.
Ces hommes et femmes doivent être des « leaders », des « modèles de société » qui mobilisent les foules pour autant qu’elles croient en leur projet de société, en
leurs programmes crédibles. Et qu’une fois élus, même en des moments cruciaux, ces hommes et femmes peuvent compter en l’adhésion populaire à leurs décisions, si difficiles soient-elles. Aussi,
les stratégies et tactiques électorales ne doivent pas porter sur des « injures », la « comptabilité des erreurs » commises par l’adversaire mais sur des alternatives à proposer pour que la
RDC demeure sur le parcours du progrès.
Si le « leader » peut être assimilé à un « génie », son entourage direct doit être constitué de « stratèges » qui ont le sens de l‘anticipation, le réflexe de
prendre la mesure de l’enjeu électoral, de déceler les failles et les brèches, le flair de prévenir l’obstacle pour s’appuyer sur la capacité de bondir ou de rebondir si la parade de l’adversaire
est à la hauteur de l’objectif à atteindre.
Le premier défi à relever est d’être élu. Le deuxième consiste à préserver les attributs de l’indépendance, à savoir l’unité nationale, l’intégrité
territoriale et la monnaie. Le troisième est la relance de la production nationale en faisant preuve de la capacité de remettre la population au travail. Enfin, le quatrième défi est la réduction
de la pauvreté en disposant d’une population active, en tant qu’agent économique, agent de développement. Le tout sous-tendu par un idéal politique, source de tout projet de société, de
tout programme d’actions.
Les griots : un véritable fléau
Ce n’est plus le moment des « louanges ». Car, les griots sont un véritable fléau qui n’apportent aucun souffle nouveau, moins encore une quelconque initiative
positive. En plus, l’époque des « hommes messianiques » qu’on ne trouve plus que dans la Bible est révolue. Dans cet exercice politique des temps modernes de diriger un pays, de
rencontrer les préoccupations de son peuple, de participer au concert des nations dans cette perspective d’un Nouvel ordre mondial, ces hommes et femmes doivent se débarrasser de l’habit du vieil
homme, faire preuve de compétence et de pragmatisme en vue de soulever des montagnes.
En effet, les opportunistes sont comme de la peste, capables d’entraîner tout un peuple dans un suicide collectif. Ils versent dans le clientélisme,
l’idolâtrie, la médisance, le tribalisme, le régionalisme pour des intérêts égoïstes et poussent leur «leader » dans l’apathie, l’ immobilisme. Ils brillent ainsi dans l’absence
d’initiative. Sans idéal politique, donc sans projet de société consistant, programme d’actions sans substance…. le pays court donc le risque d’aller à vau-l’eau.
Alors, place aux «stratèges », exit les « griots ». C’est le prix à payer pour un Congo nouveau et prospère.
Les droits de propriété : véritable clef du succès économique
Un consensus s’accorde à dire qu’il y a une indéniable corrélation entre des institutions saines et le développement d’un pays. Il paraît donc primordial de
promouvoir l’institution qui, aux yeux de la plupart des économistes, est la plus importante de toutes : les droits de propriété.
Durant l’ère communiste, ces droits ont été mainte fois bafoués avec les conséquences économiques et sociales que nous connaissons. Aujourd’hui encore, dans bien
des régions du globe, ils continuent d’être violés. Face à une corruption foudroyante, un propriétaire est encore trop souvent incapable de dire « ce bien m’appartient, et j’en dispose comme bon
me semble ».
Lorsque les droits de propriété ne sont pas sécurisés – ou pire, absents –, les incitations à investir en souffrent. En effet, les coûts de transaction augmentent
considérablement en raison du manque de formalisation et d’organisation administrative, et il n’existe souvent pas d’éléments suffisants pour garantir la fiabilité de la transaction du bien. Ceci
est vrai aussi bien pour les habitants locaux que pour les investisseurs étrangers qui se méfient d’intégrer ce genre de marchés. En conséquence, la formation de capital est réduite et les
investissements demeurent à petite échelle.
Un système formel de propriété intègre des informations dans des registres. Les transactions sont ainsi sécurisées du fait d’une traçabilité de qualité. Être
propriétaire d’un bien provoque une certaine identification avec celui-ci.
La propriété entraîne donc une responsabilité : aussi bien que le propriétaire est le bénéficiaire du produit de la vente du bien, il est également le responsable
en cas de non respect d’un contrat par exemple. La propriété formelle engendre donc des incitations à se responsabiliser, améliorant d’autant plus le climat de confiance, lubrifiant essentiel des
échanges économiques entre les membres d’une société.
Dans biens des pays en voie de développement, les habitants disposent souvent de droits naturels coutumiers sur leur propriété : chacun sait à qui appartient telle
ou telle maison du village, et cela est respecté. Cependant, il n’existe pas, ou peu, de droits formels et légaux permettant de prouver cela devant la loi.
Chose incroyable, la valeur de ce capital informel dans le Tiers-monde, appelé également par Hernando de Soto le « capital mort », est estimé à plus de 9000
milliards de dollars (bien plus donc que l’aide financière envoyée ces dernières décennies). Dans ces conditions, on empêche le droit de propriété de représenter le potentiel économique des
biens. La fongibilité des propriétés est ainsi restreinte ce qui se répercute sur la division du capital et du travail. Toute chance de progrès économique est dès lors sérieusement
diminuée.
La valeur des biens détenus par les habitants des pays « pauvres » est donc gigantesque, et pourtant est considérée comme « morte » puisqu’elle ne peut être
monétisée par la vente du bien. Un autre effet désastreux d’un système sans droits de propriété est l’impossibilité pour les propriétaires d’utiliser leurs droits comme garantie de prêt auprès
d’une institution financière (aux États-Unis, pas moins de 70% des emprunts pour financer des investissements sont rendus possible grâce aux titres de propriété en guise de garantie). L’accès
réduit au crédit restreint encore une fois la formation de capital, décourage l’investissement, et rend donc difficile toute croissance économique.
L’économie chinoise illustre bien l’importance des droits de propriété. Bien que la protection des droits de propriété soit restée faible au niveau fédéral, ce pays
encore communiste a enregistré une croissance variant entre 7 et 9 % ces deux dernières décennies. Ceci est dû principalement à la protection et le respect de ces droits au niveau régional ce qui
a favorisé l’investissement étranger.
Bien d’autres exemples encore démontrent la bienfaisance d’un système respectant les droits de propriété. Mais s’il y a en effet une corrélation positive entre la
protection des droits de propriété et le développement économique d’un pays, pourquoi un tel système n’est-il pas instauré partout ?
Il est important de rappeler à cet égard que chaque pays est fortement rattaché à sa culture, sa tradition, son histoire, et il est donc essentiel de prendre ces
éléments en compte lors de tout projet de réforme. Il y a, par exemple, à côté des droits formels de propriété, souvent une multitude de droits informels qui ne sont donc articulés dans aucun
texte de loi. Une politique de “one-size-fits-all” à travers laquelle les mêmes normes sont imposées de la même manière aux différentes nations, ne serait donc tout simplement pas efficace, ni
respectueuse.
Il existe principalement deux approches pour générer un environnement propice aux droits de propriété : une voie évolutionnaire avec des interventions
décentralisées et flexibles optant pour un changement graduel des institutions informelles, c’est-à-dire en influençant les habitudes des habitants d’un pays. Cette approche demande une
compréhension plus profonde du contexte historique, social et culturel de la région. L’autre est une voie législative avec des interventions plus centralisées et dédiées à obtenir un changement
radical au sein même des institutions formelles.
De nos jours, les économistes s’accordent à dire qu’une combinaison de deux approches est préférable, puisqu’un réel changement dans une société s’obtient d’une
part par des réformes de fond dans les institutions existantes, et d’autre part, par une politique culturelle qui demande la participation de tous les habitants d’un pays.
Alors que bien des pays d’Afrique et du Moyen-Orient connaissent actuellement un nouvel envol démocratique, nous ne pouvons qu’espérer que des décisions judicieuses
soient prises en matière de droits de propriété. Un état dans lequel ces derniers sont protégés et respectés présente non seulement un atout économique, mais répond également aux aspirations
profondes et naturelles de l’être humain pour son épanouissement et sa dignité.
Imre de Habsbourg-Lorraine, Fondation Atlas pour la recherche économique
Unmondelibre.org