Créé le 19 -09-2011 à 01 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le lundi 19 -09-2011 à 14h05 | AFRIQUE REDACTION PAR :CONGO NOUVEAU
Le désamour entre Joseph Kabila Kabange et la population de l’Est de la République Démocratique du Congo, singulièrement celle de l’ex-Kivu est un secret de
polichinelle en dépit de l’allégeance de quelques cupides chefs coutumiers au président sortant. Joseph Kabila a donc du souci à se faire surtout quand on sait qu’aux élections de 2006
c’est l’ex-Kivu qui lui aurait accordé sa confiance avec un score à la soviétique de plus de 90% sous prétexte que le successeur désigné à Laurent-Désiré Kabila
serait l’artisan de la paix au pays et dans la région.
A beau mentir qui vient de loin ! Et parce qu’on ne peut tromper tout le monde tout le temps, la population de l’ex-Kivu a fini par dire tout le mal qu’il pense de
Kabila qui s’apprête à solliciter son suffrage en novembre prochain.
De retour de Bukavu, chef- lieu de la province du Nord-Kivu, la semaine dernière, Modeste Bahati Lukwebo, kabiliste devant l’Eternel, a été reçu par Joseph Kabila
Kabange et a eu le courage de lui dire le désamour qu’éprouvent les populations de l’Est à son encontre. Et pour cause, la non visibilité de Cinq chantiers : pas d’eau, pas d’électricité, pas
d’emplois.... Il faut y ajouter l’absence des voies de communication qui relève encore du monde des idées.
L’autre reproche fait au Président sortant par les Kivutiens, c’est l’insécurité quotidienne entretenue par les autorités politiques et militaires de Kinshasa
accusés d’utiliser des Interhamwe pour faire fortune en exploitant les mines (or et coltan notamment).
Pour les populations du Kivu, la responsabilité de Joseph Kabila et de son Gouvernement est engagée parce qu’en ne payant pas les policiers et autres militaires.
Conséquence : ces derniers n’ont d’autre choix que d’investir des mines pour exploiter le coltan et l’or et y semer mort et désolation parmi la population. Les militaires qui ne vont pas dans les
mines s’illustrent pour leur part par des viols et autres pillages parce que leurs soldes sont détournés par des officiers supérieurs à partir de Kinshasa où l’impunité leur est
garantie.
Nomination des officiers décriés
L’autre cause du désamour entre Joseph Kabila et les Kivutiens, c’est la nomination des officiers du Conseil National pour le Développement du Peuple (CNDP) - le
parti créé par l’ancien chef rebelle Laurent Nkunda - à la tête de toutes les troupes à partir de Kalemie (au Katanga) jusqu’à Aru (en Province Orientale). Or, ces officiers sont considérés, non
sans raison, par la population comme des criminels.
Pour les populations du Kivu, la plupart des officiers du CNDP nommés par Kabila à la tête des troupes sont des citoyens rwandais. Et cela, les Kivutiens ne
l’acceptent pas du tout. Ce n’est pas tout.
L’eau potable manque à Bukavu où le niveau du Lac a baissé au point que la population boit l’eau du Lac dans lequel il est en plus obligé de se baigner. Le
correspondant de Congoone à Kinshasa qui revient de Bukavu s’en est rendu compte.
Pour toute réaction, Joseph Kabila déclare «Mais Marcellin Chissambo (NDRL gouverneur du Sud-Kivu) ne m ‘a rien dit de tout cela». Traduction le gouverneur du
Sud-Kivu me dit toujours que tout va bien. Que va faire Joseph Kabila? Que faire maintenant que Modeste Bahati Lukwebo a dit la vérité cachée? La première proposition faite au président Joseph
Kabila par Modeste Bahati lui-même est de sauver la face en commençant par déplacer les officiers du CNDP en les envoyant dans d’autres provinces. On parle, par exemple, des provinces de deux
Kasaï. Pour leur part, les récalcitrants devraient être sanctionnés.
Question : Joseph Kabila aura-t-il le courage de sévir contre ses anciens alliés Maï-Maï ? Le doute est permis quand on sait qu’un ancien milicien Maï-Maï, sieur
Zabuloni, nommé colonel par Joseph Kabila, refuse de quitter son poste de commandant de police à Masisi et de rejoindre sa nouvelle affectation à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, en
tant que commandant de la police d’assainissement et de calamités. Le fameux colonel Zabuloni et ses hommes préfèrent camper à Lushebwe, non loin de Masisi, où ils perçoivent, sans titre ni
droit, 50 dollars américains par véhicule.
La leçon à tirer des «confidences» de Modeste Bahati à Joseph Kabila est que le déficit de leadership est évident et que l’heure de l’alternance a sonné pour que la
République Démocratique du Congo soit enfin gouverné après quatorze longues années de pilotage à vue par la kabilie.
Raymond LUAULA
In www.congoone.net du 11 septembre 2011