Créé le 28 -09-2011 à 13 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mercredi 28 -09-2011 à 13h05 | AFRIQUE REDACTION PAR : L'OBSERVATEUR
A exactement deux mois des élections présidentielle et législatives nationales, les onze prétendants à la magistrature suprême et près de 20.000 candidats à la
députation nationale -eh oui, la RDC est un pays grand en tout- affûtent leurs armes, s'attellent aux derniers réglages. A bien voir la liste des candidats Président de la République, tous sont
Présidents fondateurs de leurs partis respectifs. Tous sauf -puisqu'il faut bien qu'il y ait des exceptions- les deux indépendants, Joseph Kabila Kabange et Adam Bombole Intole. Ce dernier aurait
pu constituer la seule véritable exception, n'eut été l'incroyable flou artistique, proche du mysticisme, qui règne au sein du Mouvement de Libération du Congo.
Ancien Président de l'Interfédérale Kinshasa du MLC, l'homme qui avait recueilli le plus de voix dans tout Kinshasa lors des législatives nationales de 2006 a perdu
ce poste pour justement s'être porté candidat à la présidentielle. Trois mois seulement plus tôt, le même Adam Bombole faisait corps avec ses amis, en particulier Thomas Luhaka et Jean-Lucien
Busa, pour vilipender François Mwamba Tshishimbi, alors Secrétaire général du parti, parce qu'il avait osé aborder la sacrosainte question, véritable crime de lèse-majesté au MLC, d'envisager
autrement la présentation de la candidature du parti à la prochaine présidentielle, étant donné qu'il était utopique de croire en un possible affranchissement de Jean-Pierre Bemba avant la fin de
cette année. M. Bombole n'est-il pas allé plus loin que Mwamba ? Que reprochait-on alors à ce dernier ?
Joseph Kabila, quant à lui, est indépendant par pure stratégie, décidé de se doter dès le départ de plusieurs batteries afin de carboniser ses adversaires. Mais le
PPRD, son parti, s'était battu, pendant plus de deux ans, afin d'en faire, pour 2011, son candidat. S'il les avait suivis, il n'aurait pas dérogé à la règle.
Il est vrai que dans ce pays il y a des partis qui sont, à juste titre d'ailleurs, qualifiés d'alimentaires, c'est-à-dire créés uniquement pour en tirer des
bénéfices pécuniaires, sans aucun idéal. C'est vrai que tout Congolais sain de corps et d'esprit a le droit de créer une association politique. Mais est-on vraiment obligé d'en créer une dès
qu'on se décide de s'engager dans la vie politique ? Est-il vraiment sérieux d'avoir plus de 450 partis politiques dans un pays, si grand et si peuplé soit-il ?
Il faudra radicalement évoluer dans la conception actuelle du parti politique en Afrique d'une manière générale. Car, outre de rares associations séculaires,
solidement structurées, comme l'African National Congress, ANC, en Afrique du Sud, les partis politiques en Afrique sont des boutiques appartenant au patron, fondateur. Ils sont créés dans le but
de servir d'abord ses intérêts à lui. Il est l'incontournable candidat du parti à la présidentielle et s'impose dans le choix des candidats du parti aux législatives.
Il n'est pas impossible de trouver, dans un parti, des cadres plus populaires et plus compétents que le fondateur. Leur candidature aurait plus de chance de faire
tâche d'huile que celle du président qui, parfois, n'est même pas connu dans la commune qu'il habite. Mais ils ne sont pas candidats, ces autres cadres-là, non pas parce qu'ils ne l'ont pas
voulu, mais parce qu'ils ne sont pas les fondateurs du parti.
Le fondateur peut conserver certaines prérogatives spéciales mais ne doit en aucun cas entraver la liberté d'expression. Le MLC a étonné tout le monde en continuant
à affirmer à qui voulait l'entendre, et cela jusqu'à la dernière minute, que son candidat à la magistrature suprême était Jean-Pierre Bemba. L'on a même raconté qu'il viendrait nuitamment
s'enrôler, comme une chauve-souris, avant de repartir à La Haye. L'opposition a bêtement perdu cinq ans sans avoir de porte-parole simplement parce que le chairman était indisponible. Il y a des
moments où il est difficile de croire qu'on est réellement sortis du parti-Etat.
L'ordre doit être dans la création des grands ensembles politiques ou la consolidation de ceux déjà existants, véritablement nationaux, impersonnels, à l'idéologie
clairement définie. Un maximum de cinq serait l'idéal, quand bien même il existerait des courants à l'intérieur de chacun d'eux. Mais peut-être que cela passera par l'effacement politique des
fondateurs, à condition que les partis en question leur survivent.
Jean-Claude Ntuala