Créé le 18-10-2011 à 10 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le MARDI 18-10-2011 à 11 h35 | AFRIQUE REDACTION PAR : LE PHARE
La prochaine audience fixée ce jeudi au Centre hospitalier Nganda ! Des larmes ont coulé des yeux de Roger Alfred Yaghi, hier lundi 17 octobre, lorsqu’il a pris la
parole à l’occasion de la première audience de son procès qui se tient à la Prison centrale de Makala. Homme d’affaire d’origine libanaise, arrêté et placé en résidence surveillée depuis le 18
avril 2011, l a solennellement déclaré au juge président du Tribunal de Grande Instance de la Gombe que cette affaire, est un «complot des gens véreux pour faire mains basses sur la Banque
Congolaise !». Arrivé à 11 heures sur le lieu du jugement dans une ambulance du Centre hospitalier Nganda solidement escortée par le directeur de la Prison lui-même, Roger Yaghi a comparu durant
toute l’audience assis sur une chaise roulante et assisté par ses médecins.
En effet, siégeant en matière répressive, le TGI/Gombe a débuté hier l’instruction de ce dossier qui met aux prises Roger Yaghi, président du Conseil
d’administration de la Banque Congolaise (BC) aux parties civiles composées du Ministère public, de la BC et de Kongolo Ngoy Urbain.
Invité par le tribunal à présenter le principal accusé, le Ministère public a renseigné que ce sexagénaire est marié à une Congolaise, Kalubi Tshimanga Florentine,
et est père d’un enfant. Selon l’accusation, son forfait est purement économique car il a été constaté, lors d’une mission d’audit initiée par la Banque Centrale Congolaise (BCC), un nombre
important de transferts d’argent à l’étranger aux mépris de la législation nationale en la matière. Tout en l’accusant par ailleurs de cumul des titres et fonctions, l’organe de la loi a appuyé
que Roger Yaghi s’est octroyé, par le canal des sociétés satellitaires, d’importants crédits pour son seul bénéfice.
D’où, les 8 griefs retenus contre lui, parmi lesquels des virements fictifs, faux en écriture, dissimulation d’argent, transferts illicites, abus de confiance et de
biens sociaux, détournements frauduleux, escroquerie, blanchiment des capitaux, etc.
Affrontement pour la liberté provisoire
D’entrée de jeu, le conseil de Roger Yaghi composé de Me Tunda Ya Kasende, Marie-André Mwila, Adombe et autres Kasali, a sollicité une mise en liberté provisoire de
leur client au principal motif de son état de santé. Afin d’examiner les mérites de cette requête, le président des céans a suspendu momentanément l’instruction du dossier sur le fond, puis a
demandé le souhait du « captif ». Très remonté, celui-ci a raconté le calvaire qu’il endure depuis sa prise en charge par le parquet il y a de cela 3 mois. «Sans preuve et avec des documents
inventés de toutes pièces, je suis arrêté de manière arbitraire.
C’est un complot pour faire mains basses sur la Banque congolaise. La vérité doit se savoir sans tout ça ! » a-t-il clamé les larmes aux yeux, avant de réclamer une
mise en liberté provisoire.
Quant à son avocat, il a fait observer au juge le manque de sérénité dans le chef du Ministère public durant l’enquête préjuridictionnelle lors qu’il dispose des
moyens énormes. Et pour preuve, appuie-t-il, son client a’ été enfermé pendant 3 mois dans l’illégalité par les services de sécurité dans une maison privée. Pour lui, l’Organe de la loi est allé
chercher des fautes ailleurs, alors que Roger Yaghi qui était président du conseil d’administration de la BC est soumis à une réglementation bancaire plutôt qu’au Code pénal. « L’Etat congolais
et plusieurs autorités du pays ont bénéficié d’une multitude des crédits qui ont mis la BC dans sa situation actuelle... » a-t-il conclu. Dans le même ordre d’idées, il a ajouté que ce dossier «
Yaghi » manque des indices sérieux de culpabilité, alors que le Ministère public change tous les temps de version. « La dernière fois, il a dit que seul le juge peut mettre en liberté provisoire
détenu car lui relève d l’Exécutif depuis la dernière révision constitutionnelle....»
A l’instar de son collègue, Me Mwila Kayembe a soutenu devant les juges que ce procès ne servirait plus à rien si une situation irréparable survenait à son client.
«Au regard de son âge et de son poids, le maintenir en détention, c’est le condamner à mort... », a-t-il lancé on faveur de l’opérateur économique « sociologiquement » congolais.
Reprenant le passage essentiel de Marie-André Mwila, un autre défenseur de Yaghi a prié le juge d’ordonner sa libération car il est sérieusement malade. « Il doit
rester en vie pour que la vérité éclate. Là où il est, il encourt le risque d’arrêt respiratoire, souligne-t-il, en s’appuyant sur les conclusions de 3 médecins. Somme toute, il a fait savoir que
le banquier est entre les mains de la justice par la volonté de certains dirigeants qui veulent le « suicider ». Encore en poste ou pas, accuse- t-il, ces gens entourent le président de la
République, prennent des hommes d’affaires en otage et cherchent à le faire mourir. S’appuyant enfin sur un rapport du parquet; l’avocat rapporte que le Procureur général lui-même y déclare que
la santé de l’infortuné Roger Yaghi est « sombre et mérite une attention ».
Faisant fi de tous ces arguments, l’Organe de la loi a d’emblée fait observer au juge l’origine obscure d’acquisition de ce rapport qui serait un document interne
du parquet. Aussi, il écarte toute idée d’une mort éventuelle du détenu car pris en charge par d’éminents médecins.
Rassurant par ailleurs l’assistance de la volonté de faire jouir à Roger Yaghi d’une justice équitable et correcte, l’accusateur a pris pour exemple la décision des
autorités de ne pas l’expulser afin de faire éclater la vérité. Quant aux concluions des médecins, il s’est demandé d’où viennent ces « spécialistes » et proposent une contre-expertise. En
définitive, il a émis l’avis de voir le juge ne pas accorder une quelconque liberté, provisoire soit-elle, à Roger Yaghi, surtout à cause de ses crimes économiques, faits plus graves que les «
kuluna ».
Toutes les parties ayant développé leurs arguments, le juge a pris l’affaire en délibéré et renvoyé la cause à jeudi 20 octobre prochain. Cependant, compte tenu de
l’état de santé du prévenu, le magistrat a souligné que l’audience se tiendra au Centre Hospitalier Nganda.
Tshieke Bukasa