Créé le 23-10-2011 à 10 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le dimanche 23-10-2011 à 11 h35 | AFRIQUE REDACTION PAR : SYFIAGRANDSLACS
Pratiquement, seul l'avion ravitaille Kindu, la capitale provinciale du Maniema, au centre de la RD Congo. Le train y arrive rarement ; les routes sont
inutilisables et aucun bateau ne vient par le fleuve. Tous les produits y sont vendus jusqu'à cinq fois plus cher qu'ailleurs ! "Les opérateurs économiques de Kindu s’approvisionnent à 80 % par
voie aérienne", estime Paul Wembolenga, directeur provincial de la Fédération des entreprises du Congo (FEC Maniema). Situé au centre de la RD Congo, le chef lieu de cette province, se trouve à
340 km à l’ouest de Bukavu et 540 km au sud-ouest de Goma. Cela dure depuis 1996, date à laquelle les derniers ponts routiers se sont effondrés.
Actuellement, l'avion-cargo de Service Air, en provenance de Kinshasa ou de Goma, atterrit trois fois par semaine… s'il a suffisamment de fret, sinon il ne
vient pas. Un seul train de la Société nationale des chemins de fer du Congo arrive une fois tous les deux ou trois mois. Il n'a que cinq wagons qui n’atteignent pas tous Kindu, car la locomotive
n’est pas assez puissante pour les tracter jusqu’au terminus. Une fois par semaine, quelques pirogues motorisées apportent également des provisions en provenance de certains territoires du
Maniema.
C’est ainsi qu'est ravitaillé le chef lieu de cette province, fort de plus de 250 000 habitants. Les produits de première nécessité y sont donc rares et
chers. "Un demi-litre d’eau pure revient à 2 500 Fc (2,77 $) contre 500 Fc à Bukavu (0,55 $), une boisson sucrée à 1 500 Fc (1,66 $) et un litre de mazout à 2 500 Fc", explique Feza Kikuni, une
ménagère. Une simple course en taxi-moto coûte 500 Fc.
Ponts détruits, pirogues coulées
La population, qui a de faibles revenus, se nourrit donc mal et accède difficilement aux soins et à l’éducation primaire. Pour les commerçants, c'est un vrai
casse-tête. "J’ai commencé mon commerce en me rendant à Lubumbashi où j’avais acheté de la marchandise qui m’a été livrée à Kindu par train… deux mois plus tard !", se rappelle amèrement Albert
Kikuni, vendeur d’articles divers au marché central de Kindu. "Après la vente, poursuit-il, je n’ai même pas récupéré ce que j'avais payé. Vous comprendrez que je préfère désormais la voie
aérienne qui me permet d’avoir ma marchandise trois ou quatre jours après l’achat."
Kinshasa et Goma, desservies par avion, sont les seules villes où les commerçants peuvent s'approvisionner. "Nous prenons 23 à 24 tonnes par vol. Le nombre de
rotations dépend de la demande des clients, les propriétaires des agences de fret", confie Michel Kalema, chef de dépôt de la compagnie Service Air à Kindu. Mais les prix diffèrent selon la
catégorie de clients qui demandent le service", poursuit-il. L'avion-cargo de Service Air apporte à Kindu des produits manufacturés, des appareils électroménagers, des vêtements, des matelas, de
l’eau en bouteille, etc. Il y décharge aussi des sacs de haricots, des oignons, de l’huile végétale, des pommes de terre, des cartons de poissons "Thomson", des cuisses de poulet et divers
légumes.
Les produits agricoles de la région ne peuvent en effet pas être acheminés au chef lieu de la province, car les ponts sur les routes du Maniema on été
détruits et en saison des pluies, le peu de propriétaires de camions qui osent tenter l’aventure, le regrettent rapidement... Quant aux pirogues et aux baleinières, elles coulent parfois avec
leurs marchandises.
C’était le bon temps…
Les agences de fret jouent le rôle d’intermédiaires entre les commerçants et la compagnie d’aviation, ce qui engage d’autres frais que le commerçant répercute
sur le prix de vente de sa marchandise. À l’agence de voyage Union pour le développement du Maniema (Udema), le tarif du transport pour un kilo de marchandise est de 2 $. "Ce prix est fixé sur la
base de celui de la compagnie Service Air et des différentes taxes payées", explique le coordonnateur d’Udema, Kaozi Mwananyembo. "Dans la fixation des prix, le commerçant prend en compte tous
ces facteurs", explique le directeur de la FEC Maniema.
Les vieux de la ville racontent que la vie n’a pas toujours été ainsi à Kindu. "Autrefois grenier du pays, le Maniema était relié au Katanga par voie
ferroviaire et le train était régulier. Grâce aux routes, on se rendait à Bukavu et à Mbuji-Mayi sans difficulté", rappelle Adolphe Myoma, un sexagénaire. "Par le fleuve, ajoute-t-il, nous
atteignions la Province Orientale en passant par Ubundu pour arriver à Kisangani." L’approvisionnement de Kindu était alors facile, le coût de la vie identique à celui des provinces voisines et
les marchandises abondantes sur le marché… C'était le bon temps…
Micheline Buwa