Créé le 26-10-2011 à 05 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mercredi 26-10-2011 à 12 h55 | AFRIQUE REDACTION PAR : LES DESPECHES DE BRAZZAVILLE
Depuis deux mois, l'avocat de l'assureur de la compagnie aérienne a enclenché des rencontres individuelles avec les victimes à travers leurs représentants sans
réellement aboutir à des avancées. Les Dépêches de Brazzaville ont joint ce 24 octobre l'une des victimes, brûlée au troisième degré dont l'état exige encore des traitements coûteux. Elle a
indiqué qu'au cours des contacts, leurs avocats ont recommandé à leur collègue représentant l'assureur d'Hewa Bora, basé à Londres, de prendre en charge les frais d'hospitalisation des survivants
et les frais funéraires des morts. « Les discussions ont achoppé. Nos représentants ont exigé le déblocage de 25 000 dollars américains par victime. Mais l'avocat de l'assureur a limité le
plafond à 5 000 dollars américains », a-t-il expliqué, sous couvert de l'anonymat. Une proposition immédiatement rejetée par les victimes au point de provoquer un dialogue de sourds
Après cet échec, les discussions n'ont plus repris et aucun dollar américain n'a été débloqué à ce jour sur les 84 000 d'indemnisations des victimes annoncés par la
société au lendemain de l'accident de son Boeing 727.
Pour rappel, le crash sanglant de l'aéronef qui a coûté la vie à près de 90 personnes est survenu le 8 juillet dernier vers 15 heures, à l'atterrissage sur
Kisangani, suite à un très mauvais temps, selon le communiqué d'Hewa Bora.
Longue attente
Entre-temps, la situation des survivants est inquiétante, surtout ceux qui n'ont pas les moyens nécessaires pour bénéficier des soins appropriés à l'étranger. «
Nous étions exactement 27 survivants après le crash. Après, trois sont morts à Kisangani même et quatre ont succombé à leurs blessures à Kinshasa. Aujourd'hui, nous sommes à vingt », a poursuivi
notre source. Pourtant, le dossier paraissait bien évoluer, du moins dans un premier temps. « L'avocat de l'assureur avait en son temps exigé aux survivants et aux proches de ceux qui ont péri de
transmettre les rapports médicaux et les pièces d'identité. Les premières réunions ont commencé à avoir lieu au Centre Béthanie, juste à côté de l'Institut supérieur de pédagogie de Gombe.
Aujourd'hui, nous nous inquiétons du silence total », a-t-il expliqué.
Afin de mieux défendre leurs droits, les victimes ont mis sur pied une association pour le suivi de toutes les démarches. Les miraculeux du crash s'en tiennent aux
84 000 dollars américains d'indemnisations. « Nous sommes inquiets de l'absence du patron d'Hewa Bora de la RDC », ont-ils laissé entendre. Cette compagnie aérienne a demandé de reprendre son
exploitation mais elle s'est butée au refus du gouvernement qui a maintenu la suspension de sa licence.
Laurent Essolomwa
Récit d'un rescapé
Le 8 juillet, nous avons pris l'avion normalement depuis Kinshasa. À 25 minutes de l'atterrissage à l'aéroport de Bangoka, à Kisangani, j'ai commencé à sentir des
secousses de plus en plus fortes. Puis, il y a eu des signes d'affolement au niveau de la cabine des pilotes. J'ai compris à ce moment qu'il y avait un problème. Après l'accident, nous avons su
que le pilote avait perdu tout contact avec la tour de contrôle. Nous avons quitté Kinshasa la journée mais il faisait curieusement très noir. Le pilote traversait difficilement les nuages sous
un orage fort. Puis, il y a eu un bruit assourdissant, nous perdions de l'attitude et l'avion ne se stabilisait toujours pas. Tout est allé très vite. Les moteurs ont baissé de régime avant de
reprendre mais c'était trop tard. Il y a eu un choc terrible qui a tué déjà certains passagers. Puis nous nous sommes retrouvés sous les flammes, des morts autour de nous. J'ai pu m'échapper par
un passage créé après que les arbres ont arraché une aile de l'avion lors de la collision. J'ai connu des brûlures importantes dans toutes les parties du corps avant de bénéficier des premiers
soins de la Monusco et des secouristes. Je n'ai pas encore retrouvé l'usage de mes mains. Mais à côté des corps inertes qui explosaient sous l'effet des flammes, je me dis que j'avais une chance
inouïe.