La pose récente de la première pierre marque le début des travaux de la construction de la centrale hydroélectrique après une tentative infructueuse de lancer le projet dans les années 1980. L'ambition remonte en réalité encore plus loin, sous la colonisation. En effet, dans les années 1956, le colon avait initié un projet de construction d'un barrage pour desservir les deux Kasaï (Oriental et Occidental) en énergie électrique. Il s'agissait d'un moyen intéressant pour contourner le problème du coût trop exorbitant du soutirage du courant électrique sur la ligne Inga-Shaba.

En 2010, le projet a commencé à prendre de nouveau une certaine ampleur avec la reprise des pourparlers. Le président de la République, Joseph Kabila, reprend langue avec les partenaires et finit par conclure un marché avec l'entreprise indienne Exim Bank (une banque indienne d'import-export). L'entreprise a contribué à hauteur de 60%, soit 168 millions de dollars américains, contre une participation de 40% du gouvernement congolais, soit 112 millions de dollars américains.

Selon les détails techniques recueillis en marge du démarrage des travaux, la centrale devra avoir une capacité de 64 MW. Les provinces bénéficiaires sont les deux Kasaï. L'approche retenue pour l'exécution des travaux est la forte utilisation de main d'œuvre locale par l'entrepreneur indien.

Améliorer la desserte

La province du Kasaï Occidental est appelée à mieux profiter de la desserte actuellement très faible. À ce jour, la Société nationale d'électricité (Snel) dispose de deux centrales thermiques dont l'une est en panne. La centrale encore opérationnelle est désuète et fonctionne difficilement faute de carburant. Elle n'arrive qu'à desservir 400 abonnés pour une population estimée à plus d'un million d'habitants. Pour le gouverneur Hubert Kabasubabu, il faut louer les efforts du président Joseph Kabila car il a gagné le pari d'apporter l'électricité à la population kasaïenne restée longtemps dans le noir.

Au plan local, les habitants ont décidé de se mobiliser depuis les années 1990 pour des solutions durables aux problèmes de l'électricité. Ils ont mis sur pied une association dénommée Conférence pour le développement économique et sociale du Kasaï occidental (Codesko) dont la mission était de contribuer à l'électrification de la province. Les fonds de la Codesko provenaient des cotisations mais en dépit de cette mobilisation, l'on est passé de l'espoir au désespoir devant la persistance de la situation alarmante de la fourniture du courant électrique.

Pour certains membres de la Codesko, l'aboutissement du projet par la construction du barrage ne peut éluder les efforts antérieurs. Aussi ont-ils recommandé des parts dans les actions de la Snel. Le débat est ouvert et ne fait que commencer. En effet, pour eux, il n'est pas évident que l'on se souvienne de leurs efforts « une fois le soleil revenu dans les ténèbres kasaïens ».

Laurent Essolomwa

Photo 1 : Joseph Kabila, Gilbert Tshiongo (à gauche) et Hubert Kabasubabu (à droite) devant la maquette du projet du barrage de Katende