Créé le 08-11-2011 à 10 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mardi 08-11-2011 à 16H20 | AFRIQUEREDACTION PAR :LE CLIMAT TEMPERE
Le chiffre est tombé la semaine dernière : Selon le Programme de l’Onu pour le développement (Pnud), l’indice de développement humain (IDH) fondé sur l’espérance de
vie, le niveau d’éducation et le niveau de vie des pays étudiés classe la RDC au dernier rang de ceux-ci, le 187ème. Ce classement avait été précédé, il y a un an, par celui de l’institut
international de recherche sur les politiques alimentaires, à Washington, dont «l’indice de la faim dans le monde» classait en 2010 le Congo comme le pays le plus mal loti. Et par une étude sur
le poids publiée en février 2011 dans la revue médicale « The Lancet», qui classait les hommes congolais comme ayant le plus bas niveau moyen de masse corporelle: 19,9 (contre 26,8 en Belgique;
l’obésité commence à 30).
Depuis l’élection de Joseph Kabila à la Présidence, il y a cinq ans, la croissance économique moyenne a été de 5,7%, mais l’indice de pauvreté est passé, dans le
même temps, de 71% à 70% selon les chiffres officiels congolais — soit une croissance sans réduction de la pauvreté.
Des «cinq chantiers» (emploi, santé/éducation, eau/électricité, logement et infrastructures) annoncés comme le programme électoral du candidat Joseph Kabila en
2006, seul le dernier a vu un commencement de mise en oeuvre, les travaux pour la réfection des routes ayant commencé sérieusement à mi- mandat. Dans les autres secteurs, la situation a stagné -
voire s’est aggravée.
Hausse des prix et pénurie de courant et d’eau dans des endroits qui en étaient jusqu’alors pourvus ont créé de la tension, ces derniers mois, alors que le pays
doit faire face, depuis un an, à une multiplication d’épidémies (polio, rougeole, choiera) en raison de la dégradation des conditions d’hygiène et de la santé publique. Le commerce informel
croît, parce qu’il assure la survie de plus en plus de gens.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Joseph Kabila, il y a dix ans (il a succédé à son père assassiné lors d’un étrange ballet dynastique, non prévu en république), il a
été mis fin à la guerre - mais pas à l’insécurité, due à l’armée congolaise et à la persistance de milices à l’est du pays - et la circulation des biens et personnes s’est grandement améliorée.
Mais la corruption reste omniprésente à tous les niveaux, malgré une campagne officielle « Tolérance zéro», tandis que les «tracasseries» (rançonnement des civils et entreprises par les agents de
l’Etat) s’accroissent à chaque chute du niveau de vie, les fonctionnaires étant sous-payés.
Le mécontentement face au peu de réalisations de son premier mandat est si grand que le régime est sur la défensive pour les présidentielles et législatives du 28
novembre, tandis que l’opposition croit le fruit prêt à tomber, alors que ses divisions gardent toutes ses chances au Président sortant.
Frustrations énormes, appétits voraces, folle incertitude du lendemain : autant de raisons pour que les tensions soient particulièrement fortes. Majorité
présidentielle comme opposition craignent que leur adversaire ait recours à la violence en cas de défaite électorale et chacun prête à l’autre des projets de «scénario à l’ivoirienne». De quoi
accroître l’inquiétude dans un pays où tant d’armes circulent encore.
Marie-France Cros/LCT