Créé le 16-11-2011 à 00 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mercredi 16-11-2011 à 12H30| AFRIQUEREDACTION PAR : CONGOINDEPENDANT
Accusés collectivement, à tort ou à raison, de se livrer à la prévarication, les magistrats congolais se mettent en vedette en rechignant à rejoindre leurs postes
d’affectation dans l’arrière-pays.
Dans un entretien à l’Agence congolaise de presse, le secrétaire permanent du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Jean Ubulu Mpungu, a lancé, lundi 7
novembre à Kinshasa, un appel qu’on pourrait qualifier de pathétique. Les destinataires de cet appel ne sont autres que les magistrats recrutés l’année dernière.
Il est demandé ni plus ni moins à ces «hommes de la loi» que de «faire preuve de patriotisme en acceptant d’œuvrer dans l’arrière-pays afin de résoudre, tant soit
peu, le problème de pléthore dans les parquets et tribunaux des grands centres urbains.» Assumer ses fonctions relève-t-il désormais d’acte patriotique au Congo démocratique?
Décidé à faire feu de tout bois, le secrétaire permanent du «CSM» est allé jusqu’à implorer l’aide des proches en exhortant «les parents de ces jeunes juristes
vivant à Kinshasa à le relayer, au lieu de soutenir mordicus que leurs enfants travaillent, pour des raisons inavouées, essentiellement dans la capitale.»
Question : Pourquoi donc ces jeunes magistrats renâclent-ils de rejoindre leurs lieux d’affectation ? Le secrétaire permanent du CSM semble y répondre lorsqu’il dit
aux destinataires de son message «que le chef de l’Etat, qui a toujours manifesté la volonté de rapprocher le justiciable du justicier, est déterminé à améliorer les conditions de vie et de
travail du personnel évoluant dans ce secteur très important pour le développement du pays.» C’est ça l’épicentre du problème.
Les Congolais, juristes ou pas, ont pris la fâcheuse habitude de recourir au président de la République pour résoudre tout et n’importe quoi. Et ce compris des
questions qui relèvent de la stricte compétence du gouvernement. L’alinéa 2 de l’article 91 de la Constitution est pourtant clair : «Le gouvernement conduit la politique de la Nation. La défense,
la sécurité et les affaires étrangères sont des domaines de collaboration» entre le Président de la République et le Gouvernement.»
En juillet 2010, le même secrétaire permanent du "CSM" déclarait à la presse que «dans certaines provinces, nous rencontrons un sérieux problème pour le logement
des magistrats.» Il ajoutait : «il est vraiment mal aisé qu’un magistrat, qui arrive dans un lieu, soit encore obligé de louer ou tout simplement confronté au manque de logis pour sa famille
avant d’ajouter qu’il y a des juridictions qui fonctionnent sous les hangars.» Une année après, le chef de l’Etat et le gouvernement tardent à manifester leur «détermination», selon la formule
consacrée, à résoudre ce problème existentiel. Pas de justice, c’est le retour à la loi de la jungle.
Gouverner, c’est prévoir. Le ministre de la Justice est responsable de son département. Au niveau national, c’est à lui qu’incombe notamment la charge de recruter
des magistrats. Ce ministère s’est-il précipité, par démagogie, à gonfler les effectifs de la magistrature sans avoir au préalable mis en place des infrastructures nécessaires pour
l’accueil?
Serait-il, dès lors, excessif de conclure que la Justice congolaise est malade de l’irresponsabilité?
Baudouin Amba Wetshi
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