Créé le 28-11-2011 à 01h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |   ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le lundi  28-11-2011 09H 10| AFRIQUEREDACTION :LE JDD

Les Congolais doivent se rendre lundi aux urnes pour élire leur président et leurs députés. Un scrutin à risques dans un pays qui peine à se relever de longues années de guerre.
Aucun pan de mur n'a été épargné par la fièvre électorale. Dans les rues de Goma, capitale du Nord-Kivu, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), les

affiches des candidats aux élections présidentielles et législatives prévues ce lundi s'entremêlent, voire se chevauchent. Ils sont 11 à viser le fauteuil présidentiel, et pas moins de 18.000 à se présenter pour les 500 sièges de l'Assemblée nationale. La fonction fait rêver : un député gagne 4.500 euros par mois alors que le salaire moyen d'un fonctionnaire n'atteint pas les 50 euros.

Parmi les centaines de posters, impossible de rater le visage du président Joseph Kabila, qui brigue un second mandat. En 2006, lors des premières élections démocratiques organisées dans le pays, le chef de l'Etat avait récolté plus de 90% du total de ses voix dans les provinces orientales du pays. Mais les Kivu, meurtris par la guerre, sont des bastions fragiles.

Sur un des axes principaux de la ville, des ouvriers dirigés par des contremaîtres chinois s'affairent pour achever l'asphaltage. Les militants du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) se félicitent de l'avancée des travaux dans le cadre des " cinq chantiers " - éducation, santé, infrastructures, accès à l'eau et électricité, création d'emplois- promis par le président sortant. Ses opposants ont donné un surnom ironique à la voie rénovée: " la route de la dernière minute ".
Risque de contestation et de violences

Partout ailleurs, à Goma, le bitume se fait rare. La route qui mène à l'aéroport est parsemée d'ornières, rendues boueuses par les dernières pluies. Faute d'ouvriers municipaux, des volontaires armés de pelles rebouchent les trous en échange de quelques centaines de francs congolais que veulent bien leur donner les automobilistes.

Comme dans tout le pays, le chômage persiste, ainsi que le manque d'accès aux services de base et à l'éducation. L'ONU vient ainsi de placer la RDC en dernière position d'un classement basé sur l'indice de développement humain.

Le président avait aussi promis de ramener la stabilité dans le pays. La situation sécuritaire s'est améliorée, particulièrement depuis la signature d'un accord de paix avec le Rwanda voisin en 2009. Mais avec plus d'un million et demi de déplacés et une insécurité chronique dans certaines zones reculées, le contrat est loin d'être rempli.

C'est sur ces échecs que s'appuie l'adversaire principal du président Kabila, Etienne Tshisekedi. Infatigable opposant, il a fondé son parti, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), en 1982, sous le régime de Mobutu Sese Seko. Aujourd'hui âgé de 79 ans, il affirme qu'il peut changer les choses.

Mais le scrutin congolais arrive dans un climat sous tension. Intimidations, meurtres, arrestations arbitraires, fermeture de radios d'opposition ont émaillé la campagne électorale. Et quelle que soit l'issue du vote, des doutes sur sa régularité risquent de persister. L'UDPS a déjà accusé la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de préparer un " trucage massif " des élections. Un résultat contesté pourrait entraîner le pays dans la violence.

Patricia Huon (correspondance à Goma) - Le Journal du Dimanche