Créé le 30 -11-2011 à 03h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mercredi 30-11-2011 10H 40| AFRIQUEREDACTION : LE POTENTIEL
L’informatisation de la douane au poste de Kasumbalesa, au Katanga, à la frontière avec la Zambie, a permis de multiplier par 30 les recettes de l’Etat.
Importateurs et exportateurs y perdent aussi moins de temps. Ceux d'entre eux et les douaniers qui profitaient de l'ancien système pour frauder sont les seuls mécontents…
Le soleil est de plomb ce samedi du mois d’octobre à Whisky, un village proche de la cité congolaise de Kasumbalesa. Des vendeurs d’eau et de boissons glacées
passent et repassent parmi des centaines de passagers des camions remorques géants qui attendent ici, en files interminables, leurs visas pour traverser la frontière avec la Zambie. On n’en
compte pas moins de 100 chaque jour côté congolais. Beaucoup de monde qui passait jusque-là un temps fou à ce poste douanier, le plus important de la RD Congo, avant ceux de Matadi (Bas-Congo) et
de Kasindi (Nord-Kivu). Mais depuis un peu plus de deux ans, les opérations de dédouanement des marchandises s'y sont sensiblement améliorées, grâce à l’installation d’un guichet unique
informatisé. "Dans le temps, la douane nous prenait une à deux semaines à cause de la lourdeur des opérations qui étaient manuelles, et aussi à cause des manœuvres des douaniers", raconte un
chauffeur zambien, qui a obtenu son bulletin de liquidation moins de 48h après le dépôt de sa déclaration douanière. Ce bulletin reprend le montant des taxes que l’importateur doit payer à la
banque, pour entrer en possession de sa marchandise.
Minimiser les fraudes
Les marchandises qui entrent en RD Congo par cette frontière viennent d’Asie, d'Afrique australe ou d'Afrique de l’Est. Et le pays exporte essentiellement des
minerais : cuivre, cobalt… Au guichet unique, c’est un nouveau logiciel du système douanier appelé Sydonia + +, qui analyse et vérifie la quantité et la nature des marchandises à l’import-export.
Ce logiciel permet aux différents services douaniers de communiquer en interne par messagerie électronique. "A partir des données comme l’identité du porteur, la nature de la marchandise, sa
quantité… que d’autres services me transmettent, je fais la taxation en me référant aux tarifs des droits et taxes à l’import-export, dont la version électronique est sur ma machine", explique un
agent taxateur, bien calé devant son ordinateur.
Développé par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Sydonia + + ou Sydonia web a été conçu pour améliorer les recettes
publiques et renforcer l’activité économique. A Kasumbalesa, il a permis de minimiser les pratiques de minoration des taxes qui étaient monnaie courante entre douaniers, déclarants et opérateurs
économiques et qui faisaient perdre au profit des individus, d’énormes sommes d’argent au Trésor public. Les recettes ont ainsi explosé à ce poste : "De l’ordre de 1,2 millions de dollars
américains par mois avant l’informatisation, elles ont atteint à ce jour 32 millions", affirme Xavérine Karomba, vice-ministre provinciale du Commerce. Un grand motif de satisfaction pour les
autorités, qui prend au piège les habitués de la fraude douanière et tous ceux des services frontaliers qui s’en mettent souvent plein les poches. "Ceux qui déclaraient autrefois la farine en
lieu et place du ciment ont eu des maux de ventre…", déclare avec un brin d’humour Joseph Smet, lui-même opérateur économique du Katanga.
Des importateurs mécontents
Dans les services de la Direction générale des douanes et accises (DGDA), à Kasumbalesa, les agents qui avaient pris goût à l’ancien système, avec une
administration lourde et très attachée à de la paperasse, reconnaissent les avantages de l’informatisation de la douane. Ce qui n’empêche pas certains parmi eux de s’arracher les cheveux : "Les
recettes que nous générons sont importantes mais elles sont versées directement dans le compte du pouvoir central (Kinshasa, Ndlr), qui ne se préoccupe pas des conditions dans lesquelles nous
vivons", maugrée l’un d’eux.
Certains opérateurs économiques avouent qu’avant, ils étaient "à l’aise" mais que "cette histoire d’informatisation est venue tout compliquer." Un membre de la
Fédération des entreprises du Congo (FEC/Katanga) estime que le nouveau système les désavantage : "Nous qui importons sommes fatigués, car il y en a qui paient le double de ce qu’ils payaient
avant.". Mais à la DGDA, où les chiffres en augmentation des recettes sont un acquis positif, on déclare ne s’en tenir qu’aux lois de 2008, qui fixent les tarifs des droits et taxes douaniers à
l’import-export.