Créé l10-12-2011 20h19 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le samedi 10-12-2011 20H50 AFRIQUEREDACTION : ARTV
Des violences postélectorales ont fait au moins quatre morts à Kinshasa où la situation reste tendue après la réélection contestée de Joseph Kabila et les menaces du pouvoir contre l'opposant Etienne Tshisekedi qui s'est autoproclamé président.
Trois "pillards" ont été tués et une femme a été mortellement blessée par une balle perdue lors d'un pillage, entre vendredi soir et samedi midi, selon un bilan provisoire communiqué à la presse par le chef de la police congolaise, le général Charles Bisengimana.
Ces incidents ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi après la proclamation des résultats de la présidentielle par la Commission électorale (Céni), qui ont donné Joseph Kabila vainqueur avec 48,95% des voix face à Etienne Tshisekedi (32,33%).
Selon Radio Okapi - parrainée par la mission de l'ONU - six personnes ont été tuées à Kinshasa, où la grande majorité de la population vit dans une grande pauvreté et où des détonations sporadiques ont été entendues à la mi-journée.
"Globalement, les gens auxquels nous avons eu à faire face étaient des pillards et des voleurs" et pas liés "à des manifestations politiques", a affirmé le général Bisengimana, qui a évoqué des "arrestations" sans toutefois en préciser le nombre.
Alors que le décompte précis des victimes de violences postélectorales s'annonce difficile, le porte-parole du gouvernement a d'ores et déjà mis en garde l'opposant Etienne Tshisekedi.
"Nous devons dénoncer fermement l'autoproclamation (comme président élu) par M. Etienne Tshisekedi (...) Il s'agit d'un acte irresponsable qui viole les lois de la République", a déclaré à la presse le porte-parole, Lambert Mende.
C'est "une infraction à la loi, une atteinte à la Constitution" que "le procureur général de la République a autorité" de poursuivre en justice, a-t-il ajouté.
"La protection des citoyens et des expatriés sur le sol congolais est un motif suffisant pour le gouvernement de restriction des libertés de quiconque oserait planifier ou soutenir la planification des actes qui portent atteinte à l'ordre public et à la sécurité", a-t-il prévenu.
Selon le général Rwandais Charles Bisengimana, la "situation est totalement sous contrôle, la tension a baissé". Ce qui n'est
pas du tout le cas au vu de la situation.
Depuis vendredi, "Kin" est quadrillée par la police, des militaires et des éléments de la garde républicaine lourdement armés, prés à faire usage sans sommation de leurs armes de guerre devant une population désarmée.
Quasiment aucun taxi ou véhicule n'a circulé samedi, les stations-service sont restées fermées comme de nombreux magasins à Kinshasa où des habitants ont accusé des policiers de vol.
Dans le quartier de Limete (Est), où Etienne Tshisekedi a son QG, un témoin a affirmé à l'AFP que des "combattants" (militants) de son parti, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), étaient armés de Kalachnikov.
Un policier a été tué jeudi dans cette zone "par des militants armés", a affirmé le général Bisengimana. Une information peu crédible compte de tenu d'une grande confusion qui règne dans la capitale, aussi pour justifier leur massacre.
C'est depuis ce quartier populaire que le vieil opposant de 78 ans s'est autoproclamé "président élu" vendredi soir. En rejetant "en bloc" le résultat de la Céni, il a donné son propre score: 54% des voix contre 26% à Joseph Kabila.
Il a exhorté les Congolais "à rester soudés" derrière lui "pour faire face aux évènements qui vont suivre", mais a toutefois appelé la population à "rester calme et sereine".
La communauté internationale a appelé à l'apaisement, invitant les acteurs politiques à utiliser "les moyens légaux" s'ils veulent contester le résultats. Les 11 candidats en lice ont jusqu'à mardi pour le faire.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a ainsi demandé "que tous les différends (sur le résultat de la présidentielle) soient résolus pacifiquement" via les mécanismes légaux".
Depuis vendredi, la Cour suprême de justice (CSJ) a pris le relais de la Céni et proclamera officiellement le vainqueur le 17 décembre.
Etienne Tshisekedi a exclu d'emblée tout recours à cette "institution privée de M. Kabila".
La CSJ a déjà fait l'objet de critiques. Fin novembre les missions de l'Union Européenne et du Centre Carter ont dénoncé son "manque de transparence" en matière de contentieux électoraux. Jusqu'au 28 octobre, la Cour suprême comptait sept magistrats, mais le président Kabila en a nommé de nouveaux pour arriver à un total de 27.