Créé l 11-12-2011 15h30 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le dimanche 11-12-2011 15H30 AFRIQUEREDACTION : ARTV
« Le courage est la vertu de l’endurance dans l’impossible »
Les apparences sont souvent trompeuses. Après la dernière mascarade électorale du 28, 29 et 30 novembre 2011,
elles tendent à convaincre plusieurs d’entre nous que l’imposture va s’imposer par-delà le consensus populaire. D'où le découragement
dans certains lieux de lutte et la tendance au fatalisme.
Pourtant, avec un peu de lucidité, il y a lieu d’avoir une autre lecture de notre histoire telle qu’elle est en train de s’écrire
(aujourd’hui). Un grand nombre de nos jeunes (et leurs aînés avertis) est en train de comprendre les enjeux géostratégiques et géopolitiques de la guerre de prédation sévissant
dans notre pays depuis 1996. Dieu merci ! A travers leurs manifestations, nos jeunes réussissent à indiquer tous les acteurs (ou presque) rentrant dans le réseau transnational de prédation
opérant dans notre pays. En français et/ou en lingala, ils résument, en quelques mots, ces enjeux et identifient clairement les acteurs majeurs et les marionnettes dont ils se servent pour mettre
notre pays à genou.
Au fur et à mesure que les dégâts causés par cette guerre prennent des proportions inqualifiables, nos jeunes (et nos moins jeunes)
avancent dans l’identification de différents acteurs de notre misère anthropologique. Il y a là un pas de géant qu’ils viennent d’effectuer. Le fait qu’ils chantent ce travail historique qu’ils
sont en train de mener aide à sa mémorisation. Les vidéos de leurs manifestations en portent les marques indélébiles. A travers ses marches, ses chansons et ses vidéos, notre jeunesse (et ses
aînés avertis) crée une mémoire vivante et entreprend une réécriture de l’histoire de notre pays à travers les différents coins du monde, à commencer par le Congo. A Furu ou à
Katwa, à Masina ou à Kimbanseke, à Londres, à Paris, à Bruxelles, à Washington, à Rome, à Vienne, à Stockholm ou à Berne, etc., elle se bat de toutes ses forces et exerce sa
vigilance pour qu’advienne un autre Congo.
Quand, à travers ses marches et ses chansons le Congo debout (en dehors du pays) veut dire son consensus autour de son désir de voir naître un autre
Congo, il recourt à deux langues : le lingala et le français. Ces deux langues sont devenues les principaux véhicules des messages consensuels des Congolais(es) debout et trahissent
leur souci de dépasser les clivages ethnicistes inventés et entretenus par le réseau transnational de prédation pour le triomphe de sa politique de « diviser pour
régner ». Dieu merci ! Cette politique est en train d’échouer et lamentablement.
Les NTIC aidant, les Congolais(es) debout ont forcé, après la dernière mascarade électorale, une entente entre toutes les forces politiques du pays
soucieuses du changement. Dans cette recherche patiente de l’unité, un nom ayant une valeur symbolique de la constance dans la lutte pour la liberté et le changement, Monsieur
Etienne Tshisekedi, booste les énergies. (La valeur symbolique de la constance dans la lutte (mains nues) n’est pas à confondre avec du
fanatisme partisan ou ethniciste.)
C’est peut-être Colette Braeckman qui arrive à traduire cela dans un texte où elle soutient que « Ya Tshitshi a fait mouche » et qui est
intitulé « Le vote sanction ». Elle écrit : « L’opposant historique a su catalyser la colère des sans voix, des sans travail, des sans
pain, des sans école ; il a bénéficié d’un vote-sanction, dont la sévérité doit faire réfléchir tous ceux qui aspirent à garder ou à prendre le pouvoir. » (Cette approche est différente
de celle de la radio onusienne reconduisant les résultats frauduleux de la CENI et regroupant nos provinces selon qu’elles sont ou pas sous l’influence de tel ou tel autre candidat à la
présidentielle. Cette approche frauduleuse de notre devenir collectif cache mal la philosophie des partisans de la politique du « diviser pour régner ».)
Les Congolais(es) debout nous forcent à revisiter les intuitions de Patrice Emery Lumumba et à orienter notre lutte présente
et future au sein d’un grand mouvement populaire géré par un leadership collectif.
Les Congolais(es) debout nous forcent à comprendre que « plus nous serons unis, mieux nous résisterons à l’oppression, à la corruption et aux
manœuvres de division auxquelles se livrent les spécialistes de la politique du « diviser pour régner », comme le souhaitait Patrice Emery Lumumba. »
(« Africains, levons-nous ! » Discours de Patrice Lumumba, prononcé à Ibadan (Nigeria), 22 mars
1959, Editions Points, 2010, 11)
Plusieurs d’entre nous ont vite cru qu’avec la mascarade électorale de 2006, notre pays s’était engagé sur la voie de la démocratie. Le dernier article d’Arnaud
Zajtamn est venu nous rappeler qu’ « on assiste à une situation semblable (à celle de la Tunisie ) au Congo, où les ambassadeurs occidentaux
soutiennent Kabila face à un Tshisekedi qu’ils jugent imprévisible. Un jugement qui rappelle celui que l’Occident proférait envers le Premier ministre congolais Patrice Lumumba au moment de
l’indépendance du Congo. » (A.ZAJTMAN, Il est moins une à Kinshasa, dans La
Libre Belgique du mercredi 7 décembre 2011, p.53) (En plus de cet article, il serait intéressant de revoir le
petit film intitulé « Le conflit au Congo. La vérité dévoilé » ou encore « Meurtre à Kinshasa. Qui a tué Laurent-Désiré Kabila ». Ces deux films confirment la thèse d’Arnaud
Zajtman.)
En effet, dans les faits, l’Occident nous ramène aux années 60. Ce faisant, il nous offre l’opportunité de réécouter notre héros national et de réajuster le tir si
nous voulons réellement conserver la victoire des Congolais(es) debout dans la durée. Commentant son sage désir d’unité, Lumumba disait : « Ce souhait d’avoir dans nos jeunes pays des
mouvements ou des partis unifiés ne doit pas être interprété comme une tendance au monopole politique ou à une certaine dictature. » (« Africains, levons-nous »…p.11) Et il ajoutait : « Je veux attirer l’attention de tous qu’il est hautement sage de déjouer, dès le
début, les manœuvres possibles de ceux qui voudraient profiter de nos rivalités politiques apparentes pour nous opposer les uns aux autres et retarder ainsi notre libération du régime
colonialiste. » (Ibidem, p.11) Sans que nous ayons des garanties certaines du triomphe chez nous de la politique
d’émancipation du joug de l’impérialisme et du néocolonialisme, nous avions, à la dernière mascarade électorale, plus de quatre cent (400) partis politiques… (Or une maison divisée à ce point
contre elle-même est vouée à sa perte !)
Contrairement aux années 60, notre jeunesse est en train d’assumer notre commune lutte de liberté et de changement. La rejoindre dans son désir
de constituer des grands mouvements unifiés de résistance ne peut qu’être bénéfique pour la redynamisation de cette lutte et la réinvention du Congo.
A travers les mouvements unifiés de résistance mis sur pied par notre jeunesse (et ses aînés avertis) de manière ponctuelle et/ou permanente, notre pays donne
l’impression de refermer la parenthèse ouverte par la guerre de prédation de 1996 pour revitaliser les intuitions ayant conduit à l’ouverture de la Conférence Nationale Souveraine.
« Bakangaka mopepe te !!!! »
Lutter contre « ce vent » sera épuisant pour ceux qui n’ont rien appris de la chute de Mobutu. Les Congolais(es) debout finiront par
conserver la victoire qu’ils ont arrachée mains nues à la dernière mascarade électorale. Les armes, quand elle ne participe pas de la politique de la légitime défense, ne peuvent rien contre un
peuple debout. Pourvu ce dernier coordonne, à partir d’un leadership collectif, sa lutte en lui conférant des objectifs précis à atteindre à court, moyen et long terme.
J.-P. Mbelu