Créé l 14-12-2011- 07h13 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mercredi 14-12-2011 15H19 AFRIQUE REDACTION PAR :AFRIKARABIA
Après le Centre Carter et l'église ca tholique, l'Union européenne confirme dans un rapport que les élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC) manquent de transparence. L'opposition
congolaise, qui conteste la ré élection de Joseph Kabila, a décidé de déposer un
recours devant la Cour suprême... sans grand espoir de voir leurs revendications aboutir. Comment faire pour sortir de la crise politique ? Le responsable d'International Crisis Group (ICG) pour
l'Afrique centrale, Thierry Vircoulon, estime pour Afrikarabia qu'il faudrait "une contre-expertise des résultats par un tiers indépendant".
- Afrikarabia : Thierry Vircoulon, vous êtes actuellement à Kinshasa pour l'International Crisis Group, quelle est la situation en RDC, 5 jours après
l'annonce de la réélection de Joseph Kabila ?
- Thierry Vircoulon : A Kinshasa, les quartiers qui ont voté pour l'opposition ont un peu la gueule de bois aujourd'hui. Les quelques tentatives de manifestations
dans l'Est du pays ont été étouffées dans l'oeuf par les forces de sécurité qui ont maintenant une technique bien rodée pour empêcher tous rassemblement. Au Katanga, il y a des débuts de
représailles sur les Congolais originaires du Kasaï, ce qui était malheureusement attendu. Nous sommes actuellement dans une deuxième phase, après les élections, dans laquelle l'opposition
cherche une stratégie pour rebondir. L'UDPS semble nourrir des espoirs auprès de la communauté internationale... des espoirs qui ne sont pas forcement fondés. Et si ces espoirs sont déçus, il n'
y aura pas 36 choses à faire...
- Afrikarabia : Vital Kamerhe a déposé au nom de l'opposition, un recours devant la Cour suprême congolaise, avec un dossier très complet sur les nombreuses
irrégularités du scrutin. Que peut-on attendre de ce recours ?
- Thierry Vircoulon : Strictement rien ! Absolument rien ! L'opposition le sait, mais veut tout de même jouer la carte de la légalité.
- Afrikarabia : Etienne Tshisekedi a en effet qualifié la Cour suprême "d'officine privée au service de Kabila". Comment désamorcer alors
la crise politique qui se profile ?
- Thierry Vircoulon : La solution est toujours la même pour International Crisis Group : il faut de la transparence et donc une contre-expertise des résultats. Ce
que voudrait l'UDPS, c'est qu'une équipe internationale vienne sur place pour contre-vérifier les résultats. La question étant de savoir, quelle organisation peut faire cela ? Le centre Carter
qui a déjà beaucoup travailler sur ces élections pourrait le faire, mais cela dépend évidemment de la position américaine. Ce jeudi au Sénat américain, il y a une audition sur la RDC. Selon moi,
ce serait une bonne chose. Mais pour cela, il faudrait une grosse pression politique extérieure sur le président Joseph Kabila. Les américains, l'Union européenne et l'Union africaine doivent
être d'accord sur la question.... et ce n'est pas sûr. Il faut ensuite ne pas relâcher la surveillance sur les résultats des élections législatives qui ont été un peu occultées par la
présidentielle.
- Afrikarabia : Cette contre-expertise est-elle difficile à réaliser ?
- Thierry Vircoulon : Non ce n'est pas très compliqué techniquement. Par contre, c'est compliqué politiquement Il ne s'agit évidemment pas d'aller recompter tous
les bulletins de vote. L'opposition a déjà construit un gros dossier sur le sujet, avec de nombreux cas précis d'irrégularités. Les partis politiques d'opposition peuvent le faire, mais il serait
intéressant qu'une expertise soit réalisée par un tiers indépendant... que ce soit le Centre Carter ou une autre organisation spécialisée dans les élections. Mais politiquement, c'est complexe.
Le gouvernement congolais joue beaucoup sur la montre en espérant que la contestation va diminuer. Ce que l'on peut tout de même dire, c'est qu'après les rapports du Centre Carter, de l'église
catholique et de l'Union européenne qui ont tous dénoncé les résultats de la Commission électorale (CENI), Joseph Kabila est aujourd'hui un président mal élu. Il risque d'y avoir peu de gens
importants à son investiture du côté des bancs occidentaux.
- Afrikarabia : Comment peut évoluer la situation ?
- Thierry Vircoulon : Si actuellement, la situation sécuritaire semble tenue, l'année 2012 ne s'annonce pas bien en RDC. Les processus électoraux bâclés qui
aboutissent à une impasse politique, on voit ce qui cela donne au Burundi aujourd'hui et en Centrafrique. S'il n'y a pas de problèmes tout de suite, il y a des problèmes plus tard. Au Burundi, il
n'y a pas eu de violences juste après les élections, mais deux mois plus tard, la tension est montée crescendo.
Propos recueillis par Christophe RIGAUD
Photo : Thierry Vircoulon à Paris en octobre 2011 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
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