Créé l 19-12-2011- 14h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le lundi 19-12-2011 14H00 AFRIQUE REDACTION PAR:AFRIKARABIA
20 jours après une élection présidentielle émaillée de nombreuses irrégularités, la République démocratique du Congo (RDC) assistera cette semaine à deux
"prestations de serment" . Le président officiellement réélu Joseph Kabila sera investi ce mardi à Kinshasa et son opposant Etienne Tshisekedi, qui conteste les résultats, veut prêter serment
vendredi qui vient au stade des Martyrs. Le "syndrome ivoirien" -2 "présidents" pour un fauteuil- guette donc la RD Congo.
Dans une longue conférence de presse ce dimanche, le leader de l'UDPS et candidat "officiellement battu", Etienne Tshisekedi, s'est déclaré "Président élu" de la
RDC et veut prêter serment vendredi prochain au stade des Martyrs de Kinshasa. Selon les résultats de la Commission électorale (CENI), que la Cour suprême a confirmé vendredi, le président Kabila
a été réélu avec 48,95% des voix contre 32,33% à l'opposant Etienne Tshisekedi. Mais depuis la publication des premiers résultats provisoires, l'opposition conteste formellement la réalité des
chiffres de la CENI. Selon l'UDPS, le "Président élu de la République" se nomme "Etienne Tshisekedi".
Le parti d'opposition explique que d'après "les procès-verbaux de chaque bureau de vote affichés le jour des élections sur toute l’étendue de la République",
le candidat de l'UDPS est arrivé en tête. Un document, de plus de 500 pages, "donne le Président Etienne Tshisekedi gagnant avec 56.2% des vote contre 35,91% pour le président
sortant".
Il faut dire que selon plusieurs missions d'observation internationales, la présidentielle du 28 novembre dernier a été entachée de multiples irrégularités. Les
observateurs américains du Centre Carter ont dénoncé "la crédibilité du scrutin", alors que l'archevêque de Kinshasa, a estimé que "les résultats ne sont pas conformes à la réalité".
L'Union européenne, également présente, confirme le "manque de transparence du scrutin" et constate notamment que plusieurs résultats observés par ses équipes sur
le terrain "ne correspondent pas" avec ceux de la Commission électorale (CENI). Le président Joseph Kabila, qui doit prêter serment mardi, a rejeté toutes ces accusations. Même s'il a reconnu que
des "erreurs" ont été commises durant le scrutin, elles ne sont pas de nature, selon lui, "à remettre en cause la crédibilité" de sa réélection.
Dans ce contexte "explosif" (l'expression est du ministre français des Affaires étrangères), Etienne Tshisekedi a déclaré vouloir "prêter serment vendredi prochain
devant le peuple réuni au stade des martyrs" à Kinshasa. La semaine prochaine, la RDC risque de s'enfoncer dans une crise politique durable, qui n'est pas sans rappeler les dernières élections
ivoiriennes : deux "présidents" se disputant la victoire.
Seule différence inquiétante avec la Côte d'Ivoire, la communauté internationale s'avance plus divisée que jamais. Les occidentaux hésitent à intervenir dans un scrutin qu'ils ont laissé volontairement (mal) organiser aux Congolais et les voisins africains se contenteraient bien d'une réélection "sans vague" de Joseph Kabila… et tant pis pour les irrégularités du processus électoral.
Pour l'instant "la rue" congolaise est calme, mais cette semaine s'annonce décisive pour l'avenir du processus électoral en cours, le cycle d'élections devant se
poursuivre jusqu'en 2013.
Christophe RIGAUD