Alors que les actes islamophobes ont augmenté de plus de 30%, Claude Guéant, le ministre français de l'Intérieur, part à la reconquête de l'électorat
musulman.
Comment séduire un réservoir électoral qui peut faire la différence dans la course à l'Elysée? Nicolas Sarkozy qui est devancé dans les sondages par
François Hollande, son rival socialiste, veut ratisser large et ne négliger aucun type d'électeur: les musulmans en font partie. Un de ses fidèles «lieutenants» est chargé de cette
mission délicate.
C'est en effet le genre de mission impossible si l'on se réfère à toutes les initiatives prises et décidées par la droite classique au pouvoir (UMP). Elles
ont eu pour conséquences de stigmatiser la communauté musulmane constituée en grande partie de Maghrébins, d'Algériens en particulier. Ce fut le cas en ce qui concerne le débat sur
l'identité et la déchéance de la nationalité française, le port du voile, les lieux de prière...
Claude Guéant va au charbon. Réussira-t-il à recoller les pots cassés après certaines de ses déclarations qui n'étaient pas loin de s'apparenter à celles
qui caractérisent l'extrême droite, le Front national en l'occurrence. Courir deux lièvres à la fois peut mener au fiasco.
Peu importe, l'ex-secrétaire général de l'Elysée tente le coup. Il essaie de rectifier le tir. «En 1905, il y avait très peu de musulmans en France,
aujourd´hui il y en a entre 5 et 10 millions... Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème. Il est clair que les prières dans les rues
choquent un certain nombre de concitoyens.
Et les responsables des grandes religions ont bien conscience que ce type de pratiques leur porte préjudice», avait souligné le successeur de Brice
Hortefeux à la place Beauvau, le 4 avril 2011 en marge d´un déplacement à Nantes (Loire-Atlantique). On était à la veille d'un débat très controversé sur la laïcité qui ciblait
essentiellement l´Islam.
C'est pratiquement un virage à 180 degrés qu'opère le ministre français de l'Intérieur qui a souhaité, à l'approche de l'élection
présidentielle et législatives de 2012 que «l'Islam ne doit pas être un sujet d'empoignades». Claude Guéant a en outre revu à la baisse le nombre de musulmans en France: «4 millions, dont
800.000 pratiquants» a-t-il indiqué. Un réservoir électoral qui peut faire la différence dans la course à l'Elysée. Comment le séduire?
Le locataire de la place Beauvau veut jouer la carte de l'apaisement et considére pratiquement clos les débats qui ont tourné autour de
l'Islam et du voile en particulier. «A notre sens, il faut désormais éviter de légiférer de manière supplémentaire. La jurisprudence qui se dessine - qu'il s'agisse des femmes voilées
travaillant dans les crèches, dans les structures privées assurant une mission de service public ou des mères accompagnant les sorties scolaires - est suffisante et nous convient», a
confié le premier policier de France dans une interview publiée le 2 janvier 2012 par le journal le Monde.
Le ministre français de l'Intérieur s'est aussi expliqué sur les propos qu'il avait tenus au sujet de l'accroissement du nombre de fidèles musulmans. «Quand
j'ai dit que l'accroissement du nombre de fidèles posait problème, certains y ont vu de la stigmatisation, mais c'était exactement l'inverse. Je faisais référence à une donnée objective:
la situation n'est plus celle de 1905.», Peut-on lire sur le site du quotidien Le Monde.
Puis il prend acte: «Le fait est que la religion musulmane est désormais la deuxième religion de France, avec 4 millions de personnes, dont 800.000
pratiquants réguliers. Il faut faire en sorte que les choses se passent au mieux pour l'immense majorité des musulmans qui respectent les règles républicaines et adoptent nos valeurs, qui
ont besoin de lieux de culte et d'une compréhension de la société.»
Un clin d'oeil aux millions de musulmans dont les voix seront probablement décisives le soir du second tour de la présidentielle de 2012.
Source : L'expression
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