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Sud-Kivu : des vendeuses rentrent trop tard pour nourrir leurs enfants

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Crée le 13-01-2012- 01h30 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le vendredi 13-01-2012    12H44AFRIQUE REDACTION PAR :SYFIA GRANDS LACS

 

Préoccupées par la vente de leurs marchandises, certaines petites commerçantes du Sud-Kivu rentrent tard le soir, laissant leurs enfants se débrouiller seuls pour se nourrir. La santé des plus petits en pâtit.

 "Je suis fatiguée et je n’ai pas faim, nous dit maman quand elle rentre du marché tard le soir", témoigne Anifa, une adolescente de 14 ans. Une situation courante dans les familles du Sud-Kivu dont les deux parents sont commerçants et vendent en particulier des vêtements et des chaussures. Ils ne rentrent chez eux que tard dans la nuit, laissant les enfants se débrouiller seuls pour se nourrir. Le soir, les plus âgés cuisinent du foufou et des fretins secs, ou encore du riz et des haricots, servent le repas et mangent en l’absence des parents. Ceux-ci arrivent pour se coucher, "sans s’assurer que les plus petits ont mangé à leur faim", déclare Léonie Wimba, une nutritionniste. Certaines mères viennent cuire la nourriture à la va-vite, sans y ajouter les ingrédients nécessaires à l'équilibre alimentaire, comme des légumes ou des fruits.
 Lorsque les enfants mangent en l’absence des parents, les plus forts mangent plus que les faibles et les moins rapides. "La santé des enfants en pâtit, prévient, sous anonymat, un médecin. Et ceux qui mangent moins en qualité et en quantité sont souvent les plus malades". "Ces derniers temps, au village et en ville, la malnutrition des enfants de bas âge s’accentue, explique L. Wimba. Pourtant, pas mal de maladies peuvent être évitées par une bonne alimentation".

 Des impératifs de survie
 La plupart de ces familles commerçantes exercent leur activité avec de l’argent prêté qu’ils remboursent. Ils vendent souvent à crédit, pour faciliter les achats et éviter les pénalités pour n’avoir pas remboursé dans le délai convenu. La femme vend généralement sur place, pendant que son mari fait des navettes pour importer la marchandise de Kampala ou de Dar-es-Salaam et même de Chine. D’autres maris flânent pendant que leurs femmes peinent à trouver le minimum vital pour la famille.
 Partis tôt de la maison pour demander à leurs créanciers de payer, ils ne peuvent rentrer à la maison que le soir après avoir passé toute la journée au marché. "C’est pour maximiser les heures de travail et tenter notre chance avec tout éventuel client", explique Adrien Cikebuko, un commerçant qui exerce cette activité avec sa femme. "C’est ainsi que nous abandonnons même des bébés d’un mois à leurs grands frères à la maison pour ne pas trop s’absenter du marché", regrette une vendeuse au marché de Nyawera.
 Certains agissent ainsi "pour sauver notre maison de la vente aux enchères par la coopérative qui nous a prêté l’argent", explique l'un d'eux. D’autres, n’ayant comme source de revenus que le petit bénéfice des ventes, ne ménagent aucun effort. C’est le cas de nombreux ménages. Toutes ces mamans ne laissent pas leurs enfants seuls de gaieté de cœur. Certains enfants refusent d’aller au lit avant que leur maman soit de retour.

 Inconscience ou négligence ?
 A midi, les parents se nourrissent le plus souvent à l'extérieur de chez eux. "On n’en connaît pas au Sud-Kivu qui vont manger à la maison et rentrent au marché", reconnaît Safanto Bulongo, un analyste. Certains enfants apportent à manger sur place à leurs parents, au magasin, ou dans des boutiques. D'autres grignotent quelque chose durant la journée sans interrompre la vente, d’autres enfin mangent au restaurant. "Chaque jour à 14 h, je troque ma farine contre de la viande grillée et du foufou dans le restaurant d’en face", explique une vendeuse au marche Nkafu. "N’étant plus obligés de manger à la maison, ces parents se soucient peu de ce que mangent les enfants", explique Charlotte M’Balundi, une commerçante qui arrête les ventes à 16 h pour rentrer s’occuper de sa progéniture.
 A Bukavu, l’autorité urbaine exige la fermeture du marché central de Kadutu à 16 h. Les petits marchés sont autorisés à poursuivre spontanément jusqu’autour de 21 h. Certaines boutiques vendent tant qu’il y a des acheteurs. A Uvira, les kasoko (petits marchés, Ndlr) commencent à fonctionner à 18 h, autour des éclairages publics, et durent jusqu’à 21 h. Quand il y a interruption d’électricité, les ventes se poursuivent à la lueur des bougies ou des lampes à pétrole. "C’est l’occasion de vendre les fretins et les gros poissons frais pêchés le soir", explique une de ces vendeuses.
 Les affaires prennent le dessus sur tout le reste, "jusqu’à sacrifier la nutrition des enfants", regrettent Murhabazi Namegabe, du Bureau de volontariat pour l’éducation sociale (BVES), une association qui défend les droits des enfants.

 Thaddée Hyawe-Hinyi

 


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