Le marché des denrées alimentaires demeure une source de préoccupation au Cameroun avec des prix soutenus, au moment où l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) annonce une contraction de son indice de perception en 2011, synonyme d'une chute des cours mondiaux de ces produits.
Sur les étals des marchés de la capitale Yaoundé, les prix pratiqués par les commerçants provoquent émoi et amertume chez les consommateurs qui déclarent ne pas savoir où donner de la tête avec la cherté persistante de la vie, après une série de mesures prises par les pouvoirs publics pour contenir l'inflation à la suite des « émeutes de la faim » ayant ébranlé le pays par des violences sanglantes il y a quatre ans, en février 2008. « Nous pouvons fixer les prix, mais la réalité du marché international est sans cesse fluctuante », a souligné à Xinhua une source du ministère du Commerce. Sans vergogne, les commerçants profitent de cette volatilité des cours mondiaux pour arnaquer les consommateurs et, surtout, se faire des bénéfices énormes sur leur dos, pour une population de plus de 7 millions de pauvres sur 20 millions d'habitants, selon les chiffres officiels, dont le pouvoir d'achat confine à la débrouillardise. Depuis 2005 en effet, en concertation avec les opérateurs des filières sensibles de l'agroalimentaire, des associations de consommateurs et des syndicats, le gouvernement, malgré la libéralisation de l'activité économique au Cameroun depuis le début des années 90, s'emploie à réguler le marché par l'adoption de prix et de tarifs homologués en vue de les maintenir sans cesse à des seuils raisonnables, au profit du consommateur. En janvier 2010, l'une de ces mesures avait maintenu « inchangés les prix du riz antérieurement appliqués du consommateur final », à 12.600/13.000 francs CFA (25,2/26 USD) le sac de 50 kilos du riz 25% contre 252/260 francs (0,50/0,52 USD) le kilo à Douala, la métropole économique, 13.900 francs (27,8 USD) contre 278 francs ( 0,55 USD) à Yaoundé, et 16.000 francs (32 USD) le sac de riz 5% ( riz thaïlandais exclu) contre 320 francs (0,64 USD) le kilo dans les deux villes. Le prix du sac de sel de 18 kilo était maintenu respectivement à 2.325 (4,65 USD) et 2.400 francs (4,8 USD) dans les deux villes, tandis que le prix du kilo de maquereau 25+ mauritanien était établi à 800 (1,6 USD) et 825 (1,65 USD) francs, 675 (1,35 USD) et 700 (1,4 USD) francs pour le maquereau 20+ mauritanien, 575 (1,15 USD) et 600 (1,2 USD) francs pour le maquereau 16+ mauritanien et le maquereau 20+ namibien, 425 (0,85 USD) et 450 (0,9 USD) francs pour le maquereau 16+ namibien. Le même protocole d'accord autorisait la commercialisation du thon 25+ et 20+ mauritanien respectivement à 575 (1,15 USD) et 600 (1,2 USD) francs, puis 475 (0,95 USD) et 500 francs (1 USD). La sardine 25+ et 16+ quant à elle était respectivement homologuée à 450 (0,9 USD) et 500 (1 USD) francs, puis 350 (0,7 USD) et 400 (0, 8 USD) francs, alors que de son côté la corvina était maintenue à 875 (1,75 USD) et 900 (1,8 USD) francs pour le petit modèle, et 925 (1,85 USD) et 950 (1,9 USD) francs pour le grand modèle. De nouveaux protocoles n'ayant pas été adoptés depuis lors, ces prix homologués sont restés en vigueur en 2011. Mais, pour le cas particulier du riz, « au cours du dernier trimestre de l'année dernière, on a observé un fléchissement des prix. Les prix ont chuté, y compris même concernant la Thaïlande dont la variété a toujours été plus chère que les autres », a observé un responsable du ministère du Commerce. En revanche, s'agissant du poisson, a-t-il poursuivi, « il y a eu une pondération sur les prix homologués, à cause d'une augmentation des cours mondiaux. Les commerçants ont même menacé d'arrêter les importations », ce qui aurait peut-être créé une certaine crise de nerfs chez, car la consommation du poisson et des céréales est cur des habitudes alimentaires au Cameroun et oblige les autorités à investir des milliards de francs dans les importations de ces produits. Pour le ministère du Commerce, explique-t-on, le souci est de « faire en sorte que l'inflation reste modérée. Excepté 2004, le Cameroun a toujours été en dessous de 5%. Pour la plupart des denrées alimentaires, les prix sont restés plus ou moins stables en 2011 ». L'obligation est faite aux commerçants d'afficher les prix agréés, mais l'application de cette mesure dans les marchés se heurte à l'esprit retors de certains, animés par la recherche effrénée de bénéfices. Dans les différents marchés de Yaoundé, cet affichage des prix est notamment peu observé, et quand bien même il est effectué, les prix sont supérieurs à ceux officiellement fixés. Par exemple au marché du Mfoundi, au centre-ville, le prix du kilo de riz le plus bas est de 400 francs (0,8 USD) chez certains commerçants, soit 122 francs (0,24 USD) de plus que le kilo de riz 25% et 80 francs (0,16 USD) de plus que celui du riz 5%. Le sac de 50 kilos varie entre 18.500 (37 USD) et 22.500 (45 USD) francs. Sans affichage, le sac de sel se vend 2.800 francs (5,6 USD) au supermarché SKG du même marché, soit 400 francs (0,8 USD) de plus que le prix officiel, contre 650 (1,3 USD) et 1.000 (2 USD) francs le kilo de maquereau à la poissonnerie Mado et 1.100 francs (2,2 USD) à la poissonnerie « la reine du frais ». A Biyem-Assi, quartier populaire du Sud-ouest de la capitale, le constat est presque identique. Le sac de sel coûte 2.500 francs (5 USD) au lieu de 2.400 francs et le sac de riz 5% de 50 kilos 18. 500 francs dans certaines échoppes au lieu de 16.000 francs. Cette situation suscite des interrogations sur la fiabilité et l'efficacité du travail des équipes de la brigade de contrôle des prix du ministère du Commerce, chargées de veiller en permanence à l'application des mesures sur les prix. Selon la FAO pourtant, l'année 2011 a été marquée par de « fortes baisses des cours mondiaux des céréales, du sucre et des huiles dues aux récoltes exceptionnelles (..) ainsi qu'au ralentissement de la demande et au raffermissement du dollar E.U. La plupart des denrées ont été concernées ». Les prix du maïs, précise-t-elle, ont perdu 6%, ceux du blé 4% et ceux du riz 3%. Au ministère du Commerce, où les sources approchées se montrent surprises par l'annonce de la publication de l'Indice FAO le 12 janvier à Rome en Italie, une observation est cependant faite selon laquelle « il y a les fonds spéculatifs qui ont beaucoup dans le négoce de ces denrées alimentaires (céréales) et qui continuent à renchérir les prix ». Une révision des prix est toutefois annoncée pour les prochains jours.