Crée le 14-02-2012- 09h30 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mardi 14-02-2012 - 09H40 AFRIQUE REDACTION PAR :OBSERVATEUR
Les terres surexploitées et épuisées de la région de Mayumbe, au Bas-Congo, redeviennent rentables depuis que les agriculteurs recourent à une méthode qui combine
engrais organiques et chimiques. L'encadrement des agronomes est cependant indispensable pour trouver le bon dosage et éviter ainsi de brûler les récoltes.
Les agriculteurs de Matati, Boma, Lukula…et de plusieurs localités du Bas-Congo, au sud-ouest de Kinshasa, ont retrouvé le sourire en voyant leurs terres donner à
nouveau. "Avant, nous vivions difficilement ici par manque de terre arable. Mais aujourd'hui, grâce aux engrais, notre vie a changé", affirme tout sourire Jeannette Mabuilu, une paysanne de
Lukula. Dans cette contrée en effet, la répétition sur les mêmes étendues de mêmes cultures, ajoutée à l'absence de pluies, a fini par rendre les champs stériles, contraignant ainsi de nombreux
agriculteurs à abandonner leurs champs.
Tous n'ont cependant pas baissé les bras. C'est le cas d'Espérance Nzuzi, coordonnatrice de l'Aprofel, une association de promotion de la femme paysanne de Lukula.
Avec courage, elle est allée frapper à la porte de divers partenaires extérieurs. Et contre toute attente, elle a été invitée en juin 2011 en Belgique à une session de formation sur
l'amélioration du rendement des cultures avec engrais. Aussitôt rentrée au pays, elle s'est mise, avec le concours des experts du projet CATALIST, spécialisé en Gestion intégrée de la fertilité
du sol (GIFS), à partager ses nouvelles connaissances avec des membres de son association et d'autres paysans.
Espérance
Dès septembre dernier, Espérance a encadré des cultivateurs qu'elle a initiés à l'utilisation combinée d'engrais organiques et non organiques, qui permet, selon
elle, "de tripler ou de quintupler les rendements et d'atteindre jusqu'à 5 t/ha pour le maïs et 28 t/ha pour la pomme de terre". Selon l'ingénieur agronome Samson Chirhuza, chef du projet
CATALIST, il s'agit de combiner des résidus des végétaux qu'on enfouit après chaque récolte et des engrais chimiques (NPK, urée, etc.).
Lors de la dernière saison culturale (octobre à janvier), beaucoup d'agriculteurs ont été séduits par cette méthode nouvelle dans la région et surtout ses
résultats. "J'ai essayé avec le maïs et j'ai réalisé une performance que je n'avais jamais eue avec la même quantité de graines lorsque je cultivais sans engrais", se réjouit Liévin Bulungi, de
Situ-Kaka, une localité proche de Boma. Même satisfaction dans les nombreux villages qui ont expérimenté cette technique culturale. En dépit de l'absence de pluies observée ces derniers temps, la
récolte a été abondante. Sur les principaux marchés des centres urbains de la province du Bas-Congo, les prix ont même baissé. Celui d'un bassin moyen d'arachides qui coûtait 7 500 Fc (environ
7,5 $) a chuté d'un tiers.
L'importance de connaître le sol
La sécurité alimentaire s'est améliorée dans les villages et même en ville. En plus des produits agricoles destinés à la commercialisation et à leur consommation,
la plupart des paysans du Mayumbe, ragaillardis, conservent aujourd'hui chez eux d'importants stocks de graines de maïs et d'arachide en prévision de la prochaine saison culturale.
Agronome dans le territoire de Lukula, Victor Ngeni estime cependant que malgré les avantages qu'offre le recours aux engrais chimiques, les agriculteurs doivent
les utiliser avec prudence. "S'ils sont mal utilisés, ils appauvrissent davantage le sol et font sécher des cultures", les met-il en garde. Certains comme Christophe Matiaba, un planteur de
Kinzau-Vuete sur la route Matadi-Boma, ont fait les frais d'une mauvaise utilisation de l'engrais : une bonne partie de ses cultures a été brûlée ou a jauni.
Coordonnateur provincial du Service national de vulgarisation, Gaspard Kisita, un agronome qui connait bien la nature du sol du Bas-Congo conseille aux agriculteurs
de recourir chaque fois au service des agronomes qui peuvent les renseigner sur "l'état du sol favorable à la culture, mais surtout sur le dosage d'engrais non organiques à utiliser pour obtenir
un bon rendement".
Cependant, des témoignages sur les résultats de l'utilisation combinée d'engrais ont franchi les frontières de la RD Congo au point d'attirer de nombreux
agriculteurs en provenance d'Angola et du Congo-Brazzaville.