Crée le 20-02-2012- 15h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le lundi 20-02-2012 - 19H10AFRIQUE REDACTION PAR : LA TEMPETE DES TROPIQUES
C'est l'abomination de la désolation significativement semblable, toutes proportions gardées, à celle dont avait parlé le prophète Daniel et que Jésus avait évoquée
devant ses disciples. La coupe de sacrilège est plus que pleine que les âmes pieuses ne sauraient supporter de la regarder. Toutes les églises paroissiales de l'archidiocèse de Kinshasa sont
terriblement assiégées par une armada d'hommes en tenue de police mais équipés militairement. Les curés qui disent la messe et les fidèles qui l'entendent se voient transformés en prisonniers ou
en otages à l'intérieur de leurs églises hermétiquement bloquées de l'extérieur pour les empêcher d'en sortir. Nous sommes jeudi 16 février, 20ème jour anniversaire du martyre des chrétiens
sauvagement tués le 16 février 1992 lors de leur marche pacifique pour exiger la réouverture de la conférence Nationale Souveraine fermée “avec force “ par le tandem Mobutu-Nguz. L'abomination de
la désolation cette année 2012 et que l'Eglise catholique a été horriblement humiliée, désacralisée et piétinée au-delà de toute expression imaginable. Des églises en pleine culte profanées; des
curés et des religieuses mis en état d'arrestation durant de longues heures de cette journée du 16 février 2012 ; la chaîne de TV catholique RTCE privée de son signal pour un temps
etc...
De mémoire de Congolais-Zaïrois, on n'a jamais vu l'Eglise catholique romaine dans ce pays, quels que soient les régimes antérieurs, aussi outragée, ridiculisée,
méprisée et déshonorée publiquement sans scrupules par le pouvoir public, pourtant sociologiquement la plus dominante de toutes les religions révélées dans ce pays. C'est à elle que
l'intelligentsia congolaise d'avant-garde avait dû son ouverture des horizons et sa conscientisation en matière de lutte pour l'autodétermination. Le célèbre Manifeste de la conscience Africaine
publié en 1957, fut l'oeuvre du génie discret et tapi dans j'oeuvre de l'Abbé Joseph Malula de la paroisse Christ Roi à Léopoldville. Toute l'équipe de ce document historique était un noyau de
chrétiens catholiques très attachés à l'Eglise catholique romaine du Congo. Même l'ABAKO devait son ascendant à Joseph Kasa-Vubu, chrétien catholique condisciple de Joseph Malula au grand
séminaire de Kabwe au Kasaï. Même Mobutu, alors réputé l'homme fort du Zaïre et en Afrique, n'avait jamais osé franchir la ligne blanche dans son conflit avec le cardinal Malula. Il s'était gardé
de commettre l'abomination de la désolation, par la profanation des églises et l'humiliation des abbés et des religieuses.
Toute action humaine bonne ou mauvaise comporte en elle-même la contrepartie immanente. C'est loi de la nature. Nous subissons tôt ou tard les conséquences de nos
actes. L'abomination de la désolation est un péché gravissime et impardonnable comme le péché contre le saint esprit. Quand on jette une pierre à l'église, ce n'est pas au clergé et à la
communion des fidèles qu'on la jette, mais à Dieu incarné par Jésus qui est le fondateur de l'Eglise. Cela s'appelle le péché contre le saint esprit. L'Eglise est apparemment faible et
impuissante physiquement. Mais sa force et sa puissance en tant qu'institution divine est de nature spirituelle, agissant toujours mystérieusement sans que ceux qui s'estiment puissants et
dominateurs ne s'en rendent compte dès qu'ils sont punis par la justice immanente. La prière fervente faite dans la concentration, le détachement et la méditation profonde est une arme plus
puissante qui produit des effets merveilleux surprenants plus que ceux des armes nucléaires de destruction méchante de humanité qu'utilisent les maîtres de la terre. Dépourvus d'armes classiques
de dissuasion, L'Episcopat, le clergé, la chrétienté et le peuple de Dieu sont considérés par les oligarchies autocratiques sclérosées comme des cibles très fragiles à persécuter et à
tuer.
L'Eglise mise en épreuve
Il est vrai que se sentant aussi humiliée, désacralisée, raillée et piétinée, l'Eglise catholique romaine du Congo Zaïre-RDC doit se trouver à présent, à la croisée
des chemins. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que le contrecoup vengeur vienne d'elle, étant donné qu'elle n'a pas d'armes matérielles pareilles à celles que détiennent et utilisent les forces
persécutrices et exterminatrices de ses brebis. Jurer de défendre coûte que coûte la vérité et la justice au nom du peuple lésé dans ses droits, dans un univers politique sans lois ni règles
morales, obsédé par la volonté de puissance insolente est un serment trop risqué pour l'Episcopat congolais qui devrait certainement en être conscient.
L'horreur des brutalités commises le jeudi 16 février 2012 est justement typique de cet univers politique du far west, ce qui n'est guère surprenant. La question
qu'on se pose est celle de savoir comment l'Eglise catholique pense-t-elle s'y prendre encore aujourd'hui ? Va-t-elle violer son serment et jeter le manche après la cognée? On s'était même
trop avancé pour reculer, jusqu'à proclamer qu'on préférait être crucifié que de crucifier la vérité ! Un serment très fort qui ôtait à l'Episcopat toute possibilité de recul ou de revirement,
quels que soient les déboires et les tribulations.
L'Eglise catholique a mis en jeu son honneur, son prestige, son ascendant traditionnel et sa crédibilité qu'elle se doit de sauvegarder à tout prix. Tous les yeux
sont tournés vers elle, de l'intérieur comme de l'extérieur. Sa reculade ou son échec dans ce genre d'Armageddon risque d'avoir des conséquences très fâcheuses pour l'avenir de ce pays et de son
peuple. Les forces du mal de l'impérialisme occidental et leurs laquais locaux ne trouveront plus sur leur chemin pour la balkanisation du Congo un adversaire moral redoutable autant que l'Eglise
catholique dont l'envergure et l'ascendant dépassent ceux des hommes politiques. L'Eglise a un pouvoir spirituel énorme qui lui permet de déplacer les montagnes, si telle est réellement sa
volonté. L'affront essuyé est si mortifiant qu'il met l'Eglise devant un cruel dilemme : ou bien rebondir et continuer la lutte spirituelle jusqu'au crucifiement, ou bien jeter lâchement l'éponge
! Ce serait alors un suicide pour elle. Mais le réveil des chrétiens et la prise de conscience de certains membres du bas clergé et des laïques catholiques sont la preuve que le combat n'est pas
seulement l'oeuvre exclusive de l'Episcopat.
La rupture antre le pouvoir et l'Eglise
Aujourd'hui ce n'est pas l'Abbé José Mpundu et Thierry Landu devenus célèbres à la première ligne de front depuis le 16 février 1992, d'autres prêtres sont
activement montés en ligne. Il s'agit notamment de l'abbé Luyeye de l'Aumônerie de la classe politique, de l'abbé Bosangia du centre Lindonge, de l'abbé Libambu Jean Bosco de l'université
catholique etc... Mais non moins affligé doit être l'archidiocèse de Kinshasa, en tant que locomotive qui a chapeauté les préparatifs et l'organisation de la marche du jeudi 16 février 2012 dans
la ville de Kinshasa. Cet archidiocèse de Kinshasa passe pour le symbole et le miroir de l'Eglise catholique, apostolique et romaine en RDC. Sans toute fois préjuger de la réaction de l'Eglise en
conséquence de la répression cruelle et des humiliations infligées à des abbés et à des religieuses, on pressent que la rupture s'annonce désormais totale entre le pouvoir et l'Eglise catholique
en RDC. Les blessures d'amour propre subies sont si profondes et si avilissantes qu'on ne saurait les apaiser du jour au lendemain.
Jean N'SAKA WA N'SAKA/Journaliste Indépendant