Crée le 01-03-2012- 11h40 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE
PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le jeudi 01-03-2012 - 11H40 AFRIQUE REDACTION PAR : Joël ASHER LEVY
‘‘Le Congo dans la tourmente d’un pays déliquescent’’
Crise postélectorale et impasse politique
‘‘L’UDPS doit jouer un rôle constructif dans l’Opposition’’ Dominique STRUYE de SWIELANDE, Ambassadeur du Royaume de Belgique à Kinshasa.
Le lundi 28 novembre 2011, il n’y a pas véritablement eu d’élection en République démocratique du Congo. Il y a plutôt eu ‘‘sélection’’ par des intérêts extérieurs et du parti au pouvoir et du vainqueur de la joute présidentielle.
En l’occurrence le PPRD pour la majorité politique et gouvernementale, ainsi que le président sortant, le général-major Joseph Kabila Kabange, aux dépens du Candidat du Peuple congolais, le président national de l’UDPS, Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Ce résultat qui, certes, soulève moult questions et ne reflète guère la réalité sociopolitique, a été annoncé au terme d’un scrutin fort controversé.
En effet, au cours de la campagne, le chef de l’État sortant a fait fi, à maintes reprises, de la loi électorale en accaparant les ressources matérielles et physiques de la Collectivité publique (les instruments de violence légitime, les finances, les moyens de communication, etc.).
Au cours de cette confrontation inégale dont le principal et unique enjeu politique était en fait le ‘‘départ’’ sans concession du pouvoir de Joseph Kabila Kabange, – départ d’ailleurs décrété par le Peuple congolais meurtri et déçu –, celui-ci a empêché délibérément et violemment les autres concurrents de battre librement et dignement campagne.
Cette sélection qui a nettement pris les allures d’un processus de ‘‘validation’’ du dirigeant congolais préalablement désigné par des puissances occidentales au détriment de la volonté manifeste de changement démocratique, d’ailleurs largement exprimée par la population nationale, a visiblement aggravé la crise de légitimité politique. Celle-ci remonte à l’époque de l’indépendance.
Elle date sans nul doute de l’éviction du cabinet nationaliste de Patrice Emery Lumumba, le 5 septembre 1960. Pour la malheureuse circonstance, cet État majestueux et richissime d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs [africains] se serait sûrement passé de ce dernier épisode qui compromet encore et une fois de plus tout son avenir politique.
En effet, le choix du président de la République démocratique du Congo par des décideurs étrangers qui participent, sans relâche, à l’étranglement de son indépendance nationale et à l’étouffement de sa souveraineté internationale, a mené tout droit le pays à une impasse politique dont l’issue demeure à tous points de vue incertaine.
Cela est d’autant plus vrai qu’il y a eu, chose inédite dans l’histoire politique du pays, deux prestations de serment présidentiel par deux candidats qui se disputent virulemment la victoire électorale. D’une part, l’assermentation de Joseph Kabila Kabange devant tous les corps constitués de l’État, moyennant quelques fafiots en prime, et le personnel diplomatique étranger accrédité à Kinshasa et acquis à sa cause. Et d’autre part, l’assermentation d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba, auréolé de sa légitimité populaire et nationale, dans sa résidence domiciliaire et devant ses nombreux partisans.
Pendant ce temps, le pays n’est vraiment guère sorti de l’incertitude politique accentuée par l’intolérance aveugle du pouvoir sortant. Celle-ci est aggravée par le bâillonnement des libertés publiques, l’oppression des droits fondamentaux de la personne humaine (internements administratifs, incarcérations extrajudiciaires, arrestations arbitraires, assassinats politiques, chasse aux sorcières, règlements de compte, etc.).
Elle est surtout aggravée par la répression sanglante des forces démocratiques dont le langage ou le discours est pourtant la non-violence, la lutte politique par des voies pacifiques. Sans compter que, dans l’Est du pays, moult saigneurs de paix [seigneurs de guerre], d’ailleurs au service d’une cause obscure, ont repris de plus belle leurs activités à la fois belliqueuses et terroristes, leurs opérations industrielles et marchandes en sacrifiant impunément de nombreuses vies humaines.
Bien entendu sous le nez de la MONUSCO dont la mission ambiguë est totalement remise en question et la partialité politique est de plus en plus dénoncée. Par conséquent, tous ces administrateurs de la mort ont naturellement repris leurs entreprises criminelles et maffieuses sous le parapluie des puissances internationales, qui plus est ‘‘États membres de la Communauté occidentale’’.
Ce qui est clair, cette crise politique et électorale a été artificiellement créée par des intérêts occidentaux, au premier rang desquels l’ex-puissance coloniale, la Belgique, les États-Unis d’Amérique, l’Organisation des Nations unies (ONU) par la voie de sa Mission d’observation pour la stabilisation des institutions politiques au Congo (MONUSCO) et l’Union européenne (UE). En effet, ces membres de la soi-disant Communauté internationale n’avaient pas conçu les élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011 comme un vrai processus de changement politique en République démocratique du Congo dans le but de satisfaire les aspirations légitimes et fondamentales de la population. Ceux-ci avaient plutôt perçu et conçu ces scrutins comme un processus d’intégration institutionnelle de l’UDPS au sein des organes politiques de l’État en vue d’encadrer et même de surveiller ‘‘étroitement’’ – à leur profit exclusif – le pouvoir imprévisible et incontrôlable du général-major Joseph Kabila Kabange.
Cela est d’autant plus vrai que ce chef de l’État sortant, d’ailleurs honni par la population, s’est visiblement acoquiné avec la République populaire de Chine où il a apparemment suivi une soi-disant formation militaire, via le gouvernement éléphantesque dirigé par le compagnon de Patrice Emery Lumumba et de Pierre Mulele, le patriarche Antoine Gizenga du PALU. Donc, pour casser cette relation adultérine entre l’Empire du milieu et le Congo, ces puissants intérêts et décideurs internationaux ont imaginé un scénario appelant à la rescousse l’UDPS en tant que parti du Peuple congolais et force populaire. Dans ce plan échafaudé par l’Occident calculateur, cette formation politique doit ‘‘travailler’’ avec le pouvoir sortant dans le cadre d’un gouvernement élargi.
N’empêche que, d’après ce schéma occidental préalablement rejeté du revers de la main par le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba qui n’a cessé de répéter à satiété ‘‘qu’il a subi d’énormes pressions’’, le rôle éminemment dévolu à l’UDPS consiste à ne plus parler au nom d’un Peuple congolais qui n’existe pratiquement pas aux yeux desdites puissances étrangères. En réalité, celui-ci se réduit plutôt à la stricte sauvegarde des intérêts vitaux et sacro-saints de l’Occident pourtant exploiteur de cette partie ultrasensible de la planète qu’est, à vrai dire, l’Afrique centrale.
Ce rôle imparti à cette organisation prodémocratique dont le fonds de commerce est la défense du patrimoine national et la protection de la population, commande sur le terrain l’expulsion ‘‘en douceur’’ des intérêts économiques et financiers chinois dont le pays a, pourtant, nettement besoin pour son propre développement économique et social. D’autant plus que le MLC qui a implosé après la rapide défénestration du chairman Jean-Pierre Bemba Gombo à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, a lamentablement échoué dans cette mission stratégique.
Cette entreprise politique et militaire était en effet pressentie en vue d’être le surveillant du pouvoir local et l’œil protecteur, donc le gardien de sécurité, de l’Occident. En principe, elle devait réellement jouer ce rôle au sein des institutions politiques et nationales, tel le parlement. Ce qui n’a pas été manifestement le cas. Ce qui n’a pas du tout été accompli par les potes à Bemba.
Force est de reconnaître que le MLC avait reçu cette mission dans le cadre de la plate-forme institutionnelle nettement dominée par les belligérants et mise en place en place par le processus de Sun City et de Pretoria piloté par la fameuse Communauté internationale. Force est également de relever que bon nombre de membres du MLC décapité, et siégeant dans les institutions politiques et citoyennes de la République démocratique du Congo en tant que principale formation de l’Opposition institutionnelle sous la législature de 2006, sont du jour au lendemain devenus des complices du pouvoir de Joseph Kabila Kabange et, par voie de conséquence, corruptibles.
Donc, ce sont incontestablement la décomposition, la démission et la dispersion de cette organisation politique et militaire ‘‘postmobutiste’’ qui ont inévitablement permis au régime politique de Kinshasa, jouant indubitablement sa survie et son autonomie vis-à-vis de ses parrains et tuteurs extérieurs, de faire rentrer dans cette ‘‘bergerie occidentale’’ en Afrique le ‘‘loup asiatique’’.
C’est la raison pour laquelle la Belgique qui est, par essence, la puissance tutrice de Joseph Kabila Kabange, plaide à longueur de journée son maintien systématique et automatique à la tête de l’État congolais. Ce discours paternaliste est véhiculé par le fameux ‘‘lobby wallon’’ dont le fondé de pouvoir est sans conteste le député européen Louis Michel et dont les porte-parole sont le Premier ministre Elio di Rupo et le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders. Replacée dans un contexte d’exploitation coloniale, cette plaidoirie politique et diplomatique n’a évidemment de sens que dans la seule optique et l’unique perspective de pillage ‘‘léopoldien’’ de toutes ressources de la République démocratique du Congo.
C’est aussi la raison fondamentale pour laquelle Washington par le truchement de son haut représentant diplomatique à Kinshasa, l’Ambassadeur James F. Entwistle, a officiellement reconnu après deux mois et demi de tergiversation l’élection oh ! Combien frauduleuse du général-major Joseph Kabila Kabange.
En fait, pour les États-Unis d’Amérique dont les experts chargés du dossier ‘‘Afrique’’ et les spécialistes chevronnés du ‘‘Congo’’ auprès du Secrétariat d’État (Ministère des Affaires étrangères) estiment que ‘‘la région du grand Kivu appartient au Rwanda’’, le président sortant qui est, en réalité, doublement ‘‘Tutsi et Rwandais de naissance’’, doit demeurer au plus haut sommet du pouvoir aux dépens de l’enfant du pays, le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba.
Celui-ci doit indéfiniment rester à la tête de l’État dans le but de poursuivre tous azimuts le processus de démantèlement [balkanisation et pillage] de la République démocratique du Congo d’ailleurs entamé au nom du pouvoir judéo-anglo-saxon par l’AFDL de triste mémoire, laquelle a été portée dans les fonts baptismaux et adoubée par nul autre que le Rwanda limitrophe.
Toutefois, le Département d’État qui ne reste pas insensible aux revendications populaires, souligne la grande nécessité d’un large gouvernement de coalition et de réconciliation nationale afin d’intégrer politiquement l’UDPS au sein des organes de l’État. Reste que cette reconnaissance diplomatique de la victoire controversée de Joseph Kabila Kabange par la superpuissance américaine intervient dans le contexte tendu de manifestations récurrentes organisées par la diaspora congolaise qui ne faiblit pas en Occident et ailleurs dans le monde. Exclue, délibérément, à deux reprises du processus électoral en 2006 et 2011, celle-ci est estimée à environ 15 millions d’individus. La majorité de ces exilés ou émigrés ont pris réellement fait et cause pour Étienne Tshisekedi wa Mulumba.
Il y a lieu de constater que l’architecture politique et institutionnelle de la République démocratique du Congo d’ailleurs préconisée par l’Occident est dictée par le statut international de cet ancien territoire colonial. À cet égard, ce pays en tant que grenier de matières minérales et naturelles, aussi bien que précieuses et stratégiques, doit approvisionner, comme jadis lors de la 2e Guerre mondiale, les États-Unis d’Amérique (USA). Cette source d’approvisionnement prend en effet toute son importance et toute sa considération dans une perspective purement hégémonique et, surtout, dans la prévision d’un ‘‘éventuel conflit mondial’’ de très grande envergure.
Il importe de mentionner que cet affrontement militaire de tous les dangers se profile de plus en plus à l’horizon. D’après nombre de spécialistes avertis de la guerre, cette conflagration armée qui pourrait en réalité se produire dans un avenir plus ou moins rapproché, pourrait certes revêtir une dimension plus particulièrement et plus singulièrement biologique (bactériologique). Selon les circonstances, celle-ci pourrait surtout prendre un virage tout à fait chimique (nucléaire). À cet effet, elle aurait vraisemblablement pour ‘‘arc de crise’’ l’espace géographique qui s’étend à perte de vue de la Turquie ‘‘islamiste’’ à la République populaire de Chine ‘‘communiste’’ en passant bien entendu par l’immense sous-continent indien.
Force est de constater que cette vaste zone démographiquement populeuse comprend surtout l’Inde, le Pakistan et le Bengladesh. Cette région planétaire présente sans conteste cette spécificité d’afficher le taux de natalité le plus élevé du monde. En fait, elle renferme des puissances qui disposent de l’arme nucléaire. Elle regorge surtout plusieurs États d’obédience musulmane. D’ailleurs, y vivent depuis des millénaires moult communautés humaines ayant des principes moraux et spirituels fondés sur le rigorisme religieux. C’est en vérité un univers humain dont la profession de foi est intégriste et dont la tradition est très souvent archaïque. Donc, cet espace normalement porteur de grandes civilisations, qui, aux yeux de l’Occident négationniste et suprématiste, conserve pratiquement des cultures aux allures médiévales ou aux valeurs antiques, lesquelles se situent aux antipodes de la modernité.
Ce qui est sûr, l’enjeu fondamental desdites élections du 28 novembre 2011 est moins géopolitique que géostratégique. Il est moins national ou sous-régional qu’international. Celui-ci repose très nettement et très largement sur la présence réelle des intérêts économiques et financiers chinois dans ce que les puissances étatiques et gouvernementales occidentales considèrent comme leur caverne d’Ali Baba.
Il repose plus particulièrement et plus singulièrement sur la percée fulgurante de l’Empire du milieu dans ce que l’Occident considère comme sa chasse gardée d’ailleurs largement porteuse de son destin hégémonique. À cet égard, il convient de souligner que les États-Unis d’Amérique sont effectivement devenus la première puissance mondiale au cours du 20e siècle grâce à l’uranium du Katanga. Ce minerai stratégique leur a permis de fabriquer la bombe atomique larguée sur Nagasaki et Hiroshima les 6 et 9 août 1945, mettant ainsi fin à ce conflit meurtrier – la IIe Guerre mondiale dans la zone pacifique – et consacrant ainsi leur nette domination dans le monde.
Par ailleurs, malgré les fortes pressions internes et internationales pour s’insérer dans les institutions politiques de l’État, le président national de l’UDPS Étienne Tshisekedi wa Mulumba qui se considère à juste titre le vrai chef de l’État de la République démocratique du Congo, demeure fidèle et égal à lui-même. Il ne bronche pas. Il reste totalement de marbre. En dépit de nombreux appels de pied et clins d’yeux émanant des États et gouvernements étrangers.
Point n’est besoin de sacrifier les intérêts légitimes et fondamentaux de la Nation spoliée et du Peuple affamé par les puissances occidentales par l’entremise des imposteurs à la tête du pays. En effet, intégrer toutes les institutions politiques de la République démocratique du Congo dans l’ordre électoral prescrit par les puissants intérêts occidentaux – c’est-à-dire la deuxième position – signifie en clair désavouer ou abandonner le même Peuple dont il tire dorénavant l’ensemble de sa légitimité politique et nationale, la totalité de sa force et de sa grandeur, de sa crédibilité et de son prestige.
Joël Asher Lévy Journaliste indépendant