Créé le 10-05-2011 à 00h30 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour mardi 10- 05-2011 22 h30 | AFRIQUE REDACTION PAR :
Selon le général Pontien Gaciyubwenge : « Celui qui combat un terroriste n’a pas à demander une quelconque permission, les Etats-Unis n’ont pas demandé de permission au Pakistan pour frapper Oussama Ben Laden sur son propre territoire ». L’intention de l’armée burundaise d’entrer en Rdc armes en main pour chercher son terroriste est ainsi clairement exprimée.
L’exemple des forces spéciales des Usa qui sont allées tuer Ben Laden en plein territoire pakistanais sans autorisation des autorités de ce pays, semble donner des idées au ministre burundais de la Défense. En effet, le ministre burundais de la Défense nationale et des Anciens Combattants a accusé jeudi dernier un certain Agathon Rwasa, chef du parti FNL qui serait en exil en Rdc. Le ministre burundais a comparé le chef de FNL à Oussama Ben Laden. Car, a-t-il poursuivi, non seulement il un terroriste comme Ben Laden, mais aussi il est responsable de l’insécurité qui prévaut depuis des mois dans la province de Bujumbura.
Un officier militaire burundais, le général major Pontien Gaciyubwenge, renchérissant sur les propos de sn ministre, a déclaré que : « Ne cherchons pas midi à quatorze heures et parlons avec vérité : C’est Agathon Rwasa qui est responsable de toutes ces tueries dans votre province de Bujumbura rurale. Il a préféré se ranger derrière Léonard Nyangoma qui n’a rien eu au cours des élections communales du 24 mai 2010 alors que lui, il avait eu 14% des voix exprimées ». Cette déclaration a été faite au cours d’une réunion dite de pacification de cette province de Bujumbura actuellement secouée par des actes de violence.
Les autorités burundaises ont franchi le rubicond en désignant nommément celui qu’elles considèrent comme responsable de la situation des violences quasi quotidiennes que vit la population de Bujumbura. Il nous revient que jusque-là, la question était taboue en plus du fait que l’opinion n’était pas d’accord quant au responsable de ces tueries. Les opinions divergeaient. Dans une certaine opinion on avait plutôt la conviction que le Burundi était menacé par une nouvelle rébellion en gestation. Les autorités burundaises de leur part semblaient avoir des réserves et attribuaient ces tueries à des bandits. Quelque chose a changé pour qu’aujourd’hui, officiellement, les dirigeants des FNL soient désignés comme responsables de ces tueries dans la province de Bujumbura. Qu’est-ce qui a changé pour que le Burundi change de discours et des auteurs des tueries ?
Dans une certaine opinion on est certain que les dirigeants burundais qui nourrissent l’ambition d’une puissance militaire dans la région, s’inspirent de l’exemple américain. La déclaration du ministre de la Défense le démontre. En effet, le ministre Pontien Gaciyubwenge, dans une arrogance dont il est seul à expliquer, a déclaré haut et fort : qu’ « il connaît tous les méandres et même tous les points d’entrée sur la frontière avec la RD Congo et qu’il ne sera pas difficile de traquer les pêcheurs en eau trouble que sont Rwasa et ceux qui hébergent ses fidèles dans cette province ». C’est une façon claire pour le ministre burundais de dire que le chef des FNL se trouverait sur le sol congolais. Le constater, dans la mesure où il aurait des informations à ce sujet est une chose. Mais de là, dire qu’il connaît les entrées et les sorties de la Rdc, veut dire qu’il n’a besoin de personne pour le conduire où se trouverait le chef des FNL.
Cette déclaration est suffisamment provocatrice, voir une déclaration de guerre pour ne pas être prise au sérieux par la Rdc. Lorsqu’on sait que le Burundi ne serait pas à sa première expérience d’entrer en Rdc sans crier gare, on ne peut pas négliger ce coup de gueule du ministre burundais de la Défense et des Anciens combattants. Cette tendance des pays voisins de la Rdc de penser résoudre leurs problèmes internes en s’en prenant à la Rdc doit être soulignée et combattue. Le Burundi, comme beaucoup d’autres petits voisins, semblent avoir perdu la capacité de lire les signes de temps. Le Burundi croirait-il pouvoir rééditer l’exploit de 1998, lorsque la coalition Rwanda-Burundi-Ouganda, soutenu par l’administration Clinton, avait mis ce pays à feu et à sang. Il y a eu dans cette guerre d’agression, plus de cinq millions de morts.
Apparemment, Bujumbura n’est pas satisfait que la Rdc ait porté plainte contre le Rwanda et l’Ouganda sauf contre lui. Cela lui ferait-il penser que Kinshasa aurait peur de l’affronter en face ? Une chose est vraie, la Rdc a pris l’option de la paix. Ce pays a beaucoup perdu. Pendant qu’on l’a obligé de faire la guerre, les autres pays qui avaient les mêmes potentialités que lui se trouvent soit parmi les BRIC soit parmi les pays émergents. Aujourd’hui, la Rdc s’engage dans la bataille de la reconstruction et du développement pendant que de petits pays voisins sont préoccupés à s’assurer une notoriété militaire pour être visibles, faute de la visibilité géographique.
Il n’est pas évident que la Rdc attend offrir le flanc à quiconque se donne mission de violer sa souveraineté et ses frontières. Si le Burundi pense se promener en territoire congolais quel qu’en soit le motif, il se trompe énormément. Ceux qui pourraient demain parler de réaction disproportionnée dans le cas du droit de poursuite des Fardc en territoire burundais, ont tout le temps de dissuader les dirigeants burundais dans leur projet irresponsable. Car, si la Rdc n’est pas prête, parce que cela n’est pas dans son projet de faire la guerre aux voisins, elle cependant prête à faire toute guerre, sous quelle forme que ce soit, qu’on lui impose. Ce pays a connu des rébellions qui ont eu pour bases arrières, des pays voisins. Mais, Kinshasa n’a jamais tiré une seule balle sur le territoire des pays voisins. Kinshasa a réglé ses rébellions par des voies pacifiques. Bujumbura a intérêt à créer des conditions de vie démocratiques à l’intérieur de ses frontières et gagner la confiance des populations. Ce que le ministre de la Défense et des Anciens Combattants a tenté de faire en exhortant la population de Bujumbura à se désolidariser du chef des FNL et ses hommes.
Dans le cas où il aurait des informations sur la présence du chef des FNL sur le territoire congolais, la voie diplomatique est ouverte pour une solution au problème. Choisir la traque à la manière américaine, c’est inviter la Rdc à la guerre. Car, autant que l’armée burundaise dit à qui veut l’entendre ne jamais laisser « cette province sombrer dans le rouge », autant les Fardc ne laisseront une armée étrangère se promener en Rdc sans autorisation. C’est une question de dignité et de solidarité. Le général Pontien Gaciyubwenge se trompe de combat en déclarant et de contexte en déclarant que : « Celui qui combat un terroriste n’a pas à demander une quelconque permission, les Etats-Unis n’ont pas demandé de permission au Pakistan pour frapper Oussama Ben Laden sur son propre territoire ». Il sait ce qu’il dit. Si Kinshasa ne prend pas au sérieux cette déclaration de guerre, ce serait fort dommage.
Joachim Diana G.