Créé le 14 -05-2011 à 00h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le samedi 14- 05-2011 | 19h30 | AFRIQUE REDACTION PAR :
Jean-Claude Ntuala
carte - pièce d'identité
Pour la deuxième fois en deux ans, presque jour pour jour, les kinois sont appelés à reprendre le chemin des différents bureaux d'enrôlement éparpillés à travers la ville. L'opération de renouvellement du fichier électoral est partie pour deux mois. Et pendant soixante jours, les pauvres kinois devront s'aligner, attendant de longues heures, s'exposant ainsi à l'impitoyable chaleur de ces derniers temps (heureusement que la saison fraîche pointe déjà à l'horizon), que leur tour arrive. Les plus malchanceux seront, comme les deux premières fois, contraints de revenir le lendemain.
Quelques semaines seulement après la fin de la dernière opération, la défunte CEI, par la voix de son imperturbable président, annonçait le recommencement de cette manœuvre. Nous nous étions interrogé, à l'époque, sur les raisons ayant motivé cette décision tout en nous posant des questions sur les conséquences qui, dans un pays normal, devaient en découler. La raison évoquée, celle d'uniformisation de ces cartes, avait fait sourire plus d'un à l'époque.
L'abbé-président n'avait en effet aucune excuse étant donné la solide expérience et la maîtrise qu'il était censé avoir acquis cinq ans plus tôt. Mais nous sommes en RDC. Aucune sanction n'était tombée sur la tête du prêtre qui, au contraire, a continué à narguer la population. Comment a-t-il justifié ces millions de dollars ainsi bêtement gaspillés ?
Comme il y a deux ans, le clou de l'opération pour chaque kinois, après ceux des provinces, sera l'obtention d'une nouvelle carte d'électeur. Mais là où l'on ne peut pas, honnêtement, ne pas se poser des questions, c'est que, comme les deux précédentes fois, cette carte servira également de pièce d'identité provisoire. En clair, les Rd congolais n'ont pas d'immatriculation normale depuis plus de dix ans. En plein 21ème siècle, cela ressemble à un roman de science-fiction. Combien sommes-nous? Et pourquoi, justement, ne veut-on pas savoir combien nous sommes ? Pourquoi ne le sait-on pas ? Par pure incompétence, ou est-ce que cela obéit-il -comme toujours- à des agendas cachés ?
Il est notoirement connu qu'à quelques rares exceptions près, toutes les élections présidentielles en Afrique sont suivies des violences générées par les contestations des résultats. Le principal argument des candidats malheureux, contestataires, reste la fraude. Et l'un des éléments constitutifs de la fraude est le nombre des votants. On a souvent entendu, en effet, que des gens non-qualifiés avaient pris part au vote. Il s'agissait soit des mineurs, soit des étrangers qu'une structure politique, généralement celle au pouvoir, aura sciemment aidés à s'enrôler. N'est-ce pas que ce genre d'argument serait résorbé si la population du pays était connue ?
A quelque chose malheur étant bon, cependant, nous profitons de cette occasion pour rappeler la CENI qu'elle doit redoubler de vigilance afin que seuls les Congolais remplissant les critères exigés puissent s'enrôler. Car on le sait, certains candidats, tous échelons confondus, sont toujours tentés de faire enrôler des gamins qui n'auront pas 18 ans cette année ou en 2012. Voilà pourquoi l'opération de recensement de la population ne peut pas être en reste. Il est quand même scandaleux qu'aucun, mais vraiment aucun congolais ne connaisse la population de son pays. Tout le monde verse dans les estimations. Et ces estimations facilitent la fraude électorale.
Enfin, il est grand temps que la RDC montre des signes d'un Etat assez sérieux en faisant une nette distinction entre une carte d'électeur et celle d'identité. On se bat avec acharnement pour changer à l'emporte-pièce des plaques d'immatriculation des véhicules. Les plaques minéralogiques ont été changées au moins trois fois, et Dieu seul sait si la machine s'est arrêtée. Mais personne ne veut parler de recensement, de véritables pièces d'identité. Les hommes ont également besoin d'être identifiés, et pas seulement comme électeurs.
Jean-Claude Ntuala