Créé le 27 -05-2011 à 10h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le VENDREDI 27- 05-2011 | 22H09| AFRIQUE REDACTION PAR : CONGONEWS
Le co-accusé du pasteur Kutino de l'Armée de Victoire, le Bishop Bompere décide de parler après avoir quitté sa cellule du Centre pénitentiaire de Kinshasa,CPRK, le
24 mai dernier au bout de cinq ans. Dans un entretien exclusif à « CONGONEWS », le proche collaborateur de Kutino, raconte, non sans peine, sa dure expérience carcérale. Bompere laisse derrière
lui son maître Kutino maintenu en prison encore pour cinq longues années.
Quels sont vos sentiments après votre libération ?
C'est d'abord un sentiment de soulagement parce que les cinq ans passés en prison n'étaient pas une partie de plaisir non plus. Je ne peux que me sentir soulagé
d'en être sorti, mais en même temps j'éprouve des sentiments d'indignation si je prends mon coté humain.
Etes-vous très choqué de la sanction d'incarcération ?
A voir de près, ce qui s'était passé ne serait arrivé. Franchement, on a rien fait de tout ce qu'on nous a mis sur le dos. On n'a jamais attenté à la vie de qui que
ce soit et cela ne nous est jamais venu à l'esprit. Le procès spectaculaire contre nous a eu juste l'effet de jeter l'opprobre sur notre honneur. Cette attitude nous indigne jusqu'aujourd'hui. Je
suis enfant et serviteur de Dieu, je rends donc grâce à Dieu pour avoir permis que je subisse injustement une humiliation, que je passe par des difficultés que je ne mérite pas. La bible dit que
c'est une grâce. Je loue Dieu de m'avoir fait passer par ces épreuves épouvantables. Ce qui vient confirmer mon appel sur le plan spirituel et je me sens heureux d'avoir emprunté le chemin où
sont passés les apôtres.
Comment s'est passé votre premier contact avec votre famille tant restreinte qu'élargie ainsi que votre communauté chrétienne, Armée de Victoire ?
C'est avec beaucoup de joie que j'ai retrouvé ma famille biologique, mon épouse, mes enfants, toute ma famille élargie ainsi que la famille spirituelle de l'église
« Armée de victoire », mais aussi toute l'église de Dieu. Il est toujours bon de respirer l'air libre et de jouir de toutes les libertés de mouvement. Mon épouse et mes enfants me manquaient
énormément.
Pouvez-vous nous parler brièvement de votre expérience carcérale ?
C'est vraiment quelque chose de très douloureux. On a beau mangé et accompli tout ce qu'on veut, mais lorsqu'un responsable, tel que moi, est privé de sa liberté,
c'est la plus grande épreuve qui puisse exister, la plus grande adversité qui puisse survenir dans ma vie. Je fus coupé de mon monde habituel. Ce fut l'apprentissage d'une nouvelle
vie.
Cette expérience ne pouvait pas être facile dès lors que ces péripéties ne devaient arriver à mon avis.
Comment expliquez-vous cela ?
Etre en prison ne vous prive pas seulement de vos libertés. Il faut y ajouter des humiliations gratuites et méchantes. Ce fut vraiment une épreuve difficile à
supporter.
Vous vous jetez dans l'apprentissage de la folie quand il faut tolérer de vivre des choses auxquelles vous n'êtes pas habitués. Il fallait beaucoup de facultés
d'adaptation pour se fondre dans ce milieu troublant.
Ne vous est-il pas arrivé de mettre en doute votre Dieu au moment de votre détresse ?
Au contraire, c'était des moments d'exaltation, des moments vraiment de sensations intenses de la présence de Dieu. Je vous surprendrai, peut être, en vous disant
que dès que j'ai mis mes pieds en prison, j'avais eu très peur comme jamais auparavant. C'est là que j'ai vu la véracité de la parole de Dieu c'est-à-dire sur le plan intellectuel, je savais
qu'il m'était arrivé quelque chose de compliqué mais sur le plan spirituel, moralement j'étais calme, serein, j'avais une paix extraordinaire et c'est ce qui m'a prouvé que Dieu était avec moi.
Je ressentais la présence divine et cela durant mes cinq ans d'emprisonnement. C'est pourquoi vous m'avez retrouvé en bonne santé.
Une rumeur a circulé dans la ville selon laquelle le pasteur Kutino Fernando a été agressé par des sujets non identifiés dans sa cellule en prison, confirmez-vous
ces allégations?
Je confirme bel et bien cette agression. Pour en savoir davantage, il faudra poser la question à la commission qui a été diligentée par le ministère de la justice.
Ce sont les membres de cette commission qui peuvent s'exprimer sur les détails de cette attaque contre Kutino. Les incidents ont eu lieu au point que l'homme de Dieu Kutino devrait se
rendre à l'hôpital à la suite de ces événements.
La prison est un monde vraiment à part que où il se passe des choses sur lesquelles l'état rd-congolais devrait faire très attention.
Quelle image gardez-vous de la justice rd-congolaise ?
Je ne peux pas juger la justice congolaise par rapport à notre dossier. Je veux croire que c'est un cas vraiment particulier, mais si la justice doit fonctionner à
l'image de ce que nous avons vu et expérimenté nous-mêmes, je me dis qu'il y a encore beaucoup d'efforts à fournir. Peut-être qu'il y a des efforts qui sont entrain de se faire, je n'en doute
pas mais il faudra qu'on ouvre l'oeil de ce coté là. On a demis les magistrats, il y a quelques temps, mais apparemment, ça n'a pas vraiment évolué en réalité. On ne vit pas le changement
annoncé. Même à la cité quand je regarde à la télévision, plusieurs personnes sont arrêtées pour lourds forfaits mais au bout d'un mois ou deux, ils sont relâchés. Ce sont ces incohérences qu'il
faut changer. Le pouvoir public doit mesurer l'impact de l'opération tolérance zéro dans les faits, et les faits ne sont pas vraiment en faveur de l'efficacité de l'opération, il y a encore des
efforts à faire et qu'on les fasse vraiment.
Quelles sont vos relations avec d'autres pasteurs ?
Je suis dans le rang des pasteurs et je crois sans réserve à la parole de Dieu. Je veux faire ce que dit la bible, donc je ne veux pas plaire à l'être humain. Je
dois faire la volonté de Dieu qui me demande de pardonner à ceux qui seraient pour quelque chose dans ce qui nous est arrivé. Je leur pardonne. Il y a aussi la repentance à prouver parce qu'on ne
nuit pas à autrui gratuitement. C'est très méchant.
Deux associations des églises de réveil sont à couteaux tirés, étiez-vous soutenu malgré les dissensions?
Nous avons plutôt vu des hommes de Dieu venir à titre individuel nous exprimer leur sympathie et nous avons cru en leur compassion. Aucune association n'a
formellement agi à notre faveur.
Quels sont vos projets d'avenir, pensez-vous créer un jour votre propre église?
Je ne sais pas. Je dis qu'on ne peut pas à priori avoir les atouts de créer une église. Il faut être appelé pour cela. Je suis disposé à faire la volonté de Dieu.
Pour l'instant, Dieu m'appelle à être là où je suis et je me sens à l'aise dans cet environnement. Si demain, il voudra que je fasse autre chose, qu'il me conduise lui-même. J'encadre les brebis
de Dieu là je suis et je suis content.
Vous venez récemment d'être avec le pasteur Kutino en prison, quel est son état d'esprit après cinq ans d'emprisonnement ensemble?
D'abord je rectifie, on n'a pas passé cinq ans ensemble. En prison oui, mais nous sommes l'un à côté de l'autre depuis une vingtaine d'années. Je n'ai jamais vu le
pasteur Kutino baisser les bras. Il est un homme qui doit vraiment inspirer beaucoup d'autres. Le pasteur Kutino est d'un courage rare. Il est un homme à convictions avec le moral très fort. Le
Pasteur Kutino a prié pour moi le jour où je sortais de ma cellule. Il m'a demandé de continuer l'oeuvre de Dieu pendant les quelques temps qu'il a encore en prison et j'espère que ce sera un
séjour très bref.
PATHY MAWETE