Créé le 01-06-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le MERCREDI 02- 06-2011 | 11H15| AFRIQUE REDACTION PAR : LE POTENTIEL
Instituée depuis plus d’une année par la RVA sur chaque fret et vol (national et international), la perception de la taxe IDEF (Fonds de développement des
infrastructures aéroportuaires) est couverte d’un flou artistique. Les recettes déclarées seraient en dessous de la réalité. Aussi dans les milieux spécialisés redoute-t-on un véritable
tripatouillage.
Pour l’année 2010, la RVA (Régie des voies aériennes) a recouvré au titre de l’IDEF 20.167.581,40 Usd. Montant dérisoire, estime-t-on tout de suite. Cela au regard
du flux des passagers et du volume du fret tant au plan national qu’international.
Entreprise publique transformée depuis janvier 2011 en société commerciale,la RVA est à la recherche d’une enveloppe d’environ 150 millions Usd pour financer son
plan d’investissement prioritaire en équipements divers.
La révélation a été faite mardi 31 mai 2011 au Grand Hôtel Kinshasa par son administrateur directeur financier à l’atelier préparatoire de la table ronde des
bailleurs sur le financement de la relance de la RVA.
Le programme est certes ambitieux. Avant son départ, l’ancien ADG de la RVA Jean Assice avait annoncé un financement du même ordre par la Banque africaine de
développement (BAD). Depuis, l’on n’en parle plus. Cela voudrait-il signifier que cette promesse ou annonce serait fallacieuse ? Rien n’est moins sûr.
La stratégie de cette surtaxe (IDEF), appelée pudiquement redevance, n’a pas permis de résoudre le problème. Pour les voyageurs assujettis à cette taxe
supplémentaire, sur le terrain, des changements notables à la hauteur des efforts consentis ne sont pas encore palpables. Les bruits faits autour de l’opération n’auraient été que de la
propagande pour convaincre à mettre la main à la poche. L’opération n’étant pas circonscrite dans le temps, les voyageurs redoutent de payer ad vitam aeternam cette surtaxe sans percevoir le bout
du tunnel. Jusque-là, c’est le pavillon présidentiel qui est présenté comme la principale réalisation réussie avec l’IDEF : son inauguration avait eu lieu le 28 Juin 2010. «Ce bâtiment élégant,
unique sur le continent africain et ailleurs, fut réalisé en un temps record de 6 mois», vante-t-on à la RVA.
La RVA n’aurait-elle que l’IDEF comme source de financement de ses investissements ? A cette interrogation, nombre d’observateurs s’indignent du manque
d’imagination de la part de ceux qui considèrent que les Congolais devraient continuer à supporter cet effort sans espoir de voir le fardeau déchargé dans un proche avenir. Avec la vitesse de
mobilisation présentée par la RVA, il faut près de huit ans de sacrifice pour lui permettre de réaliser son programme. Inacceptable à tous points de vue.
Avec ses multiples sources de financement, la RVA ne doit pas se rabattre principalement sur les voyageurs pour réussir son programme, alors que ses recettes
traditionnelles pourraient lui apporter le nécessaire en appui à la réalisation de sa mission. Cela pousse à penser que la redevance IDEF n’est pas une solution adéquate pour la modernisation des
infrastructures aéroportuaires en RDC. D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement au regard des réalités du terrain.
L’IDEF EN QUESTION
Des chiffres publiés par la RVA, il y a lieu d’en analyser la composition afin d’en déterminer la portée ainsi que l’incidence. Il y a lieu également d’en pénétrer
les contours dans le but d’en cerner la fiabilité. Est-ce que 20.167.581,58 Usd peuvent refléter l’importance des flux enregistrés pendant la période de perception, c’est-à-dire ? De la fiabilité
du système dépend la poursuite des efforts sans effaroucher la bonne volonté des assujettis. Une mini enquête menée auprès des transporteurs aériens a permis de relever qu’en moyenne, 230 à 250
personnes par vol à partir de l’aéroport international de N’Djili pour l’étranger. La fréquence de vols est d’environ 40 par semaine. Une année comptant 52 semaines, l’on peut se permettre
d’effectuer certaines opérations. Les calculs faits indiquent que pour le seul aéroport de N’Djili, c’est près de 24 millions Usd qui devraient être mobilisés en moyenne.
Superposé sur le chiffre de 20.167.581,58 Usd présenté par la RVA, il se dégage une différence de presque 4 millions Usd. Ici, le taux de remplissage de certaines
lignes n’est pas pris en compte, d’autant qu’il n’atteint pas nécessairement le seuil retenu.
S’il faut y ajouter les vols intérieurs, le fossé entre les deux chiffres serait davantage large. Bref, on est loin de la réalité. La RVA devrait jouer la carte de
la transparence jusqu’au bout. De manière à rassurer tout le monde.
Pourquoi l’implication des structures étatiques de contrôle est-elle mal perçue ? Au contraire, leur droit de regard dans les livres touchant aux opérations liées à
l’IDEF serait un signe de bonne gouvernance. Ne dit-on que la transparence rime avec le contrôle ?
C’est même faire honneur à la RVA que de démontrer à travers une structure comme l’Inspection générale des finances ou la Cour des comptes que tout se passe suivant
les règles de l’art. L’argent du contribuable congolais doit suivre un schéma d’utilisation plus rassurant. Les efforts consentis ne devraient pas bénéficier à un groupe d’individus au détriment
et sur le dos de la population.
Avec près d’une quarantaine de vols internationaux par semaine, l’aéroport de N’Djili contribue beaucoup à l’approvisionnement du compte IDEF. En outre, les
aéroports de Bangboka à Kisangani et de la Loano à Lubumbashi, enregistrent aussi des départs internationaux. Quelle est leur part dans la constitution de l’enveloppe totale de l’IDEF collectée
en 2010. Les cargos et autres vols non réguliers, eux aussi, n’auraient apporté que la portion congrue aux efforts de modernisation des installations aéroportuaires engagés par le gouvernement et
la population congolaise ? Question pertinente.
Il y a donc un flou autour de la gestion de ce fonds. Tout se passe comme si une partie de recettes recueillies sous la rubrique IDEF prendraient une destination
autre que l’objectif pour lequel la redevance a été instituée. Preuve, l’état désastreux dans lequel se trouvent trois grands aéroports internationaux de la RDC, à savoir N’Djili( Kinshasa),
Bangboka(Kisangani) et Loano( Lubumbashi).
L’IDEF a été détourné de son objectif. Entre-temps à la RVA, les 4.679 travailleurs, actifs et passifs broient du noir. Et par conséquent, le service s’en
ressent.
L’heure est venue, pense-t-on, de vérifier les comptes après la publication des chiffres par la RVA. C’est un exercice républicain auquel il faut se soumettre.
C’est cela la bonne gouvernance.
Pour rappel, l’IDEF est une taxe imposée par le gouvernement pour la modernisation des aéroports, la réhabilitation des pistes, etc. Chaque voyageur doit payer à
l’embarquement 10 Usd sur les vols intérieurs contre 50 Usd pour les vols internationaux.
A N’Djili, la construction du pavillon présidentiel devrait être suivie sans tarder de l’érection d’une nouvelle tour de contrôle.