Créé le 01-06-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le MERCREDI 02- 06-2011 | 11H15| AFRIQUE REDACTION PAR : LE PHARE
Floribert Chebeya Barizire, ancien directeur exécutif de la Voix des Sans Voix pour les Droits de l'homme (VSV) et son chauffeur, Fidèle Bazana Edadi, de la même
ong, ont disparu depuis le rendez-vous que le premier avait, dans l'après midi du 1erjuin 2010, avec le Général John Numbi à son bureau de l'inspection générale de la Police, dans la commune de
Lingwala. Si le corps torturé et sans vie de Floribert Chebeya avait été retrouvé le lendemain, à Mitendi sur la route du Bas-Congo, celui de Fidèle Bazana reste introuvable. Et les différents
prévenus impliqués dans ce crime refusent, jusqu'à présent, de dévoiler l'endroit où ils l'auraient jeté. C'est dans ce contexte que les Ongs de Droits de l'Homme ont commémoré ce 1er juin 2011,
le premier anniversaire de ce double assassinat.
Les différentes cérémonies prévues à cet effet, ont commencé dans1 la matinée par un recueillement sur la tombe de Floribert Chebeya, au cimetière de Benseke Futi
(Nouvelle Cité). Plusieurs responsables et animateurs des ongs de La capitale et d'aUtres provenant des provinces, ont participé à ce recueillement, en présence de Janvier Luzolo Bambi Lessa,
ministre de la Justice et Droits humains, venu représenter le gouvernement de la République. On a aussi noté une présence remarquable des représentants certaines chancelleries occidentales.
Plusieurs mots de circonstance étaient prévus à cette occasion avant la pose de la première pierre sur la tombe, par le ministre de la Justice, pour la construction d'un mausolée.
Ce dernier point, au, moment de son accomplissement à la fin de cérémonie de recueillement, a provoqué une vive tension parmi les acteurs de la Société civile
présents au cimetière. Les responsables du Réseau National des Ongs de Droits de l'Homme au Congo (Renadhoc) et ceux de la VSV avaient prévu - en accord avec la famille biologique - la pose de
cette première pierre. Par contre, plusieurs animateurs des Ongs présents sur le lieu, non seulement ont contesté la validité dé cet acte en ce moment précis où le verdict du procès contre les
assassins n'est pas encore rendu public par la Justice militaire mais surtout ils se sont catégoriquement opposés à sa concrétisation sur la tombe de Chebeya. Ils ont justifié leur refus par
plusieurs arguments ils ne voulaient pas que le ministre de la Justice, représentant de l'Etat congolais -qu'ils considèrent comme responsable de ce double assassinat -pose cette
pierre.
Enfin, un consensus évite l'affrontement
D'autres n'en voulaient pas en arguant que cela constituerait une injustice au moment où la tombe de Fidèle Bazana restait introuvable. Et ils ne comprenaient pas
que ceux qui avaient établi le programme aient pu prévoir ce qu'ils considéraient, eux, comme une offense à la mémoire du défunt en permettant, en plus, à un représentant de l'Etat d'en être
l'auteur. Les responsables de la Vsv et du Renadhoc ont usé de la patience et d'argument en montrant qu'un mausolée n'était qu'un abri digne (une petite construction abritant le tombeau), et que
s'il fallait construire un monument, comme d'aucuns le réclamaient, on le ferait u Centre ville. A la fin, après le départ du ministre, un consensus a fait que la pierre a été posée par le
Président du conseil d'administration de Renadhoc, en toute simplicité.
Prenant la parole avant cet incident, au nom de la fa- mille biologique, Mme Adélaïde Chebeya Tshibalonza, soeur aînée du défunt, a remercié tous ceux qui ont pensé
à venir se recueillir sur ce lieu en ce moment précis. Elle a cité expressément la VSV et le Renadhoc. Elle a tenu à préciser' qu'après le double assassinat de Chebeya et de Bazana, un procès a
établi de façon irréfutable que l'ancien directeur exécutif de la VSV et son compagnon ont été assassinés dans les installations de la Police Nationale Congolaise.
Trois revendications pour les familles éplorées
Pour cela, elle a précisé que la famille Chebeya exprime trois revendications légitimes primo, que toutes les personnes, officiers ou sous officiers de la Police et
leurs complices, reconnus coupables, de ce double assassinat, soient jugées sans complaisance et condamnées aux lourdes peines qu'elles méritent ; secundo, que toutes les personnes qui ont été
mises à l'écart du procès en cours alors qu'elles y sont manifestement impliquées, soient rattrapées, traduites en justice et jugées à leur tour pour prouver qU'e la justice dans notre pays et la
tolérance zéro s'appliquait à tout le monde, sans exception ; enfin, tertio, que les familles, les parents, les enfants et les veuves des deux familles soient dédommagés par l'Etat qui est
civilement responsable de ce double assassinat qui est un crime d'Etat.
Par ailleurs, le Grand- Frère de Fidèle Bazana, appelé à témoigner, a dit manquer des mots justes pour décrire ce qui se déroule sous ses yeux. Sa famille, dit-il,
reste jusqu'à présent doublement peinée, du fait d'avoir perdu un de ses membres le plus cher, mais aussi de n'avoir jamais eu l'occasion e voir sa dépouille pour lui rendre un dernier hommage;
alors que l'assassinat s'est déroulé dans un bureau de l'Etat congolais. C'est ainsi que jusqu'à présent, il se pose la question de savoir si réellement en Rd Congo il existe encore un Etat digne
de ce nom. Au' moment où il parlait, il dit ne plus savoir à qui se vouer pour retrouver ne fut-ce que le corps assassiné de son frère.
Le ministre promet une justice juste et une existence juridique et politique aux défenseurs de droits humains
Par ailleurs, les représentants des organisations de la Société qui ont pris la parole et ont tous juré de ne jamais laisser en paix tous ceux qui sont impliqués
dans ces assassinats. Ils ont promis d'user de tous les moyens pour que cette impunité qui n'a que trop duré cesse. Par ailleurs, Dolly lbefo, directeur exécutif de la VSV a amèrement regretté
l'impunité qui gangrène notre société et les balbutiements de la justice non indépendante de notre pays qui est loin de garantir une justice juste et équitable. Prenant la parole, le ministre de
la Justice e quant à lui fait une promesse sur la tombe : garantir l'existence juridique et politique aux défenseurs des droits de l'homme. Pour cela, il a annoncé le dépôt par le gouvernement
d'un projet de loi au Parlement. II espère ainsi que ces' défenseurs évalueront dans des conditions de sécurité différentes de celles d'aujourd'hui. Il a aussi promis une justice juste et
équitable non seulement pour les deux défunts, mais aussi pour tous ceux qui leur sont chers.
Dans l'après-midi, un Culte d'actions de grâce a été célébré à la Cathédrale Notre Dame de Lingwala, en présence de plusieurs autorités et à l'issue duquel une
enveloppe a été remise à la famille biologique de Chebeya.
SAKAZ