Créé le 01-03-2011 à 17 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le mardi 01 -03-2011 à 17 h10 | PAR : CONGOINDEPENDANT
"Joseph Kabila"
Cinq années après l’élection présidentielle de 2006 «remportée» par «Kabila», l’Etat congolais en tant que pouvoir politique a perdu tout son caractère républicain, institutionnel, en prenant le relief d’une «chose» appartenant au chef de l’Etat en place et son clan. Les affaires du pays sont gérées dans la plus totale opacité. Le gouvernement, dépouillé de toutes ses prérogatives, fait semblant de gouverner. L’appareil judiciaire, l’armée, la police, les services des renseignements civils et militaires fonctionnent au gré des intérêts du «clan kabiliste». Ces organismes publics ne sont soumis à aucun contrôle démocratique. Ils ne rendent compte qu’au seul chef de l’Etat. Là où le bat blesse est que les citoyens sont tenus dans l’ignorance des faits présentant un intérêt public. Allergique à la communication, «Kabila» traite ses concitoyens en mineurs d’âge et donne l’impression qu’il n’a pas de compte à rendre à la population. La gestion de la récente attaque de la résidence présidentielle à Kinshasa met une fois de plus à nu une conception anti-démocratique du pouvoir.
Conseil supérieur de la défense
Plus de quarante-huit heures après l’attaque, vraie ou supposée, de la résidence de «Joseph Kabila», dimanche 27 février 2011, la population congolaise continue à
supputer et à spéculer. Et ce, faute d’une information officielle renseignant sur ce qui s’est réellement passé. Les experts en «communication de crise» sont formels : «En temps de crise, il vaut
mieux dire la vérité, toute la vérité… ». A défaut, place aux rumeurs.
Un mensonge d’Etat finit toujours par être rattrapé par la vérité. Sous d’autres cieux et particulièrement dans les Etats respectueux d’un minimum de règles
démocratiques, le chef de l’Etat ou le magistrat chargé de l’enquête se serait présenté devant les médias pour rendre compte ; donner la version officielle. Les gouvernants congolais se
rendent-ils compte qu’ils ont l’obligation de rendre compte aux citoyens ? Toute la question est là !
Après «l’incident» du dimanche, «Joseph Kabila» a présidé, lundi 28 février, une «réunion extraordinaire» du Conseil supérieur de la défense. La rencontre a eu lieu
au même endroit qui a été «attaqué» la veille. Bravade? Les psychologues ont de la matière. La réunion n’a eu qu’un seul sujet à l’ordre du jour : «La situation relative à l’attaque de la
résidence du chef de l’Etat, des sièges des autres institutions et des installations de la base logistique centrale des forces armées».
«Le Conseil rappelle à l’opinion qu’un groupe armé a tenté ce dimanche 27 février 2011 en début d’après-midi de troubler l’ordre public en attaquant la résidence
officielle du président de la République, les sièges des autres institutions et la base logistique centrale des forces armées, indique le communiqué publié par le ministre de la Défense
nationale, Charles Mwando Nsimba. Nos forces de sécurité les ont maîtrisés faisant des morts et des capturés parmi eux.» «Le Conseil, poursuit le communiqué, a noté avec satisfaction le calme
observé par notre population qui a continué à vaquer à ses occupations en toute quiétude et l’appelle à la vigilance. Tout un train de mesures a été pris afin d’accroître davantage la sécurité,
en vue d’assurer le déroulement normal des élections ainsi que le développement de notre pays.»
Kin-la-rumeur
A Kinshasa la rumeur court. Selon des sources, la réunion du Conseil supérieur de la défense n’a pas été présidée par le «raïs». Les personnes ayant suivi les
images du journal télévisé de la télévision d’Etat (RTNC), lundi, assure la main sur le cœur que «Joseph» n’y a pas pris part. Certaines affirment que ce dernier se trouvait dimanche à
Lubumbashi. Sur le "Net", des internautes auraient aperçu l’ombre de "Kabila" à Harare au Zimbabwe. Qui dit vrai?
Certains passages et omissions du communiqué publié par le ministre Mwando appellent quelques observations. C’est assez surprenant d’entendre le Conseil supérieur
de la défense – qui regroupe en son sein notamment tous les responsables des services dits de sécurité lesquels se comportent en milices du régime Kabila - appeler la population «à la vigilance».
Vigilance? Sous la Deuxième République, Mobutu Sese Seko exhortait les «militantes et militants» du MPR à faire preuve de «Miso gaa !». Traduction : vigilance. De quelle vigilance parle-t-on dans
un pays censé vivre sous le règne du pluralisme politique, c’est-à-dire dans une ambiance de confrontation permanente et pacifique des idées politiques? Qui doit vigiler contre qui? Le pouvoir
kabiliste a-t-il trouvé le prétexte qui lui manquait pour lancer un "appel à la délation" contre tous les opposants et critiques du régime? «Kabila» et les participants à la réunion du Conseil
supérieur de la défense voudraient-ils transformer chaque citoyen congolais en «délateur» du parti présidentiel, le PPRD?
Le communiqué publié par Mwando indique par ailleurs que le Conseil «a pris un train de mesures afin d’accroître davantage la sécurité, en vue d’assurer le
déroulement normal des élections ainsi que le développement du pays.» Quelles sont ces mesures ? Quel rapport y aurait-il entre l’attaque de la résidence présidentielle et «le déroulement normal
des élections»? Des sources à Kinshasa indiquent que des arrestations ont été opérées par des membres du service du conseil spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité. Au nom de quels
principes? Quelles sont les identités des personnes arrêtées ? Quels sont les faits mis à leur charge ? Pourquoi le communiqué du ministre de la Défense omet-il de parler de ces arrestations? Le
pouvoir kabiliste n’inspire plus confiance à la population. En cause, son manque de transparence dans plusieurs autres dossiers. Voici un petit florilège.
Des précédents
En mai 2005, André Tshombe est arrêté par des agents de l’ANR (Agence nationale de renseignements). Il est accusé d’être le «cerveau» d’une «tentative de sécession»
de la province du Katanga». Six années après, les conclusions des enquêtes ouvertes n’ont pas été divulguées.
Le 23 mai 2010, une vingtaine de personnes ont été interpellées à Lubumbashi. Selon le ministre provincial en charge de l’Intérieur, Dikanga Kazadi, ces personnes
«projetaient de mettre le désordre dans la ville avec des armes de guerre». "On remonte le réseau petit à petit pour pouvoir identifier tous ceux qui sont concernés de près ou de loin",
soulignait-il. Les personnes arrêtées sont présentées comme des membres d’une «organisation séparatiste» dirigée par un certain Elie Kapend. Le mouvement aurait comme «objectif à court terme» la
proclamation un nouvel «Etat du Katanga». L’ancien «commissaire d’Etat» aux Mines, Mbenga Sandonga, 67 ans, aurait même été cité lors des interrogatoires. La suite de ce dossier demeure un
mystère.
Le vendredi 4 février aux alentours de 4 heures du matin, l’aéroport de la Luano à Lubumbashi est attaqué par un "groupe armé non identifié". Un échange de tirs
s’en est suivi avec des soldats qui assuraient la sécurité de l’aéroport. Bilan : un fonctionnaire tué. Qui est l’auteur de cette attaque? Mystère. Où en est l’enquête? Silence radio.
Et si les Congolais étaient les premiers responsables de la dérive dictatoriale du pouvoir kabiliste? A titre d’exemple, il ne se passe pas un jour sans apprendre
que tels segments de la population congolais demandent «l’implication personnelle» du président de la République pour résoudre tel menu problème ou tel autre. Dans la presse kinoise du lundi 28
février, on pouvait, en effet, lire qu’un groupe de candidats magistrats dont les noms n’ont pas été retenus pour la session de formation - bien qu’ils aient passé avec succès le test - ont
décidé de saisir …le chef de l’Etat afin d’intervenir «en leur faveur». Que sont devenues les autres voies de recours en pareil cas? Seraient-elles inopérantes? Pourquoi? C’est à croire que le
président de la République est devenu l’unique Institution de la République alors qu’il y en a quatre aux termes de l’article 68 de la Constitution. A savoir : le Président de la République, le
Parlement, le Gouvernement et les Cours et tribunaux. Un politologue congolais de conclure : "L’Etat n’est pas un bien. Nos dirigeants doivent savoir que la gestion de l’Etat n’est pas de la
magie. Il s’agit des affaires publiques. Les gouvernants peu disposés à rendre compte à la population de la marche de la collectivité nationale devraient changer de métier...".
B.A.W
Ci-après, la liste des participants à la réunion du Conseil supérieur de la défense :
- le Premier ministre, chef du gouvernement Monsieur Muzito Adolphe ;
- Monsieur Adolphe Lumanu Bwana Nsefu, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et Sécurité ;
- Monsieur Charles Mwando Nsimba, ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants ;
- Monsieur Alexis Thambwe Mwamba, ministre des Affaires étrangères
- Le lieutenant-général Didier Etumba, chef d’état-major général des Forces armées de la République démocratique du Congo ;
- L’inspecteur divisionnaire adjoint Charles Bisengimana, inspecteur général de la Police nationale congolaise, ad intérim ;
- Le général-major Massamba Mussungu, chef d’état-major de la force aérienne ;
• Le général de brigade Mbala Célestin, chef d’état-major particulier du président de la République, ad intérim.
Invités :
- Monsieur Gustave Beya Siku, directeur de cabinet du président de la République ;
- Monsieur Pierre Lumbi, conseiller spécial en matière de sécurité du président de la République
- Monsieur Darwezi Mokobe, l’administrateur général de l’ANR ;
- Monsieur François Beya directeur général de la DGM.
- Le général de Brigade Kitenge Tundwa, chef d’état-major de renseignements militaires ;
- L’inspecteur divisionnaire adjoint Unyon Vakpa, directeur de renseignements et services spéciaux de la Police nationale congolaise
- Monsieur André Kimbuta Yango, gouverneur de la ville de Kinshasa
- Le général de Brigade Banze Lubundji, commandant de la Garde républicaine.
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