Créé le 04-03-2011 à 11 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le vendredi 04 -03-2011 à 11 h10 | PAR : LE POTENTIEL
Par Donatien Ngandu Mupompa
Au sujet du meurtre de Floribert Chebeya, les avocats de la partie civile exigent la comparution des premiers responsables de l’Agence nationale de renseignements (ANR), en arguant que pour avoir été la première à identifier un corps sans pièces d’identité, cette agence ferait partie de ceux qui ont prémédité la mise à mort.
Hier jeudi 3 février, l’audience qui oppose le ministère public aux assassins présumés des défenseurs des droits de l’Homme Floribert Chebeya a été consacrée à l’audition de l’expert Marcellin Bokungu de Vodacom, du bourgmestre Olivier Saya de la commune de Mont-Ngafula, du commissaire principal Ngole Ngoy qui avait enlevé le corps du quartier Mitendi à la morgue, du commissaire principal Jonas Mbaya Kanku, du sous-commissaire Mbata Mputu Hugues, du sous-commissaire Yobila Kapukulu Hyppolite. Les trois derniers ont été confrontés au Camerounais Gommer Martell qui affirme avoir vu Floribert Chebeya et son chauffeur dans le couloir de l’immeuble de l’Inspection générale dans la soirée du 1er juin 2010.
De toutes ces dépositions, c’est celle du bourgmestre de la commune de Mont-Ngafula qui a soulevé plus de passion du côté de la partie civile. Tout simplement pour avoir déclaré que le procureur de la République avait ordonné l’enlèvement du corps par téléphone. Mais qu’informé sur l’identité du mort par le REDOC qui avait reçu des précisions du chef de poste de l’ANR, qui s’est basé sur une carte de visite déchiquetée, l’administrateur général de l’ANR avait donné un contrordre. Pour le patron des services de renseignements en effet, vu l’importance de l’homme décédé, le procureur seul devait se présenter sur le lieu du crime.
Tombant sur l’occasion, Me Jean-Marie Kabengela Ilunga a déclaré à la Cour militaire : « La chaîne est longue en amont et en aval. Celui qui a identifié le mort est parmi ceux qui ont prémédité ». Venu à sa rescousse, Me Richard Bondo Tshimbombo Bontshi a dit aux juges : « La mort de Chebeya était connue en haut lieu. Que l’administrateur général de l’ANR et le REDOC viennent comparaître ici ».
Non content de cette démarche de la partie civile, le colonel magistrat Masungi, premier président de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe, a lancé aux avocats : « A ce rythme-là, nous allons arriver jusqu’en juin, en faisant comparaître toute la République ». Mais Me Richard Bondo est revenu à la barre pour expliquer que le 2 juin 2010, le colonel Daniel Mukalay était à l’ANR. Se faisant plus explicite, Me Kabengela a déclaré aux juges : « C’est-à-dire que vous avez commis une forfaiture, et vous voulez que l’officiel vous couvre ». En entendant ces mots, le premier président de la Cour a rétorqué que l’administrateur général a donné des ordres qui sont conformes au règlement. Mais ne s’estimant pas battu, Me Richard Bondo a brandi l’article 149, alinéa 3 de la Constitution.
LA DEFENSE S’OPPOSE
Décidé à convaincre la Cour militaire, le bâtonnier Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba est passé à son tour à la barre pour expliquer qu’au moment des faits, le prévenu Ngoy Mulongoy a dit à la veuve Chebeya qui recherchait son mari : « Allez à l’ANR ». Pour le bâtonnier Mukendi donc, la vérité sur le meurtre de Chebeya se trouvait à l’ANR qui a joué un rôle actif quant à l’identification de Chebeya. Le chef du collectif des avocats de la partie civile a ajouté que même aux représentants des organisations non gouvernementales de défense des droits de l’Homme, les officiers de l’Inspection générale de la police les avaient envoyés à l’ANR. Le bâtonnier Mukendi a fini par préciser : « C’est à l’ANR qu’on a confirmé la mort de Chebeya le 2 juin 2010 à partir de 11h30’’. L’ANR donnait déjà tous les détails, et c’est l’administrateur général qui a donné l’identité et l’ordre ». Toujours à l’attention de la Cour, le bâtonnier Mukendi a déclaré qu’il y a une assurance qui montre que l’administrateur général possédait des éléments que tout le monde n’avait pas.
Appelé à donner son avis, le ministère public s’est référé à la loi qui dit que lorsqu’une partie sollicite la comparution d’une personne, c’est la Cour qui use de son pouvoir discrétionnaire.
Son tour venu, la défense a dit être d’avis que la notion du délai raisonnable serait battue en brèche. Et ce, du fait qu’il faudra des autorisations spécifiques. Elle a fini par faire remarquer : « Nous connaissons les subtilités de ces services. Nous pensons que cette demande ne pourra pas être agréée avec succès devant votre Cour ».
Pour sa part, Me Charlene Yangazo, avocat de la République, a trouvé que la partie civile est en train de vouloir une chose et son contraire. Ceci, du fait qu’elle dit à la Cour de convoquer l’ANR tout simplement pour avoir identifié Chebeya sur base d’une carte de visite. A ce sujet, la femme avocat a précisé que le propriétaire des cartes possède toujours un lot important.
Avant de se décider, la Cour a décidé d’entendre le commissaire principal François Nkuna de la police scientifique à l’audience prochaine, afin qu’il vienne l’éclairer sur la nature de ces cartes de visite.