Créé le 05-03-2011 à 04 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le samedi 05 -03-2011 à 20 h10 | PAR : LE POTENTIEL
La confusion s'installe finalement dans les mines de l'Est où le gouvernement a promis de lever, le 10 mars 2011, la mesure d'interdiction qui frappe l'exploitation
artisanale. Avouant, de ce fait, son incapacité à neutraliser les réseaux - semblables à l'hydre de la mythologie - qui opéraient autour de ces mines, elle rouvre la porte à la maffia. Qui est de
retour, par la grande porte.
Septembre 2010 : Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo, est en tournée dans l'Est et y fait un constat amer. L'exploitation désordonnée
des mines par divers groupes, généralement incontrôlés, est à la base des tensions récurrentes dans ces zones.
Dépité, il instruira le ministre des Mines, Martin Kabwelulu, qui fait partie aussi de la délégation de suspendre par voie d'arrêté toute forme d'exploitation
minière au Maniema et dans les deux provinces du Kivu. Les termes du communiqué, qui rend compte de la suspension, sont suffisamment éloquents.
Le ministre des Mines y rappelle la conclusion à laquelle est arrivé le chef de l'Etat. La mesure entrera en vigueur dès sa publication " pour une durée
indéterminée ", en attendant que l'ordre soit restauré dans les mines de l'Est. Par " ordre ", il s'agit pour le gouvernement de neutraliser tous les groupes maffieux qui opèrent dans ces zones
minières.
Cette décision est motivée par le constat " amer " du chef de l'Etat qui estime que " l'exploitation minière dans cette partie du pays résulte du fait des activités
des groupes mafieux qui confortent l'insécurité récurrente".
LE CHEF DE L'ETAT DENONCE
Plus grave. Le chef de l'Etat a, pour justifier la mesure de suspension, dénoncé " l'implication manifeste de certaines autorités locales, provinciales et
nationales, tant civiles que militaires, dans l'exploitation illégale et le commerce illicite des substances minérales ". A son avis, l'exploitation minière dans l'Est de la RDC a été le fait des
groupes maffieux dont les ramifications, selon lui, s'étendent bien au-delà des zones d'exploitation. Plus explicitement, jusqu'à Kinshasa où des autorités tant civiles que militaires tirent
profit du commerce illicite des minerais de l'Est. C'est à cette maffia que le gouvernement avait décidé de s'attaquer, en décrétant la fin de la récréation dans les mines de l'Est.
Aujourd'hui que la réflexion se développe autour de la levée de cette mesure de suspension, il y a lieu de s'interroger sur ce qui a été réellement fait sur le
terrain pour ne pas redonner de l'espace aux réseaux maffieux.
Sur ce point, le gouvernement, qui a annoncé pour le 10 mars 2011 la levée officielle de la mesure d'interdiction n'a donné aucune précision. Sur le terrain, des
sources concordantes confirment l'intense activité des groupes armés autour des mines de l'Est.
Ainsi, malgré l'interdiction de l'exploitation artisanale, l'activité minière a continué à tourner dans les principales mines Le coltan, l'or et la cassitérite ont
continué à être tirés du sous-sol en toute impunité et sous le regard complice des autorités politico-militaires censées garantir l'application de la mesure de suspension.
L'interception à Goma d'un avion étranger chargé d'expédier une cargaison d'or hors des frontières nationales en est une belle illustration. C'est la preuve que des
groupes maffieux, ceux épinglés par le chef de l'Etat en septembre 2010, ont persisté dans leurs activités, narguant ouvertement l'autorité de l'Etat.
Dépouillé de son pouvoir de coercition, le gouvernement ne pouvait faire mieux que revenir sur sa décision, pour ne pas se couvrir indéfiniment
d'opprobre.
Mais, le question qu'il faut se poser est celle de savoir si, entre la mesure de suspension de septembre 2010 et sa levée en mars 2011, des groupes maffieux,
nommément identifiés, ou des personnalités (civiles, politiques et militaires) alimentant ces réseaux ont été mises hors d'état de nuire.
Pour l'heure, il est difficile de répondre à cette question, compte tenu de l'opacité délibérément entretenue en haut lieu autour de l'affaire de l'avion saisi à
Goma.
Pire, avec la levée de la mesure de suspension, ils ont maintenant l'autorisation légale d'opérer en toute quiétude. Malheureusement, au détriment du pays qui ne
tire pas profit de l'activité minière artisanale de l'Est.
LE REGNE DE LA PREDATION
Dans la plupart des cas, c'est une minorité qui se partage le butin, laissant le peuple périr dans une misère noire. Et la reprise de l'exploitation n'est qu'une
façon de permettre aux groupes armés, qui opèrent dans les zones minières, de s'octroyer les moyens de se réarmer et d'entretenir leur mouvement.
Des études ont prouvé que les matières précieuses de l'Est de la RDC constituent la source principale de revenus pour les Forces démocratiques pour la libération du
Rwanda (FDLR) depuis plus d'une décennie.
Mais, il n'y a pas que les rebelles rwandais qui tirent profit de l'exploitation des minerais. Certains éléments FARDC se sont détournés de leur mission (la traque
des FDLR et la sécurisation de la population) et ont, à leur tour, érigé des barrières routières pour rançonner les exploitants artisanaux. D'autres n'hésitent pas à s'exercer à l'exploitation
des carrés miniers par l'entremise des civils qu'ils utilisent.
C'est donc un cycle infernal qui rend incertain le retour de la paix et de la sécurité à l'Est de la RDC.
Le gouvernement ne se rend-il pas compte d'être en train d'affaiblir l'autorité de l'Etat ? Par conséquent, le peuple congolais doit ouvrir l'œil et le bon. Car,
les défenseurs de la thèse de la balkanisation n'ont pas encore désarmé.