Le 19-07-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le Mardi 19- 07-2011 | 10h15| PAR : LA REPUBLIQUE
La tournée occidentale du président de l’UDPS se révèle une catastrophe. Le 9 juillet 2011, clôturant sa tournée euro-américaine, le lider maximo a lâché devant la
diaspora ce bout de phrase révélateur : " le peuple congolais est arrivé à maturité pour se choisir la personne qui va le diriger, sans l'aide des ‘tuteurs’ occidentaux"!
C’est bien là la preuve, si besoin est, qu’il n’a pas réussi à convaincre ses interlocuteurs occidentaux à le suivre dans sa campagne de diabolisation de la CENI.
En les attaquant au terme de son périple, il confirme le schéma qui se dessine déjà : celui du boycott des élections de 2011-2013. D’où, à Kinshasa, les initiatives de plus en plus incohérentes
de ses partisans qui vont jusqu’à se passer de l’autorité de Shabani et Moleka, deux acteurs qui découvrent à leurs dépens les épreuves vécues par leurs prédécesseurs dans l’entourage du Sphinx
de Limete. Comme pour faire diversion, Tshisekedi se souvient de l’existence de Jean-Pierre Bemba Gombo …
C’est, finalement, le vendredi 15 juillet 2011 qu’Etienne Tshisekedi, en séjour prolongé en Europe depuis quasiment cinq ans, s’est souvenu de l’existence de
Jean-Pierre Bemba, pourtant en détention depuis trois ans à la Haye, sur plainte de la CPI. Il lui a rendu enfin la visite plus d’une fois annoncée, plus d’une fois reportée.
A en croire le conseiller politique Valentin Mubake, le chairman a tout juste rappelé au lider maximo sa victoire à la présidentielle de 2006, tout en
résumant dans la corruption le problème n°1 de la classe politique congolaise. Nous y revenons plus bas.
L’entretien, qui a duré plus d’une heure, a affirmé le proche collaborateur du lider maximo, n’a pas porté sur les questions politiques de l’heure, notamment
le processus électoral en cours marqué par la révision du fichier électoral. Ce qui peut signifier qu’il n’y a pas eu accord formel d’une nouvelle union sacrée sous le label « Tshisekedi
Président ».
Cette rencontre, pour les observateurs avertis, n’est pas sans rappeler la visite d’un certain Etienne Tshisekedi à un certain Mobutu, alors en convalescence
à Nice, fin 1996, pour ne pas dire à l’article de la mort. On se souviendra qu’au sortir de la résidence du maréchal, le lider maximo avait annoncé sur Rfi le deal passé avec son ami devenu
ennemi : son retour à la primature. Une heure après, Honoré Ngbanda démentait sur la même chaîne le scoop …
En fait, l’histoire rattrape le président national de l’UDPS. Car Jean-Pierre Bemba n’est rien d’autre qu’une des victimes, au sein de la mouvance
présidentielle, des effets collatéraux de la transition conflictuelle Mobutu-Tshisekedi, entre avril 1990 et mai 1997. Une transition à la fois terrible et terrifiante ayant vu tous les
fondamentaux de la vie publique nationale, à commencer par l’Autorité de l’Etat, démontés au point de faire du Zaïre un Non-Etat.
Les observateurs et analystes politiques de l’époque sont unanimes à ce sujet : si les deux vieux amis, dont les relations remontent concrètement à septembre
1960 avec la neutralisation du gouvernement Lumumba et son remplacement par le collège des commissaires généraux, et non à 1965 avec le coup d’Etat du 24 novembre, avaient mis un peu d’eau dans
leur vin, la guerre de l’AFDL n’aurait jamais eu lieu, et avec elle celle du 2 août 1998 à laquelle est liée la tragédie qui persiste au Kivu et en Province Orientale. Pour faire concret, il n’y
aurait jamais eu de Laurent-Désiré Kabila, ni de Joseph Kabila, et certainement pas de RCD, de MLC ou de PPRD. Par ricochet, pas d’expédition armée de la branche armée du MLC sur Bangui, donc pas
d’incarcération de Bemba à la CPI !
Quatre fois nommés Premier ministre (juillet et octobre 1991, août 1992 et avril 1997), Etienne Tshisekedi n’avait rien trouvé d’autre qu’à continuer à se comporter
en opposant, encouragé dans cette contradiction par la classe politique et la société civile acquises à sa cause, alors qu’il devenait gouvernant ! Pour la première fois au monde, le pays se
targuait de l’exploit d’avoir un chef de gouvernement opposant …
Comme nous le caricaturions, Etienne Tshisekedi semblait s’organiser pour créer à la veille de chaque nomination des incidents pour se faire virer, tout comme
une fois aux affaires, il en créait d’autres en escomptant le même résultat.
Au final, il entretenait son mythe d’homme propre pendant que ses initiatives empoisonnaient directement ou indirectement l’existence de l’Etat et de la
Nation, cela aux plans politique, économique et social, piégeant au passage les Mobutistes au nombre desquels, jusque début mai 1997, Jean-Pierre Bemba Gombo, dernier conseiller financier du
maréchal !
Dans sa geôle à La Haye, Bemba n’a certainement jamais oublié les coups qu’assénait Tshisekedi à Mobutu, à sa famille biologique, au MPR, aux FDU, aux FPC
alias forces du statu quo, pendant que, rapportaient certaines sources, c’est lui qui se chargeait par moments d’apporter au lider maximo les « subventions » de la République.
Par embarras, Tshisekedi et Bemba n’ont peut-être pas évoqué les deux épisodes. Valentin Mubake n’en a pas parlé, au demeurant. Mais, l’histoire reste
l’histoire. Aux yeux de Bemba et des Mobutistes, l’homme qui a fait le plus de mal au maréchal n’est ni Kabila père, ni Kabila fils. C’est Tshisekedi, et Tshisekedi seul. Dès lors, l’histoire
retiendra de la rencontre du vendredi 15 juillet au Pays-Bas l’image du « bourreau » avec la « victime » des effets collatéraux des années 1990-1997. La frange radicale équatoriale du MLC n’en
pense pas moins. En novembre, elle peut s’en souvenir ...
Vous avez dit « victoire » et « corruption » !
Certes, la « victime » en a profité pour clamer sa victoire à la présidentielle 2006, tout en stigmatisant la corruption gangrenant la classe politique
congolaise.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, jamais en cinq ans (bientôt), Bemba n’est parvenu à prouver ces deux faits par écrit alors qu’autour de lui, par ses
avocats interposés, il produit une littérature abondante.
Or, en 2007 et 2008, des Congolais en sont morts au Bas-Congo et à Kinshasa. Au Bas-Congo, Ne Mwanda Nsemi est toujours incapable de prouver à ce jour la
victoire de la coalition MLC/BDK à l’élection du gouverneur de province, encore moins la nationalité sud-africaine du gouverneur Simon Mbatshi. A Kinshasa, Bemba n’a jamais cité les noms des
députés provinciaux MLC corrompus, ceux qui avaient voté pour le candidat André Kimbuta au poste de gouverneur de la ville-province.
Pourtant, chairman aurait dû mettre à profit son incarcération pour apporter des éléments probants. Après tout, il continue de diriger le MLC ; les affaires
Makila et Muamba faisant foi.
Ennemi » des Chinois, déçu par des Européens et des Américains …
En fait, en terre congolaise, ce stratagème d’accuser sans se soucier d’apporter la moindre preuve une marque déposée, une AOC (appellation d’origine
contrôlée) signée « UDPS ». Les derniers événements en date à Kinshasa, au travers de la confrontation UDPS/CENI au cours de ce mois de juillet 2011, sont en train de le démontrer.
En effet, si la première alerte au pays est la diabolisation en cours de la CENI, la dernière alerte à l’étranger est cette déclaration faite par Etienne
Tshisekedi à la diaspora congolaise de Bruxelles, en fin de séjour euro-américain. Le samedi 9 juillet 2011, rapporte Afrikarabia/MCN, via mediacongo.net, en présence des membres de l’UDPS, de la
Dynamique Tshisekedi Président, de l’APRODEC et de la FIDH (citation authentique), le lider maximo a estimé que « le peuple congolais est arrivé à maturité pour se choisir la personne qui va le
diriger, sans l'aide des ‘tuteurs’ occidentaux » !
Pareille déclaration au terme d’une tournée ayant eu pour objectif affiché de solliciter le soutien diplomatique des Occidentaux pour faire pression sur
Joseph Kabila et Daniel Ngoy Mulunda soupçonnés par Tshisekedi de collusion pour une fraude généralisée aux élections et pour objectif non déclaré de lever des fonds pour la campagne électorale
ne peut qu’avoir une signification : la moisson n’a pas été abondante en Amérique et en Europe ! Pas du tout …
A dire vrai, Etienne Tshisekedi a misé sur la disqualification d’office des opérations de révision du fichier électoral dont le lancement, comme on le sait,
s’est révélé chaotique dans bon nombre de centres à travers le pays. Venu après la révision de la Constitution et l’annonce de la révision de la loi électorale, ce démarrage en catastrophe
constituait, à ses yeux, une raison solide pour que l’Occident suspende son financement et sa logistique.
Malheureusement pour le patron de l’UDPS, la CENI a poursuivi les opérations tout en apportant des correctifs là où c’était nécessaire. Ces efforts ont été
reconnus par les partenaires au développement qui ont commencé à délier la bourse. En d’autres termes, les Occidentaux refusent de suivre Etienne Tshisekedi dans son schéma suicidaire pour la
démocratie naissante.
Croyant avoir plus d’un tour dans sa manche, le lider maximo a sorti celui de l’enrôlement des mineurs au Katanga et au Maniema, ainsi que des militaires et
des policiers un peu partout au pays. Il l’a enrobé avec des exigences anticipant sur la planification du travail de la CENI, mettant quasiment la charrue avant le bœuf. Et pour s’attirer la
sympathie de l’étranger, il a choisi la date de l’ouverture, à Kinshasa, des travaux préparatoires de la 37ème session parlementaire des Etats membres de la Francophonie pour un sit-in destiné à
remettre son mémo à cette commission. Ratage retentissant, car les missions diplomatiques ont vu une direction politique de l’UDPS débordée par sa base lors des funérailles de Lukusa. C’est un
Jacquemin Shabani déboussolé qui a reconnu que l’escale de la CENI avec le cercueil du défunt a été improvisée par les combattants !
Sur ces entrefaites, le fin du fin est le double quinquennat qu’Etienne Tshisekedi réclame des Congolais pour changer le Congo. Il a la prétention de faire
rattraper au Congo son retard de 50 ans dans ce laps de temps, tout en sachant que son leadership, au cours justement de ce cinquantenaire, a procuré plus de malheurs que de bonheur à son pays en
raison de son radicalisme stérile.
Déjà « ennemi » des Chinois (donc des Orientaux), déçu des Européens et des Américains (donc des Occidentaux), en conflit atavique avec les acteurs politiques
de sa génération, contesté ouvertement par la majorité des Jeunes Turcs de la classe politique congolaise, Tshisekedi utilisera quelles recettes pour produire un tel miracle ?, s’interrogent à
juste titre les observateurs.
Alors qu’il se devrait de rassurer toutes les forces en présence, le voici reprochant la Diaspora congolaise, qui s’est déplacée à l’ULB pour l’entendre,
d’être « souvent indifférente aux souffrances du peuple congolais » et lui demander de « revenir investir au Congo ».
En d’autres mots, le lider maximo semble ne pas savoir que cette diaspora participe activement au développement du pays au travers des actions économiques et
sociales à impact réellement visible. Elle est dans les transports, les télécommunications, l’immobilier, la restauration, la publicité, l’habillement, la coiffure, l’alimentation, la pharmacie
etc. Probablement qu’il s’agit, à ses yeux, de la diaspora acquise à sa personne ! Celle dont les membres, à l’image du maître, n’ont jamais songé à faire forer le moindre puits d’eau dans un
village, à faire ouvrir une école dans un quartier, ou à installer un dispensaire dans une commune alors qu’en moyenne, ils ont trois décennies de séjour continu dans des pays du G 8 !
Comme on peut finalement s’en rendre compte, la tournée d’Etienne Tshisekedi n’a absolument rien eu d’ordonné ni de rassurant pour tous ceux qui, étrangers et
nationaux compris, ont accepté d’être ses interlocuteurs.