Créé le 03-08-2011 à 10h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le mercredi- 03-08-2011 |12H40| AFRIQUE REDACTION PAR :LE POTENTIEL
Un groupe de personnes, tous âges confondus, s’agglutine autour d’un tuyau sectionné de la Regideso en plein cimetière de Kinsuka – Pompage afin de recueillir de
l’eau. Juste à côté, un squelette humain et les restes du linceul. L’image qui a fait le tour de Kinshasa, et du Congo, sans oublier les pays limitrophes qui captent les chaînes de télévision
congolaise, était insoutenable. Jamais, de mémoire de journaliste, Kinshasa-la-belle -miroir de la RDC- Kinshasa de Ngaliema, Makonko, Wendo Kolosoy, Kale Jeef, Lucie Eyenga, Decassin, Decantor,
Moruma, Pr. Yoka Lye Mudaba, Mokuna Trouet, Mayunga, Tabu Ley Rochereau… n’était tombé si bas. Alerte!
Une chaîne de télévision locale, dans l’un de ses reportages de proximité a vu son reporter fixé sa camera sur le cimetière de Kinsuka-Pompage. L’objet du jour est
d’actualité brûlante : manque d’eau potable dans plusieurs communes de Kinshasa, la capitale de la RDC.
Dans la mire, un groupe de personnes, tous âges confondus, s’agglutine autour d’un tuyau sectionné de la Regideso d’où s’échappent des litres ininterrompus d’eau.
Bidons, seaux… sont vite remplis. Mais juste à côté, l’œil de la camera fixe le squelette d’un être humain et les restes du linceul. Personne ne sourcille, car trop accaparé à remplir son bidon
d’eau et peu importe toutes les conséquences qui y en découleront. L’image est insoutenable, frémissante jusqu’ à vous donner de la chair de poule.
Mais aussitôt l’on apprend que ce n’est pas un cas isolé. Les habitants des quartiers périphériques des cimetières de Kintambo en savent quelque chose. A la moindre
tombée des pluies, les habitants de Jamaïque contemplent tristement des cercueils et leur contenu quitter leur dernier demeure, emportés par les eaux jusqu’à échouer dans des parcelles
voisines.
La population résignée n’a pas non plus d’autre choix devant l’avancée macabre du choléra. Elle puise l’eau dans des caniveaux insalubres, les abords du fleuve
Congo riche en microbes des bêtes domestiques en état de décomposition très avancé. Sans oublier ces corps humains que l’on repêche de temps à autre sans connaître les causes de leurs décès, et
les déchets que déversent à longueur des journées des industries pollueuses.
Le paroxysme atteint son point culminant avec cette polio qui terrasse des adultes. Jamais cette maladie qui fait de nombreuses victimes chez les enfants, n’a été
si virulente jusqu’ à déstabiliser en un temps record un adulte. Hélas ! C’est la dure et pire réalité. Aujourd’hui, la campagne de vaccination contre la polio est dans sa cinquième phase. Fait
franchement insolite. L’on n’a jamais vécu ces phénomènes à Kinshasa. Pourquoi ?
La pauvreté : adversaire redoutable
La première cause n’est rien d’autre que la pauvreté. La recrudescence des maladies due à la multiplication des foyers vecteurs de maladies n’est que la résultante
du niveau très avancé de la pauvreté. Le Congolais a alors perdu tous ses bons réflexes et repères pour se présenter en personne résignée, en victime expiatoire.
Certes, à longueur des journées, des campagnes de sensibilisation sont organisées pour inviter la population à bouillir l’eau en vue de la rendre potable. Elle est
même conviée à se servir de l’eau de javel pour obtenir le même résultat. Beau discours qui demeure sur le boulevard des vœux pieux.
En effet, les éducateurs sanitaires refusent superbement de dire que le charbon, l’eau de javel s’achètent. La bouteille de javel revient à Fc 1000. Une botte de
charbon coûte aujourd’hui 500 Fc. S’il faut bouillir l’eau chaque jour, un foyer kinois devra se résoudre à dépenser mensuellement 15.500 Fc. C’est déjà un luxe que plusieurs foyers ne peuvent se
le permettre dès lors que le SMIG est de 3 dollars par jour, soit Fc 70.200 par mois. Or, il ne s’agit pas seulement de bouillir l’eau, il faut également manger, se soigner, se déplacer, subvenir
aux besoins des enfants à l’école. Le déficit du budget domestique est inéluctable, faisant le lit confortable de la pauvreté.
La résurgence du choléra et de la polio s’expliquent par le même phénomène. Partant, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Si aujourd’hui les « restaurants
de rue » s’implantent n’importe où ; que les marchés ont pris de l’extension jusqu’à l’entrée des latrines, cela est dû simplement à ce reflexe de survie. Les « Mama Malewa », les organisateurs
des kermesses ne peuvent assainir leurs milieux d’activités commerciales tant ils sont eux- mêmes confrontés aux caprices de la pauvreté. Que dire de leurs milliers de clients qui, poches
quasiment allégées, d’autres affaiblis par de longs mois de chômage, ne peuvent s’offrir le repas d’un prince dans des conditions hygiéniques acceptables. Et quand on sait que la qualité de ces «
menus » soulève souvent des « troubles » au niveau du ventre, ne chercher point à savoir où l’on déverse les merveilles de la cuisine… en pleine nature avec la pollution de l’environnement. Les
conséquences se manifestent par la résurgence des maladies endémiques et épidémiques.
C’est dire que la pauvreté se présente aujourd’hui comme le redoutable adversaire de tous les gouvernements africains. Ce n’est plus l’opposition. Et même celle-ci,
en tant que « contre – pouvoir », doit également faire face à ce même adversaire. Seuls les gouvernements qui démontreront leurs capacités à réduire la pauvreté peuvent prétendre mener à bon port
le processus de démocratisation, jeter les bases d’un développement global et durable, stabiliser les institutions nationales. Viser le pouvoir sans disposer d’un programme réfléchi pour réduire
la pauvreté, serait faire de la démagogie. Exactement. Autant dire que la RDC n’a plus besoin de «griots» mais des «stratèges» pour neutraliser cet adversaire redoutable.
La Congolia-somaligate
L’on vient là de dégager quelques indices de la pauvreté. Le manque d’eau potable, le choléra, la polio ne sont rien d’autre que les manifestations indiscutables de
la pauvreté. Ainsi que l’on le faisait remarquer dans l’une des précédentes livraisons, chaque pays africain dispose de sa « somalie ».
Ce spectacle dans le cimetière de Kinsuka-Pompage ne diffère en rien de ces images ahurissantes de la Corne de l’Afrique. La polio, le choléra, ce sont également
des conséquences de la famine, de la malnutrition, de l’incapacité politique a placé avant tout l’homme au centre de toute action politique, économique et sociale. C’est un autre mode
sécheresse.Une grave affaire : la «Congolia-somaligate ».
D’où ces deux interrogations pertinentes en cette période cruciale d’avant élections : En quoi le Congo-Kinshasa est-il grand ? Quelle est l’unité de mesure pour
évaluer le devenir du peuple congolais ?....