Créé le 03-08-2011 à 14h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le Mercredi 03- 08-2011 |16H29| AFRIQUE REDACTION PAR : OBSERVATEUR
Dans les moments d’horreur qui ont suivi les conflits armés en 2006 à Walikale, dans la province du Nord Kivu , plusieurs enfants ont été séparés de leurs parents.
Certains étaient encore beaucoup trop jeunes pour réaliser cette situation combien déplorable. La solidarité des voisins a permis à ces enfants non accompagnés (ENA) de retrouver leur famille.
C’est du moins le cas du petit Fiston.
« Mon fils va beaucoup me manquer. C’est avec lui que je fais pratiquement tout, parce qu’il est un garçon ; sa sœur est encore très jeune (…) », s’est exprimé M.
Anaclet Ndole, dans un soupir désespéré. C’est le cas de le dire, après une cohabitation de 5 ans avec le petit Fiston, âgé en son temps d’à peine une année. Cela fait exactement cinq ans qu’il
vit avec l’enfant de son voisin.
En effet, les conflits ne causent pas que des blessures physiques : au milieu de l’agitation , de la panique et de la peur , des familles peuvent se trouver
dispersées en quelques minutes et plongées, des années durant, dans l’angoisse de ne pas savoir ce qu’il est advenu à un enfant, un époux ou encore un parent. C’était sur l’avenue Kimayala N°149,
dans la commune de Bumbu, à Kinshasa, qu’habitait le petit Fiston avec sa famille adoptive. Son père adoptif est journaliste à l’ACP. Une trentaine révolue ; de petite taille et fier de sa
profession. Il dégage de l’affection, mais aussi la dignité tranquille d’une personne qui a vécu le pire, sans pour autant exposer sa souffrance au grand jour. Et pourtant, la guerre l’a séparé
aussi de ses proches.
« Quand les conflits ont touché Walikake , je travaillais à l’agence d’aviation Kasikila », soupire avec regret Anaclet , le père adoptif de Fiston, qui place
poliment quelques chaises devant l’entrée du logement pour l’équipe du CICR. « Heureusement pour ma famille et moi que la maison d’habitation se trouvait dans la même concession que l’Agence. Je
n’ai eu qu’ à réunir ma famille pour partir ».
Fiston était seul car ses parents étaient absents de la maison. Au milieu des pleurs, de la poussière et de la panique, il a préferé prendre le petit et l’emmener
avec lui .« C’était le chaos total », se rappelle-t-il. La mère a recherché l’enfant sans relâche jusqu’au jour où elle a échangé à la fin du mois de juin 2011, des nouvelles familiales avec
Anaclet par voie de messages Croix-rouge (MCR). Pourquoi avoir attendu si longtemps pour contacter la famille ? A cette question, Anaclet explique que les recherches ont été rendues difficiles
parce que la mère habitait à Walikale centre, un endroit coupé du monde. Le cas du Fiston a été particulier. Cinq rendez- vous ont suffi pour que le CICR organise la réunification entre le petit
Fiston et sa mère, sans transition, de la famille d’acceuil à sa famille biologique. Pour en arriver là, Anaclet a commencé par contacter le CICR pour ouvrir une demande de recherche. Quelques
temps après, le CICR est allé voir l’enfant dans ‘’cette famille d’accueil’’.Il s’en est suivi la rédaction de la lettre de la mère à l’enfant. La réponse n’a pas tardé. Puis est intervenu le
rapatriement à Goma, où il séjourne actuellement. .
Le retour au bercail
Le retour au bercail a été très emouvant . L’enfant a débarqué à Goma aux environs de 16 heures heure locale. Toute la famille était au grand complet. La mère en
larmes ; des larmes de joie après une si longue séparation. Les effusions de joie sont vite interrompues par la signature des documents administratifs.
Selon l’assistant du bureau RLF / Goma , Prosper Sebuhire, le CICR commence d’abord par verifier comment et dans quelles circonstances il y a eu séparation.
Il faut que cette denière ait un lien avec les conflits armés. S’il s’avère vrai, le CICR demande à la famille demanderesse de décliner son identité afin de le confronter avec les renseignements
reçus de leurs collègues. Pour le cas d’espèce, Fiston a été placé directement dans sa famille biologique en lieu et place d’un centre de transit comme cela se fait à l’accoutumée. Car on
considère que son épanouissment se fera dans la famille. « En cas de décès, le CICR remet l’enfant à un proche », a –t- il expliqué. Cependant avant toute réunification, le CICR verifie si la
zone est securisée.
Ensuite, le CICR sollicite la décision de la famille , sous forme d’un document qui lui donne l’autorisation de ramener l’enfant auprès de la famille
demanderesse, après avoir vérifié si la famille a une assise financière conséquente et si elle sera en mesure de le prendre en charge intégralement : payer ses études, le nourrir , le vetir …
Pour le cas de Fiston, la prise en charge scolaire se fera sans problème. « il sera inscrit au Mont carmel », a garanti sa mère .
La responsabilité du CICR ne s’arrête pas à la réunification . Trois mois après cette opération, un agent de terrain rend visite à la famille réunifiée pour
vérifier si tout se passe bien. En cas de problème , en l’occurrence celui de santé, le CICR vient en appui à la famille via le centre de transit Don Bosco, où se trouve l’école Mont Carmel. On
en n’est pas là pour l’instant , la famille est tellement contente d’avoir retrouvé leur enfant porté disparu. Cependant pour l’enfant, une nouvelle vie commence . Parti à l’âge d’un an, Fiston
avait laissé un grand frère. Il retrouve la famille enrichie d’un jeune frère de 4 ans et d’une petite soeur de 2 ans. Il va lui falloir du temps pour s’adapter.
Doudou Esungi