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Jean-Pierre Bemba: Les vérités cachées d’une candidature

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Le 04-08-2011 à 07h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE DE LA RDC-AFRICIANE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le jeudi 4- 08-2011 | 12h20| PAR :  LA REPUBLIQUE

 



A l’ouverture comme à la clôture du deuxième congrès du Mouvement de Libération du Congo, soit du vendredi 22 au dimanche 24 juillet 2011, l’attention des congressistes et de tous leurs invités était focalisée sur les discours du président du parti, M. Jean-Pierre Bemba. Bien qu’il soit loin, à plus de 8.000 km de Kinshasa, dans les geôles de la Cour Pénale Internationale de La Haye, au Pays-Bas, celui-ci a hanté ces assises qui se sont tenues dans l’enceinte du complexe GB de Kinshasa/Ngaliema.

 Absent physiquement, le président du MLC a fait croire à tout ceux qui croient en lui qu’il sera candidat président de la République, qu’il va participer à l’élection présidentielle, qu’il va l’emporter haut la main et qu’il va assumer ses charges de président de la République, chef de l’Etat …

 Dans son discours d’ouverture et à ce sujet précis, il a eu ces mots : «Je voudrais vous assurer que ma volonté de servir le Congo est intacte. Soyez rassurés, je ne baisserais pas les bras. Je ne crains pas la justice des hommes, seule la justice de Dieu m’importe… Ma candidature à l’élection présidentielle sera, si toutefois vous l’agréez, une candidature pour une victoire certaine».

 L’agrément n’ayant pas posé problème, la candidature de Jean-Pierre est entérinée. Qu’est-ce qui reste à faire ? Concernant les 4 conditions d’éligibilité et d’inéligibilité posées par la loi électorale, les trois premières sont automatiquement remplies : 1. Etre de nationalité congolaise d’origine, 2. Etre âgé de trente ans révolus à la date de clôture du dépôt de candidatures et 3. Jouir de la plénitude de ses droits civils et politiques.

 La dernière est difficile à remplir en ce qui le concerne personnellement. Il s’agit d’avoir la qualité d’électeur ou de se faire identifier et enrôler lors du dépôt de sa candidature. Quant à la déclaration de candidature, seule la photocopie de la carte d’électeur peut manquer à ceux qui ne se sont pas fait enrôler.

 Le chairman du Mouvement de Libération du Congo est, depuis le premier semestre de l’année 2008, dans une situation le moins que nous puissions dire embarrassante. La justice internationale l’a arrêté et l’a incarcéré en Hollande. Et, jusqu’ici, le procès est loin de dire son dernier mot. Il n’est pas encore condamné, certes ; mais, il n’a pas encore la liberté de mouvement.

 En vacances judiciaires depuis le lundi 11 juillet 2011, les magistrats de la Cour pénale internationale ne vont reprendre les audiences que le lundi 22 août. Cette journée sera consacrée à l’audition du 26ème témoin de l’accusation. Rappelons que, jusque-là, le procès des présumés crimes de guerre et crimes contre l’humanité provoqués par les «Banyamulenge», non collé aux Congolais du Mouvement de libération du Congo par les Centrafricains, continue à voguer dans la confusion entre les partisans de l’illustre détenu et les statuts de Rome qui créent la Cour pénale internationale.

 Au niveau de la défense de l’ancien Vice-président de la RDC, Maître Aimé Kilolo Musamba particulièrement, son client est hors cause pour la simple et bonne raison que celui-ci n’était nullement à Bangui et le commandement des militaires du MLC était assuré par les autorités politico-militaires de la République Centrafricaine. Me Kilolo l’a bien souligné, le 04 mai 2011, à l’issue du témoignage (témoin numéro 9) de l’ancien juge d’instruction centrafricain à l’époque des faits incriminés.

 Ce dernier avait révélé, donnant les raisons de l’abandon des poursuites contre Jean-Pierre Bemba, que la justice centrafricaine avait privilégié, entre autres, des probables motivations politiques. Du fait que lors du déroulement de ce procès à Bangui, M. Jean-Pierre Bemba Gombo assumait les fonctions de vice-président en République démocratique du Congo. Cette version des faits sera contestée par l’avocat du président du MLC.

Par contre, les deux crimes contre l’humanité (meurtre et viol) ainsi que les trois crimes de guerre (meurtre, viol et pillage) qui pèsent sur les épaules du chairman du MLC doivent être compris et considérés au sens de l’article 28-a des statuts de Rome et non selon la justice congolaise, centrafricaine ou même africaine. Présent ou absent de Bangui au moment des faits, qu’il y ait assumé le commandement des opérations militaires ou pas du tout, le sens que donne l’article 28-a des statuts de Rome, c’est celui de trouver en lui le chef militaire pénalement responsable des crimes commis à grande échelle en Centrafricaine par ses hommes.

Procès politique congolais ?

 Les spécialistes de la confusion se recrutant au sein de l’ancienne équipe dirigeante du Mouvement de libération du congolais avaient axé leurs démarches sur deux directions. La première et la plus risible, c’est celle qui consistait ou qui consiste encore à dire, sans le prouver, que le dossier Bemba est totalement vide. Des tabloïds de Kinshasa en ont fait leurs choux gras.
 La deuxième direction, c’est celle qui veut que les accusateurs de Jean-Pierre Bemba soient ses ennemis politiques en RDC, en général, et le chef de l’Etat dont il fut le challenger à l’élection présidentielle d’octobre 2006, en particulier. Pour des raisons électoralistes et pour diaboliser leurs adversaires à l’égard des partisans du détenu, ces politiciens en mal de glorioles et en perte de vitesse ne s’empêchent pas de tirer sur des innocents. Les articulations de ces dossiers étant aussi claires que l’eau de source.
 Le lundi 22 novembre 2010, à la séance d’ouverture du procès, le procureur Luis Moreno Ocampo a été plus qu’explicite : «Jean-Pierre Bemba est appelé ici afin de rendre compte du fait qu’il n’a délibérément pas empêché, réprimé ou puni les atrocités de masses commises par ses hommes en République Centrafricaine».
 Et, grâce à la prouesse réussie par la RTNC (Radio Télévision Nationale Congolaise) qui a présenté en direct le film de la séance d’ouverture de ce procès, les Kinois, en particulier, et les Congolais, en général, ont découvert que l’affaire est bien ficelée (et non vide) et qu’elle est centrafricaine. C’est bien le gouvernement centrafricain qui a saisi la Cpi contre l’ancien président Ange-Félix Patassé et son allié, alors rebelle, Jean-Pierre Bemba.
 Répondant à la question orale du député Kalala Tshibangu, l’ancien ministre de la Justice Mutombo Bakafuasenda a souligné, le mercredi 28 mai 2008, à l’Assemblée nationale : «Le gouvernement de la République prend acte de la décision de la Cour pénale internationale… Je ne peux pas commenter une décision qui a été prise par la CPI sur notre compatriote, pour des faits qui se sont passés en dehors du pays, sur un mandat d’arrêt qui a été exécuté par un autre pays étranger»
 Il est temps que les dirigeants de ce parti puissent privilégier la réalité politique de leurs actions et de leurs déclarations. S’ils sont incapables de dire la vérité tant sur les malheurs de leur président que sur leur chance de réussite aux élections, autant alors qu’ils se taisent en lieu et place de diaboliser les innocents ou de verser dans l’intox. Car, un adage vieux comme le monde dit à ce sujet : «Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose».
 Quant au processus électoral en cours, le calendrier publié le 30 avril 2011 par la Commission électorale nationale indépendante prévoit, du 04 août au 06 septembre 2011, la période de la réception et du traitement des candidatures pour l’élection présidentielle et la députation nationale. La publication des candidats à ces deux élections intervenant le 07 septembre pour la liste provisoire et le 17 septembre pour la liste définitive.
 A moins d’un miracle, le procès intenté par la Centrafrique ne sera pas clos avant l’élection présidentielle en RDC tandis qu’à l’instant présent, nul ne peut présager de son issue. Car, dans le plus malheureux des cas, le détenu peut s’en sortir avec plusieurs années de détention. Ce n’est qu’une supposition pouvant être, néanmoins, plausible. Le premier des détenus de la CPI, le congolais Thomas Lubanga de l’UPC (Union des Patriotes Congolais), y croupit encore depuis son transfèrement de Kinshasa à La Haye, le 17 mars 2006 et il n’est pas encore condamné.


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