Le 04-08-2011 à 07h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE DE LA RDC-AFRICIANE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le jeudi 4- 08-2011 | 12h20| PAR : LA REPUBLIQUE
Le climat est réellement malsain au sein du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) depuis le discours de son Secrétaire général la semaine dernière. Le différend est à
prendre au sérieux en ce que, pour la première fois, la base militante se dresse contre les options fondamentales prises par le leader jusque-là incontesté.
A rappeler, en effet, que Antoine Gizenga Fundji a dans un discours calqué sur le climat des élections à venir, engagé le PALU dans un effort de coalition de
ce qu’il appelle les forces de gauche nationaliste. En même temps, le Secrétaire général du Palu a décidé de ne pas se présenter à la course présidentielle en novembre dernier, mais à soutenir un
candidat issu de la coalition souhaitée. Quitte au PALU à conquérir la magistrature suprême du pays à l’échéance constitutionnelle de 2016.
Une option qui sert de soubassement à la fronde observée parmi les militants du parti presque entièrement accaparés dans l’anxiété. Selon des entretiens
réalisés avec la plupart au siège du parti au pont Matete et dans plusieurs cellules dans les communes de Masina et Ngaba, des militants du PALU ont la conviction que le Patriarche Gizenga refuse
de prendre la présidence de la République.
Fauteuil de leur rêve depuis plusieurs décennies, ils la croient définitivement perdu d’autant que la probabilité de voir Antoine Gizenga sur ses pieds en
2016 s’amenuise sérieusement. « Comment voudriez-vous espérer que quelqu’un qui a démissionné en 2007 pour raison de poids de l’âge soit à même d’assumer des responsabilités plus importantes
encore près de 10 ans après ? » L’interrogation est sur toutes les lèvres et nourrit l’agitation de tous ces vieux squelettes ayant investi dans la personnalité du Patriarche pour avoir droit à
la charcuterie.
Ainsi, dans ces milieux, l’option est levée d’aller installer – traduction littérale de l’expression lingala « Tokokende kotika ye » - le Patriarche au
pouvoir. En conséquence, les militants « somment » Antoine Gizenga de quitter sa résidence actuelle de la Gombe pour retrouver son fief de Limete. Question de suivre les observations et les
instructions de la base, mais aussi de communier avec cette dernière comme par le passé. Après avoir été déifié, le Vieux est désormais défié par sa base militante.
Il importe de reconnaître toutefois que le désamour qui tend à s’installer au Palu plonge ses racines dans la symbolique de la personne d’Antoine Gizenga
Fundji. Déifié et mythifié, le secrétaire général du PALU passe pour le socle des nombreux militantes et militants de ce parti politique. Ceux-ci, pour avoir ingurgité le « Gizengisme » depuis
une quarantaine d’années, ne respirent, transpirent, rêvent…que ce colosse au centre de leurs vies. Que deviendront-ils – la plupart sont analphabètes – avec la chute inéluctable du baobab rongé
par le poids de l’âge ? N’est-ce pas vrai que les joutes électorales de novembre prochain constituent la dernière opportunité pour le Patriarche de présider aux destinées de la RDC ? La
conviction est parfaite parmi les militants du PALU qui tiennent à conduire Antoine Gizenga à la tête des institutions du pays.
Il est à reconnaître aussi que Gizenga et ses militants se déchirent par la sémantique ; vraisemblablement quand le Patriarche cible l’échéance de 2016, il
n’engage pas nécessairement sa personne. C’est plutôt le parti qui, après avoir apporté son soutien à l’une ou l’autre formation politique, se retrouvera en droit d’exiger le retour de la
manivelle. Le PALU a, à titre d’exemple, conservé la Primature pendant cette législature non pas avec Gizenga à la tête. Il peut en être ainsi en 2016 si les militants et cadres comprennent à
temps les limites physiques de la personne qui les a conduits jusqu’ici et à la disparition de qui ils doivent se préparer. Or les indicateurs principaux ne rassurent point quant à la survie du
Palu après l’éclipse physique de son fondateur.
De toutes les façons, le Patriarche aura brillé de mille feux pour ses partisans au crépuscule de sa vie. Sans être majoritaire à l’Assemblée nationale ni
apporter une caution significative à l’élection de Joseph Kabila en 2006, le PALU a obtenu et conservé la direction de l’Exécutif national pendant 5 ans grâce essentiellement à l’aura de son
Secrétaire général Antoine Gizenga Fundji. Une position qui a valu plusieurs milliers d’emplois à une base, au front pendant plusieurs décennies sans pour autant goûter aux délices du
pouvoir.