Bon nombre d'observateurs sont d'avis que le piège de l'Opposition pourrait se refermer sur lui-même. L'Opposition risque de contribuer à la victoire de Joseph Kabila même avec 35% voire encore moins.
C'est en principe hier mardi 02 août 2011 que devait intervenir la signature du Code de conduite pour des élections apaisées, libres et transparentes. Mais, aux dernières nouvelles, cette manifestation n'a pas pu avoir lieu pour des raisons que le communiqué de presse de la Commission électorale nationale indépendante n'a pas évoquées.
A en croire le communiqué portant la signature du 1er rapporteur adjoint Laurent Ndaye, c'est ce samedi 06 août que les représentants valablement désignés par les partis politiques devront apposer leurs signatures pour marquer leur adhésion au Code de bonne conduite. On se rappellera que l'Opposition, dans une déclaration sanctionnant la réaction de la Céni au mémo de l’UDPS, avait conditionné la signature de cet engagement des formations politiques à combattre selon les règles par le respect de plusieurs préalables.
Le report intervenu hier serait-il dû au refus des partis de l'Opposition de prendre part à la cérémonie de signature du Code de bonne conduite des élections ? Qu'adviendrait-il alors au cas où, les conditions posées n'étant pas remplies, les opposants congolais déclinait en l'invitation de la Céni qui leur demande déjà de contacter ses services pour prendre part à la cérémonie de samedi ? En fait, contournant le piège de l'Opposition, la Céni tente de défier ceux qui alignent une avalanche de prétextes pour bloquer la signature du Code de bonne conduite. Car, après tout, ce Code, pour l'essentiel, renvoie à celui adopté lors des élections de 2006 et que les partis politiques ayant pris part au marathon électoral avaient signé sans trop de contestations.
Que cache donc le refus de le signer ou quel piège redoute l'Opposition pour signer un document qui n'est pas l'émanation de la coalition au pouvoir ou encore que faut-il modifier dans ce Code pour le rendre potable ? Si le document en soi ne pose pas problème, pourquoi refuser de le signer ? Car, le débat sur les irrégularités constatées lors de la révision du fichier électoral ne semble plus être à l'ordre du jour de la Céni dont le président, pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a déjà indiqué qu'en cas de blocage du processus électoral tel que prévu, les élections seront découplées, c'est-à-dire que l'on tiendrait d'abord l'élection présidentielle et les législatives nationales plus tard.
C'est là que bon nombre d'observateurs sont d'avis que le piège de l'Opposition pourrait se refermer sur lui-même. En allant en ordre dispersé à la présidentielle 2011 face à un candidat unique du côté de la Majorité, l'opposition risque de contribuer à la victoire de Joseph Kabila qui n'éprouverait aucun mal à passer, même avec 35% voire encore moins, de suffrages exprimés, là où les opposants risqueront d'aligner plus d'un candidat. Or, une fois que Joseph Kabila aura remporté la bataille présidentielle, la division de l'Opposition aidant, cela pourrait influencer le combat législatif en sonnant, une fois de plus, le glas pour les formations de l'Opposition qui émettent encore des sons discordants entre candidature unique et candidature commune à la présidentielle 2011 réduite en un seul tour.
L’annexe à la loi électorale depuis hier au Parlement
Il revient désormais aux présidents des deux chambres législatives de convoquer la session extraordinaire pour son examen et adoption avant sa promulgation par le chef de l’Etat.
Les choses devraient désormais aller vite dans le processus électoral. Après la clôture de la révision du fichier électoral, les acteurs politiques attendaient vivement l'annexe à la loi électorale qui doit fixer les circonscriptions pour les prochaines élections. Enfin, le projet de loi ad hoc, déposé depuis le 29 juillet au Gouvernement par la CENI, a été transmis hier mardi 2 août aux bureaux des deux chambres du Parlement après examen et adoption, le 30 juillet 2011, par le Gouvernement. C'est Adolphe Lumanu, Vice-premier ministre de l'Intérieur, qui a porté personnellement le courrier au Palais du peuple. La nouvelle a été confirmée à " Forum des As " hier dans la soirée par un député national au fait des activités et procédures parlementaires et un membre du Gouvernement.
Désormais donc, la balle est dans le camp du Parlement dont les présidents des bureaux des deux chambres, Boshab et Kengo, sont appelés à convoquer, toutes affaires cessantes, la session extraordinaire tant attendue pour examiner cet annexe. L'urgence, aujourd'hui, s'impose au regard du calendrier électoral qui prévoit la convocation, à partir de ce jeudi 4 août, de l'électorat et l'inscription des candidatures à la présidentielle et aux législatives. Ce même calendrier prévoit la réception et le traitement des candidatures dans la période allant du même 4 août au 6 septembre avant la publication des listes provisoires des candidatures le 7 septembre.
Or, toute personne désireuse de postuler est censée être informée de la configuration des circonscriptions électorales qui ne peut émaner que de l'annexe à la loi électorale. Cela signifie clairement que le sort du calendrier et, partant, des élections, repose désormais sur la responsabilité des députés et sénateurs. Pour sa part, Daniel Ngoy Mulunda, président de la CENI, a déjà prévenu que s'il n'a pas cet annexe au plus tard le 10 août, il se verra obligé de découpler la présidentielle des législatives.
Question, principalement, de demeurer dans la légalité constitutionnelle quant au mandat du chef de l'Etat.
Cependant, la célérité attendue du Parlement implique qu'il dispose de moyens nécessaires, surtout financiers, pour gérer une session extraordinaire. Déjà, nombre de députés contactés hier par notre rédaction ont fait état de la précarité financière dans laquelle la plupart d'élus du peuple se retrouvent après des vacances parlementaires marathon, d'autant que tout le monde qui se trouvait sur terrain perçoit déjà la dernière ligne droite vers les élections.
Côté opposition extraparlementaire, il faudra attendre de voir comment elle va se déterminer face au draft déposé hier au Parlement, elle - l'opposition extraparlementaire - qui ne cesse d'aligner des préalables à son engagement dans le processus électoral. Va-t-elle soumettre son implication au processus devant s'ouvrir avec l'annexe électoral à ses mêmes préalables ou ne devrait-on pas voir certains opposants sortir des rangs de la contestation pour courir aux bureaux d'enregistrement des candidatures ? Les heures qui viennent vont certainement fixer l'opinion.
Voici l'esquisse de configuration des circonscriptions électorales au regard de la lecture de l'annexe à la loi électorale par le Gouvernement.
Selon la configuration du fichier électoral, la répartition des sièges à l'Assemblée nationale se fera par un quotient de 64 049 électeurs pour un siège. Ce chiffre est obtenu en divisant le nombre total d'électeurs (32.024.500) par le nombre de sièges à pourvoir à l'Assemblée nationale, soit 500 députés.
Au terme de cette répartition, seule la province du Sud-Kivu garde le même nombre de sièges qu'en 2006, soit 32.
Cinq provinces voient s'accroître le nombre de leurs sièges par rapport à leurs quotas de 2006. Il s'agit de:
- Equateur (4 sièges de plus)
- Katanga (3 sièges de plus)
- Kasaï-Occidental (2 sièges de plus)
- Kasaï-Oriental (2 sièges de plus)
- Maniema (2 sièges de plus)
5 autres ont perdu quelques sièges par rapport à leurs quotas de 2006. Il s'agit de:
- Bandundu (2 sièges de moins)
- Bas Congo (1 siège de moins),
- Nord-Kivu (1 siège de moins),
- Province-Orientale (2 sièges de moins)
- Kinshasa (7 sièges de moins).
Ces variations sont consécutives au nombre d'électeurs que chaque province a pu enregistrer par rapport aux statistiques de 2006.
[Marcellin MANDUAKILA/Jonas E. KOTA/ForumDesAs]