Créé le 09 -08-2011 à 12h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mardi 09 -08-2011 à 12 h20 | AFRIQUE REDACTION PAR : LE POTENTIEL
Fin juillet, début août. – Y.K. Museveni, chef de l’Etat de l’Ouganda , a séjourné pendant quatre jours à Kigali pour s’entretenir avec Paul Kagame du Rwanda.
J. Kabila, président de la République démocratique du Congo, a effectué une visite éclair à Luanda où il a été reçu par son homologue angolais, José Edouardo dos Santos. Officiellement, ils se
sont entretenus, à Kigali et à Luanda, des questions de coopération bilatérale et de sécurité transfrontalière.
Officieusement, un nouveau leadership en Afrique de l’Est et centrale, disons dans la région des Grands Lacs, a été au centre de leurs entretiens, tant à
Kigali qu’à Luanda.
Le président ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, a effectué une visite d’Etat, du 29 juillet au 1er août 2011 à Kigali, au Rwanda. Il a rencontré Paul Kagame,
président du Rwanda.
Mercredi 3 août 2011, Joseph Kabila Kabange, président de la République démocratique du Congo, atterrissait à Luanda, capitale de la République d’Angola. Il a
été reçu par son homologue angolais, José Edouardo dos Santos.
Officiellement, que ce soit à Kigali qu’à Luanda, il a été question de la coopération bilatérale et de la sécurité transfrontalière. A Kigali, les présidents
rwandais et ougandais ont signé plusieurs accords de coopération portant sur plusieurs domaines, notamment celui du commerce, de l’agriculture dans la perspective de l’auto – suffisance
alimentaire, et ce, sur le plan économique. Au niveau politique, ils ont exprimé leur volonté de créer une « zone de stabilité et de prospérité », tout en consolidant les premiers acquis en
matière de sécurité transfrontalière dans la région des Grands Lacs.
En effet, ils reconnaissent qu’il y a encore beaucoup à faire quant aux problèmes liés à l’insécurité qui prévaut dans certains pays africains. Surtout avec la
présence toujours nuisible des forces négatives des FDLR et de la LRA. A ce sujet, ils ont laissé entendre qu’ils ont le soutien de leur homologue congolais, Joseph Kabila, pour que cette «zone
de stabilité et de prospérité», soit une réalité.
Presqu’ au même moment, se préparait le sommet angolo-congolais de Luanda. Le chef de l’Etat congolais a effectué une visite-éclair dans la capitale angolaise. Il a
également été question de la coopération et de la sécurité bilatérales. Kinshasa et Luanda entendent rentabiliser leurs nombreuses opportunités économiques, en toile de fond, la création de la
«Zone d’intérêts communs, ZIC». Mais aussi accorder une attention particulière en matière de sécurité transfrontalière. Précisément en ce qui concerne les éléments du FLEC et ceux du Mouvement de
résistance qui appartiendraient au «général Munene», en détention au Congo-Brazzaville. Des informations ont fait état dernièrement des combats en territoire congolais entre les FAA et le
FLEC, pendant que des éléments armés sont aperçus dans la forêt de Mayumbe, aux environs de la cité congolaise de Tshela.
Nouveau leadership
Cependant, ces sommets se tiennent au moment où l’évolution ces derniers mois de la situation internationale impose et incite à des réflexions profondes, à des
analyses sans complaisance. En effet, la crise de la dette qui frappe les Etats – Unis et l’Europe n’est pas un canular. C’est un.
De deux. Le printemps arabe n’est pas un fait divers. Ces deux événements importants auront des répercussions à travers le monde et tous les Etats, sans exception,
seront touchés. Ces événements sont par conséquent annonciateurs de profonds changements, des mutations irréversibles tant sur les plans politique, économique, et comme cela ira de
soi, que social.
Que Museveni et Kagame se tiennent la main dans la main pour les beaux yeux des cameras afin de démentir ces rumeurs persistantes autour de leurs divergences,
cette visite d’Etat ne se limite pas à cette formalité protocolaire. Cette image démontre suffisamment bien que les deux chefs d’Etat sont en train de lire les signes des temps.
En fait, cette image rappelle à bien des observateurs celle d’il y a plus d’une décennie. Des chefs d’Etat de la région des Grands Lacs, rejoints par leurs chefs
d’état – major de leurs armées, à l’ exception de Mobutu, s’étaient rencontrés dans des circonstances quasiment analogues pour évoquer des questions de coopération régionale ainsi que celles de
la sécurité transfrontalière. En réalité, on plantait en ces temps-là le décor d’une « nouvelle classe de dirigeants africains » dans le but de mettre un terme au règne des « rois et des
maréchaux ». Quelques mois plus tard, le Zaïre de Mobutu avait été agressé et le Maréchal congolais chassé du pouvoir.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. A cette époque, c’était la pérestroïka et la glasnot. Aujourd’hui, ce sont les difficultés économiques et financières,
doublées du printemps arabe. Ces changements et ces mutations déjà manifestes s’inscrivent dans le contexte de la mise en place d’un « Nouvel ordre mondial ». Ils poussent des Etats à se
mettre à la recherche d’un nouveau leadership dans plusieurs sous-régions de l’Afrique.
L’on voudra pour preuve, ces multiples rencontres en Afrique de l’Ouest. Et comme pour soutenir ces propos, les présidents Yayi Boni du Bénin, Alhassane Ouattara de
la Côte d’Ivoire, Alpha Konate du Mali et Mahamadou Issoufou du Nigeria ont été reçus le 29 juillet (Ndlr, curieuse coïncidence avec la rencontre de Kigali) à la Maison Blanche par Barack Obama.
Auparavant, le 9 juin 2011, Ali Bongo du Gabon avait été l’hôte du président américain.
Les présidents rwandais et ougandais ne cachent pas tellement leurs intentions et leurs ambitions. Ils tiennent à être les promoteurs d’un nouveau leadership en
Afrique centrale. Lorsque l’on prend en compte la position géographique de ces deux pays, quasi enclavés et tournés vers l’Est que le centre, hormis le Rwanda qui a tout à gagner en jouant
franc jeu avec la RDC, l’on constate que la RDC serait exclue de ce «petit plan». Plusieurs interrogations viennent à l’esprit.
L’attitude des présidents rwandais et ougandais serait compréhensive dans la mesure où, dans son discours à l’Afrique, à Accra, le président Barack Obama avait
laissé entendre que les Etats africains n’avaient plus besoin des «hommes forts », mais des « institutions fortes ». L’ère des « dictateurs », des « conquérants », était donc révolue.
Place aux démocrates pour plus de liberté d’expression, à la bonne gouvernance pour l’accroissance économique en vue de tendre vers un mieux être social des populations africaines.
Le printemps arabe est donc une image forte. Quels sont les pays de l’Afrique centrale qui disposent des institutions fortes ? Interrogation pertinente qui explique
même le sens de cette approche de quête d’un nouveau leadership en Afrique centrale.
Sud-Soudan : une nouvelle donne
Autre argument de valeur est l’accession à l’indépendance du Sud-Soudan. L’indépendance de ce pays a déclenché un véritable offensif tous azimuts de tous les
pays, et le bloc occidental en ligne d’attaque.
La raison est simple : le Sud –Soudan est un espace économique vital. Outre le pétrole, le fleuve Nil intéresse également les voisins du Sud- Soudan, en
l’occurrence l’Ouganda qui se dispute avec l’ Egypte la source du Nil. Aussi, comme du miel, le Sud – Soudan suscite déjà des convoitises. Pour preuve, Israël a décidé depuis le 29 juillet –
encore cette date – de sa vive intention d’accréditer un ambassadeur à Juba, capitale du Sud – Soudan.
C’est dire que le Sud – Soudan constitue une nouvelle donne que tous les pays de la région des Grands Lacs doivent prendre désormais en compte. Plus spécialement la
RDC, pays frontalier avec ce nouvel Etat. Les deux pays peuvent développer une coopération et un partenariat dynamiques aux multiples intérêts réciproques.
A Kigali, les présidents rwandais et ougandais ont laissé échapper quelques éclaircies sur ce point précis. Ils ont adressé un signal fort aux observateurs pour
leur faire comprendre qu’ils ont «favorisé l’accord de paix du Sud Soudan». Comprenne qui pourra.
Ce qui fait penser à d’autres observateurs que le 12 septembre à Paris, le président Paul Kagame, à l’image de ses collègues de l’Afrique de l’ Ouest à la Maison
Blanche, évoquera cet aspect du problème lié à un nouveau leadership en Afrique centrale. Certes, cette visite très attendue tant il demeure vrai que le président Sarkozy et son ministre des
Affaires étrangères, Alain Juppé, ne partagent pas les mêmes opinions sur le Rwanda de Kagame. Soit.
Quel est alors le rôle que la RDC est en train de jouer dans cette quête d’un nouveau leadership en Afrique centrale ? Cette interrogation a déjà été soulevée dans
plusieurs forums nationaux, régionaux et internationaux. Des années de guerre, la déliquescence de l’Etat n’a jamais permis à la RDC de jouer pleinement ce rôle de locomotive. Même
les fameuses guerres d’agression n’avaient pour finalité que de consacrer l’inexistence de la RDC en tant qu’Etat et Nation. Une démarche criminelle qui devrait aboutir à la balkanisation de la
RDC.
Or, ce plan funeste n’a jamais été enterré. Cette machination diabolique ne fait que changer de terrain. Elle pourrait refaire surface avec beaucoup de
virulence aux lendemains de l’indépendance du Sud-Soudan si jamais la RDC continuait à s’illustrer dans la médiocrité, à manquer de vision continentale et internationale pour bien
lire les signes des temps.
La première et la meilleure opportunité est bel et bien les élections 2011. Voilà pourquoi elles diffèrent totalement des élections 2006. Point n’est besoin ici de
concourir pour des privilèges du pouvoir et le règne des «hommes forts». Mais pour l’excellence en vue de relever les défis majeurs de disposer des « institutions fortes». Ce n’est qu’à ce
prix, et à ce prix seulement que l’on pourra prétendre jouer effectivement ce rôle de « leadership en Afrique centrale ».