Créé le 09 -08-2011 à 12h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mardi 09 -08-2011 à 12 h20 | AFRIQUE REDACTION PAR : CLIMAT TEMPERE
Etienne Tshisekedi vient de boucler sa tournée katangaise. Il regagne Kinshasa ce mardi 9 août, à bord d'un avion de Kenya Airways en provenance de Nairobi.
Initialement, ce retour était fixé au lundi 8 août. Une date chargée de symboles, expliquait-on dans l'entourage du lider maximo de l'opposition. Après sa longue absence de la scène politique
pour des raisons de santé l'ayant conduit à un exil médical de quelques années à Bruxelles, rappelle-t-on, c'est un certain 8 décembre 2010 que le président de l'Udps avait regagné la capitale.
L'on se rappelle l'accueil historique qu'il reçut ce jour là. D'où l'intention première de recourir à la magie du chiffre 8 pour, cette fois encore, programmer à cette date le retour de
Tshisekedi à Kinshasa, après son absence de quelques mois pour un périple fructueux à Bruxelles, à Paris, à New York et en Afrique du Sud, avant de clôturer par une chevauchée d'honneur au
Katanga.
On assure à l'UDPS que Tshisekedi va poursuivre dans plusieurs autres provinces du pays sa tournée entamée au Katanga. Les images du Katanga défilent encore dans la
mémoire, incroyables. Etienne Tshisekedi célébré dans ce qui est connu comme le fief naturel de Joseph Kabila, président de la République et candidat à sa propre succession Etienne Tshisekedi
porté en triomphe sur des terres connues comme le bastion de l'irrédentisme katangais, avec le souvenir des pogroms anti kasaïens de années 90 !
C'est le temps des interrogations, des remises en cause des certitudes acquises.
Le ton du changement
Etienne Tshisekedi a changé de discours politique, explique son directeur de cabinet, Albert Moleka. « Il a changé de ton. Ce n'est plus le discours va-t-en guerre,
comme aux années 80 et 90. L'homme prône l'amour. Il prône la réconciliation. Il titille Joseph Kabila sans l'agresser. C'est le temps du changement ».
Un autre membre de l'entourage estime qu'au-delà de l'intransigeance qu'oh lui connaît, Etienne Tshisekedi laisse des ouvertures, mieux des fenêtres, aux autres
partis ou regroupements politiques de l'opposition. Il se dit convaincu que la candidature unique de l'opposition tant évoquée pourra trouver matérialisation. C'est ce qu'il faut interpréter,
explique-t-il, au vu de la présence significative de l'opposition aux côtés d'Etienne, ainsi qu'en ont témoigné des centaines de drapeaux des partis politiques qui flottaient à son entrée
triomphale à Lubumbashi.
Le directeur de cabinet Albert Moleka, Pasteur de son état, aumônier des prisons, ne cache nullement l'ambition de son patron de remporter la prochaine
présidentielle. « C'est un nouveau leadership politique pour la RD Congo qui s'installe, explique-t-il. Si la marche des affaires de l'Etat pose un énorme problème, c'est à cause d'un mauvais
casting au sommet.- Moralité : il faut impérativement changer le leadership politique de la RD Congo ». Les milliers des sympathisants et autres anonymes, qui s'étaient rendus à l'aéroport de la
Luano, avaient pour objectif justement de manifester leur soutien au leader de l'UDPS, considéré, selon lui, comme l'homme qui incarne ce nouveau leadership-
Dynamique Tshisekedi président
Lors de son passage à Bruxelles en mai dernier, Etienne Tshisekedi a démontré sa détermination d'aller jusqu'au bout de ce processus. Dans la foulée, il avait
déclaré que les prochaines élections devaient marquer la fin du mandat de Joseph Kabila et qu'il était important d'y participer pour changer le pouvoir.
Mais pour y parvenir, le chef de l'Udps ne saurait y aller seul. Son entourage le dit et assure que le lider maximo n'a jamais exclu les alliances. A tout
considérer, ce n'est pas par hasard qu'est née la plate-forme appelée « Dynamique Tshisekedi président ». Il s'agissait de créer une dynamique autour de la candidature de Tshisekedi, afin qu'elle
évolue comme une déferlante devant l'imposer comme le candidat unique légitime et logique de l'opposition. Les démonstrations de force à Kinshasa, au Katanga tendent à prouver à tous que nul ne
saurait faire autant ou mieux que Tshisekedi, en termes de mobilisation des foules et qu'il est donc l'homme de la situation pour affronter Joseph Kabila. Tshisekedi surfe sur la vague populaire
pour en imposer à ses concurrents éventuels ou annoncés de l'opposition. Parmi ceux-ci, Kengo wa Dondo. L'homme de la rigueur vient de faire une sortie réussie avec son Union des forces du
changement. Il ne s'est pas encore prononcé sur une ambition présidentielle. Il ne manque pas d'atouts. Il peut compter Sur' son Equateur d'abord. En l'absence de Bemba, qui lui disputerait
sérieusement le leadership ? Pour autant, une observatrice attentive faisait remarquer au Climat Tempéré que Léon Kengo wa Dondo n'a pas, tout au long de ces 5 ans, assumé ostensiblement son
statut d'opposant. Il a semblé un opposant très réservé voire recroquevillé. Par exemple, dit- elle, dans les débats cruciaux mettant aux prises la majorité et l'opposition, l'on n'a pas souvent
vu Kengo wa Dondo voter' avec l'opposition, préférant souvent s'abstenir Lors du vote de la révision constitutionnelle par le. Congrès, Kengo wa Dondo na pas voté suivant la logique du boycott
observé par l'opposition. Il n'a pas voté non ». Il e voté « abstention », sachant que ce vote là est favorable toujours la majorité des suffrages exprimés. Il n'empêche, Léon Kengo wa Dondo est
un opposant déclaré. Mais des questions Sont soulevées : Tshisekedi peut-il composer avec Léon Kengo? Un homme de droite, très proche des occidentaux et surtout des institutions de Bretton Woods
et donc des capitalistes libéraux, alors que Tshisekedi, lui, est de gauche, proche des socialistes? On le voit, idéologiquement les deux personnalités ne sont pas proches. Peuvent-ils cohabiter?
Pourquoi pas ? C'est sans doute, sachant cette difficulté que Kengo met l'accent sur l'adoption par l'opposition d'un programme commun devant soutenir le candidat commun de l'opposition à la
présidentielle. Quant à Jean Pierre Bemba, retenu dans sa cellule de la Haye par la CPI, il a été investi également candidat par son parti pour la présidence. On ne sait jamais dit-on au MLC.-
Lui aussi, homme de droite, prônant le libéralisme économique, est loin d'être idéologiquement proche d'Etienne Tshisekedi. Mais face à un adversaire commun, ils peuvent se rapprocher. Un cadre
du MLC expliquait, il y a quelques mois, que l'UDPS aussi bien que l'UNC n'avaient aucune expérience électorale. A partir de là, il estimait que ces partis devaient négocier avec ceux qui ont
cette expérience, en l'occurrence le MLC. Et le geste de solidarité posé par le président de l'UDPS en rendant visite au président du MLC à la Haye, ainsi que leur convergence de vues autour du
changement, est le signal d'un rapprochement politique possible. Et Vital Kamerhe! Le leader de l'UNC vient, on le sait, d'être investi par son parti comme candidat à. l'élection présidentielle?
Il serait, à côté de Tshisekedi, l'homme qui s également réussi à fédérer autour de sa candidature un nombre significatif de ralliements politiques, dont celui de Ne Muanda Nsemi, le leader ne
kongo de Bundu dia Mayala. Pour autant, Vital souffre d'une tare : sa reconversion trop fraîche comme opposant et la difficulté à se faire accepter comme tel chez beaucoup. Ce tribun qui sait
aussi mobiliser les foules n'est de toute façon pas un homme intransigeant. Il s'est dit flexible et laisse une ouverture dans les négociations pour la candidature unique en faveur de
l'opposition.
On le voit, Tshisekedi qui revient à Kinshasa devrait, sans tarder, prendre des initiatives pour rassembler et rassurer ses partenaires. De ce point de vue, son
meeting au Stade des Martyrs devrait pouvoir donner le la de la partition de l'union de l'opposition.
Deux fers au feu
La plateforme « Dynamique Tshisekedi président », suivie du groupe de pression « Soutien à Etienne Tshisekedi » a mise sur le fait que la candidature du sphinx
pouvait créer un effet boule de neige. Apparemment la mayonnaise est en train de prendre. Mais, ce qui intrigue, c'est le spectre de violences qui semble se dessiner. D'ailleurs, un cadre en vue
de l'opposition a laissé entendre que l'opposition ne se laissera pas faire, que 2011 ne sera pas comme 2006. « Vous verrez, on n'acceptera pas n'importe quoi », a-t-il dit, en commentant
l'attitude de radicalisme affichée par l'opposition dans le dossier des préalables soumis à la CENI et au chef de l'Etat pour des élections apaisées. Tout se passe comme si l'opposition avait un
autre fer au feu la pression de la rue. Déjà l'UDPS n'hésite pas à installer la contestation dans la rue, avec ce qu'il s'ensuit de dérapages. Les ONG des droits de l'homme ont eu à déplorer les
débordements enregistrés ici et là. Les ONGDH ont indiqué que le scénario semble planté pour la contestation des résultats, car personne n'envisage une quelconque possibilité de défaite, dans un
camp, comme dans l'autre. Si le candidat de la majorité actuelle perdait, on craint un schéma à l'ivoirienne, Si le candidat de l'opposition perdait, l'on craint un schéma à la tunisienne, disent
d'aucuns. Plaise au ciel que ces scénarios catastrophes ne soient que pure illusion. En tous les cas, il faut tout mettre en oeuvre pour les conjurer. C'est le sens de l'appel lancé par Me
Evariste Boshab à l'ouverture de la session extraordinaire de l'Assemblée nationale, samedi. Il a fait observer qu'en démocratie, il n'est nullement admissible pour un individu ou un parti
politique de faire fi des règles établies et d'opter pour l'obstruction comme stratégie d'actions politiques. Cela est inacceptable.
« Il est inconcevable, voire incongrue, qu'un candidat à une élection, quel qu'en soit l'échelon, puisse se proclamer vainqueur avant même le dépôt de sa
candidature et puisse affirmer que ladite élection ne peut être juste et démocratique que dans la seule et unique hypothèse de sa victoire. La République Démocratique du Congo, notre cher et beau
pays, est entrain de traverser certainement l'une des périodes les plus déterminantes de son histoire. Il va s'agir pour ce « pays continent » de prouver à la face du monde qu'il a atteint
véritablement l'âge d'une réelle maturité et qu'il est désormais capable de tracer lui-même, avec sérénité et responsabilité, les perspectives de son avenir et de son propre destin... Il est donc
temps pour que chaque fille et chaque fils de ce pays puisse comprendre, qu'eu égard aux immenses défis qui nous guettent, et tenant compte de la détermination de notre peuple à voir la paix
sociale se consolider davantage dans son pays, plus aucune erreur ne peut nous être permise... Ainsi, me parait-il essentiel que nous puissions sensibiliser l'ensemble de nos concitoyens à avoir
à l'esprit la haute idée de toujours barrer la route à toute démarche pouvant aller dans le sens d'une part, de remettre en question les acquis essentiels que nous avions, ensemble, réussi
délicatement à mettre en place et d'autre part, faire reculer le processus électoral qui e pour vocation de cimenter la stabilité politique, essentielle au redressement socioéconomique de notre
pays.» Tel devrait être le schéma congolais ! Foi de patriotes !