Créé le 15 -08-2011 à 10 h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le dimanche 15 -08-2011 à 10 h30 | AFRIQUE REDACTION PAR : Thomas MBEMBELE, Président du GRARC
Les lobbies maffieux qui les soutiennent les régimes rwandais de Kinshasa et de Kigali voit dans tous les cas dans le Congo-Brazza un voisin pas suffisamment « coopératif » contrairement par exemple au Burundi ou à l’Ouganda.
11 Août 2011- Depuis quelques années, les véritables raisons de la déstabilisation du Zaïre devenu République démocratique du Congo ont été dévoilées à l’opinion par différents canaux : livres , vidéos ,conférence etc… Quelques personnalités politiques ayant occupé des fonctions clés telles que Mme Cynthia Mc Kinney ,Honoré Ngbanda ou d’autres , des journalistes tels que Charles Onana, divers experts etc… ont particulièrement contribué à ce que les causes profondes ainsi que les véritables protagonistes de la crise de la région des Grands Lacs africains soient connus de tous.
Toutes ces personnalités ont dénoncé et lancé l’alerte contre un vaste plan visant à bouleverser l’équilibre des forces en place dans cette région (Cf notamment le livre « Crimes organisés en Afrique centrale » publié en 2004 /Editions Duboiris) . Chacun a pu ainsi se rendre compte que la déstabilisation de l’Ouganda suivie de celle du Rwanda puis de la République démocratique du Congo n’ont été que des étapes du projet nourri par les instigateurs de la guerre, de mettre à mal l’influence française dans cette région désormais très convoitée par les réseaux anglo-saxons pour les immenses ressources minières dont elle regorge.
1. Mouvements de populations ou signes annonciateurs de processus de déstabilisation des États-cibles ?
Mais alors que les commanditaires de ce chaos téléguidé et leurs marionnettes dans la région, brillent finalement par leur capacité à anticiper sur les événements et à les orienter à leur guise , on peut aujourd’hui se demander si certaines des cibles clairement pressenties comme des prochaines victimes potentielles de ce plan machiavélique ne devraient pas se montrer plus réactives. Le Congo Brazzaville qui subit régulièrement les conséquences des mouvements des populations en provenance de la RDC ne devrait-il pas s’interroger sur la manière dont elle anticipe sur ces déplacements récurrents et déstabilisants qui sont d’ailleurs appelés à se répéter et probablement à grossir puisque le fond du problème en RDC n’est toujours pas résolu : le Rwanda est en train d’occuper la RDC et chacun sait aujourd’hui que plusieurs mouvements de résistance rdcongolaise sont nés.
Les effets de leurs actions sont appelés à s’intensifier du fait de leur détermination et de la prise de conscience progressive de la situation par la population rd congolaise qui tend à soutenir cette dynamique. On a pu se rendre compte récemment avec les récents soubresauts des « Enyele » , que la population congolaise adhérait à cette dynamique annonciatrice de changement et de fin de l’occupation. Le raz de marée soulevé par les derniers déplacements d’Etienne Tshisekedi à l’extérieur du pays , au Katanga ou à Kinshasa et les slogans scandés par la population à chacun de ses déplacements sont sans équivoque et confirme largement ce constat , les congolais connaissent désormais la source de leur malheur aujourd’hui et chantent : « Zongisa ye na Rwanda ».
Ainsi, le Congo Brazzaville a d’abord connu en 1994 l’arrivée de réfugiés rwandais hutus fuyant les troupes criminelles de Paul Kagamé décidées à les exterminer . Ensuite , ce sont plusieurs rdcongolais dont de nombreux militaires fuyant la prise du pouvoir par l’AFDL qui ont trouvé refuge dans ce pays voisin. Il y a quelques mois , ce sont des milliers de ressortissants de l’Équateur qui ont fait de même à cause des affrontements entre le mouvement de résistance PRC dit « Enyele » et les troupes au service de « Kabila ». Or chacun sait que la phase finale de la déstabilisation du Zaire a débuté par ce même genre de mouvements massifs depopulations, en l’occurrence celui des réfugiés hutus en 1994.
Dans cette perspective, un certain nombre de faits tendent à faire penser que la République du Congo plus qu’aucun autre pays de la région devrait intensifier, renforcer ou initier la mise en place des paramètres lui permettant de diminuer ou de neutraliser les facteurs pouvant à terme favoriser la déstabilisation ou le renversement de son régime à partir de la RDC.
2. Le Congo-Brazza dans le collimateur de Kagamé et Kabila
Le récent problème posé par les déplacements des populations de la province de l’Équateur a en tout état de cause rendu Kabila et Kagame plus méfiants vis-à-vis du Congo Brazzaville qui a clairement affiché une forme de solidarité avec les réfugiés rdcongolais qui arrivaient massivement sur son territoire, contribuant même à ridiculiser le gouvernement rdcongolais qui s’est montré incapable de les prendre valablement en charge . De plus le gouvernement rdcongolais considère à tort ou à raison que les « Enyele » (terme qui englobe en réalité une nébuleuse de résistants rdcongolais) ont pu mettre leurs familles à l’abri en République du Congo , pendant que leurs hommes partaient au combat.
Quand ce ne sont pas eux-mêmes qui, d’après eux , ont traversé la frontière pour se mettre à l’abri . Autant d’éléments véhiculés par Kinshasa et Kigali pour faire désormais du gouvernement de Brazzaville le mouton noir de leurs voisins de la région des Grands Lacs. Mais en réalité en plus de leur projet de déstabilisation de l’Afrique centrale au profit de differents lobbies maffieux qui les soutiennent les régimes rwandais de Kinshasa et de Kigali voit dans tous les cas dans le Congo-Brazza un voisin pas suffisamment « coopératif » contrairement par exemple au Burundi ou à l’Ouganda. Par ailleurs le refus de la République du Congo d’extrader Udjani ou le Général Munene vers la RDC n’ont fait qu’attiser l’animosité de Kagame et Kabila à l’égard de son gouvernement.
D’autre part , plusieurs séries d’arrestations à Kinshasa, tentatives d’enlèvement ou enlèvement (y compris au Congo-Brazza) montrent clairement que Kanambe et ses sbires font régulièrement preuve de paranoia et multiplient les actes qui tendent à accuser Brazzaville et même Luanda de tous leurs maux. En particulier, ils les soupçonnent d’être en intelligence avec Honoré Ngbanda, dont les agents de service de Kanambe s’évertuent à signaler la présence dans la région.
Et tout ça sans jamais pouvoir le prouver ne fut ce que par une photo. C’est à se demander si tous les agents qui assurent avoir des informations sur la présence du président de l’APARECO quelque part ne sont pas en intelligence avec lui pour ne jamais en apporter la preuve ou même ne jamais l’ arrêter ni lui ni les hommes qui seraient prétendument à son service. N’est-ce pas étrange ? Et dans la foulée c’est maintenant l’Angola que Kinshasa accuse d’être en intelligence avec Honoré Ngbanda par le Général Ellie Kapend interposé qui a pour ce motif fallacieux été arreté arbitrairement et reste détenu sans procès à ce jour.
Or, toutes ces mises en scène que Kinshasa ne cesse de colporter par différents canaux médiatiques ou diplomatiques rappellent clairement celui qui a permis à Kagamé d’envahir allégrement la RDC sous prétexte de protéger son régime en allant y déloger des hutus considérés hostiles à celui-ci. Seulement plus de 10 ans après le Rwanda est toujours en RDC poursuivant son agenda caché en y semant la terreur et la désolation. Ainsi au vu de ces rapports désormais houleux entre les deux Congo et de la nécessité pour Kagame et Kabila de consolider rapidement leur pouvoir rwandais en RDC, il va de soi que le Congo-Brazza est considéré par eux comme un obstacle considérable à l’aboutissement de leur projet. Le régime de Kabila semble se sentir menacé et entretient ce climat de paranoïa envers son voisin.
Plusieurs sources concordantes indiquent en effet, que Joseph Kabila et ses réseaux rwandais faute de glisser des hirondelles dans tous les lits de l’élite congolaise du Congo Brazzaville , multiplie au moins les opérations de corruption. Des milieux des résistants à Brazzaville, il ressort que des soupçons pèsent sur des membres des services de sécurité du Congo Brazzaville ,lesquels seraient utilisés à titre personnel par Kinshasa et Kigali pour traquer les opposants ou les résistants congolais(RDC) sur le territoire du Congo Brazzaville . Mais il est à craindre que ces mêmes recrues membres des services de la sécurité congolaise ou autres , habitués à cette corruption , pourraient être « retournées » pour d’autres objectifs comme par exemple , mettre en péril le régime actuel. De toute manière , ayant déjà reçu de l’argent pour X raisons , certains peuvent peut-être être contraints plus facilement à rendre d’autres « services ». Les services rendus actuellement peuvent servir d’approches en vue de mener à terme une action de déstabilisation plus importante orchestrée par les réseaux rwandais et les lobbys qui les soutiennent. Le gouvernement congolais a-t-il pris la mesure de ce danger ?
3. Des garde-fous aléatoires de la République du Congo : La France, un parapluie percé
Face à cette éventuelle menace , certains opposent le fait que la France a une influence qui permette à la République du Congo de ne pas se sentir menacée par le pouvoir rwandais qui développe ses tentacules en RDC. Mais la République du Congo n’aurait-elle pas tort de se fier à un partenaire qui semble lui-même piégé par Kigali ? De quelle marge de manœuvre dispose réellement la France aujourd’hui dans ce qui se trame dans la région des Grands Lacs ? Elle ne le dira pas. Par contre on sait qu’elle privilégiera d’abord et avant tout ses propres intérêts. Le passage de Bernard Kouchner au Ministère des Affaires Étrangères françaises a mis en relief le poids de l’influence Rwandaise sur les institutions françaises. Ce dernier a largement veillé à ce que mettre la France sous la coupe de Kigali. Il apparait clairement depuis lors que son action a visé à faire adopter à tout prix à son gouvernement le discours et les positions qui s’inscrivent dans le plan de Paul Kagame. En l’occurrence , l’intérêt du Rwanda aujourd’hui est que le Congo-Brazza reste en dehors du conflit entre les rdcongolais et le Rwanda et que la résistance congolaise ne trouve surtout pas de soutien extérieur.
Pendant ce temps la position française reste pour le moins ambiguë. Le pays des Droits de l’Homme ne semble pas s’offusquer de devoir fréquenter un génocidaire comme Paul Kagame qui ne cesse pourtant de l’humilier. D’ailleurs elle s’apprête à recevoir en grande pompe le 12 septembre prochain le plus grand criminel africain en activité : Paul Kagame en personne.
Les propos du Chef de l’Etat français concernant les fameuses richesses ou ressources de la RDC que notre pays devrait « partager » avec ses voisins ont déjà donné un aperçu de la position de la France dans ce conflit qui met pourtant à mal ses propres intérêts dans la région des Grands Lacs. Les millions de morts congolais , les viols, les millions d’autochtones déplacés et même la francophonie , ne semblent pas être sa première préoccupation.
Le Congo Brazzaville peut donc choisir de continuer à rester neutre face au conflit rwando-rdcongolais, mais la question que pose notre réflexion de ce jour est de savoir sur quoi devrait-elle se baser pour déterminer sa position face à ce qui se passe géopolitiquement dans cette région ? Sur les faits qui démontrent que ce qui se passe en RDC s’inscrit dans un processus de déstabilisation générale de la région , ou sur les informations édulcorées livrées à l’opinion publique qui parle de prétendue « rebellion » ,« guerre civile », « milices incontrôlées » et autres mensonges de ce genre plutôt que d’évoquer clairement l’agression rwandaise et les projets hégémoniques de Paul Kagame ? Car la réalité est bien là : le Rwanda est en train d’occuper la RDC et n’hésite pas à massacrer des millions de rdcongolais pour atteindre son objectif.
Dans des régions comme Beni,Butembo et Lubero dans le Nord-Kivu qui, depuis des siècles sinon des millénaires ,n’ont jamais été peuplées des hutus ou des tutsis, comme le prouve même la carte ethnographique de la RDC établie par les colons belges eux-mêmes, Joseph Kabila et Paul Kagame sont en train d’y déverser des populations appartenant à des ethnies nouvellement créées : des hutu-nande et des tutsi-nande. Les membres de ces nouvelles ethnies, comme ce fut le cas en 1996 avec les fameux « banyamulenge », sont en fait des ressortissants rwandais et ougandais que ces deux pays déversent en République Démocratique du Congo. Des hutu-nande particulièrement, il est intéressant de retenir qu’il s’agit en réalité des anciens miliciens FDLR rapatriés dans leur pays d’origine par le HCR et la MONUSCO, mais que Paul Kagame renvoie en pays nande. On se rendra donc à l’évidence que le phénomène FDLR n’est qu’un vaste subterfuge mis sur pied par Kagame et Kabila pour justifier l’exécution de leur plan. En revanche, sous le couvert des réfugiés ,Paul Kagame et Yoweri Museveni transfèrent en fait des tutsis ,ougandais et rwandais, dans notre pays. Et ces derniers jours , il envisage de déployer ses troupes dans le Bas-Congo … à une distance réduite du Congo Brazza. A la place du Congo-Brazzaville ou de l’Angola , aucun pays occidental n’accepterait de voir des troupes d’un régime que l’on sait hostile venir se positionner à quelques mètres ou envisager de le faire. D’ailleurs plusieurs sources locales informent par exemple que les troupes rwandaises installées par Kabila dans le Bas-Congo depuis des mois se battent aux côtés des membres du FLEC. Luanda appréciera…
Mais concernant le modus operandi rwandais de ce plan de dépeuplement-repeuplement, un fait non moins important est à signaler. En effet, ce sont des unités des « FARDC » qui sont chargés de chasser de leurs terres les autochtones nande par des assassinats, viols, vols, incendies des maisons .La particularité de ces « FARDC », c’est que ces éléments parlent deux langues inconnues dans notre armée : l’anglais et le kinyarwanda . En réalité, ces militaires sont des éléments des Forces de Défense et de Sécurité rwandaises, que ce pays a déversé au sein de notre armée à la faveur de l’opération « Umoja Wetu » de janvier 2009 et que l’on fait parfois passer pour des militaires du CNDP « brassés », «mixés » ou « integrés » c’est selon , au sein de ce qui reste de l’armée rdcongolaise dans la région , c.à.d plus grand-chose. Mais Kinshasa se garde bien de dénoncer, encore moins de sanctionner ces actes de barbarie sans nom. Et pour cause le chef d’orchestre de ce sabotage de l’armée se trouve à la tête du pays.
Enfin, c’est un secret de polichinelle : Kabila et Sassou sont membres de la Franc-maçonnerie et sont sensés être des « frères » aux yeux de cette organisation. Mais, sans toutefois présumer de ce que cela est sensé avoir comme conséquences ( tout le monde n’en connaît pas les règles) sur ce que devrait être les relations entre ces deux chefs d’Etats en tant que « frères » francs-maçons, tout porte clairement à croire que l’esprit « fraternel » de Joseph Kabila dans la région des Grands Lacs ne concerne qu’un seul pays : le Rwanda. Tout dans le comportement de Kabila depuis qu’il est apparu sur la scène politique et même avant , prouve que ses attaches sont au Rwanda et nulle part ailleurs. Il n’a qu’un frère et celui-ci s’appelle Paul Kagame. Le président Sassou serait bien inspiré d’éviter de l’apprendre à ses dépens.
Thomas MBEMBELE, Président du GRARC