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17 -08-2011 à 10 h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET
INTERNATIONALE | Mis à jour le mercredi 17 -08-2011 à 10 h30 | AFRIQUE REDACTION PAR : LA REPUBLIQUE
L’article d’un confrère paru dernièrement à Kinshasa annonce un retour imminent de Jean-Pierre Bemba, le président du Mouvement de Libération du Congo (MLC).
L’homme devrait revenir au pays pour s’enrôler et déposer sa candidature à l’élection présidentielle de novembre de 2011. Le texte rempli de trop de conditionnels fait dire à une certaine opinion
qu’il s’agit de simples spéculations de journaliste.
Mais voilà : il ne s’agit pas de n’importe quel journaliste puisque l’article est paru dans « Le Soft » de Kin-Kiey Mulumba. Cet éditeur est député national et
membre de la Majorité Présidentielle (MP). C’est-à-dire qu’il est mieux informé que le commun des mortels et qu’il est dans les secrets de Dieu. Ces spéculations peuvent être au pire de vérités
déguisées pour cacher la source. On peut logiquement s’inquiéter qu’il n’y ait pas par exemple la date du dépôt de la demande de libération provisoire chez le juge de la CPI. Mais on constate
aussi une certitude : un avion stationné à un aéroport de La Haye pour convaincre le juge à lui accorder une liberté provisoire pour venir s’enrôler en RDC. Bemba en a déjà profité à deux
reprises.
Cet article a aussi énoncé de deux écueils de taille à l’accord sollicité auprès du juge: l’opposition possible du procureur Luis-Moreno Ocampo et les
garanties de sécurité à offrir par le gouvernement congolais pour ne pas dire le président Joseph Kabila. Il y a certainement des arguments judiciaires et autres – suivez mon regard- pour
persuader Ocampo à ne s’opposer à cette libération provisoire.
Joseph Kabila peut aussi s’arranger pour que le jet amenant Bemba Gombo atterrisse à … Lubumbashi pour son enrôlement et le dépôt du dossier de candidature.
Objectivement, cette démarche présente… 5% de chances de réussite. Ce n’est pas nul !
A qui bénéficie la candidature de Bemba ?
Si la candidature de Bemba est déposée en bonne et due forme, elle profiterait d’abord au concerné. Imaginez un peu un président de la République
démocratiquement élu en son absence et gardé en prison sans condamnation du juge même si c’est à la CPI ! Ce sera un précédent historique qui embarrasserait terriblement cette instance judiciaire
internationale.
Le second bénéficiaire serait sans doute le candidat Joseph Kabila. Toute la stratégie électorale de celui-ci est basée sur la division de l’opposition où
Etienne Tshisekedi a le vent en poupe. Les électeurs du MLC privés de leur leader naturel seront en effet plus que tentés de verser leurs voix au dernier cité. Mais si le chairman était candidat,
il prendra à son compte les suffrages de ses partisans en en privant ainsi l’adversaire le plus redoutable du président sortant.
Attention, à l’effet boomerang. Le soutien de Kabila à la démarche de Bemba n’est garanti à 100% car, l’élan de sympathie envers ce « martyrs de la CPI »
couplé à une bonne stratégie de communication au MLC peut produire plus de suffrages que n’en récoltera le fils de Mzee Kabila sur ses terres à l’Est.
Dans son « fief naturel », il doit compter avec la défection de Vital Kamerhe qui lui a ravi une portion significative d’électeurs dans le Nord-Kivu et le
Sud-Kivu. Ces contrées n’ont pas de raison de s’engager totalement derrière Kabila vue aussi l’insécurité qui y persiste malgré les opérations de pacifications réalisées.
Dans ce terrible jeu d’échecs pour la conservation du pouvoir présidentiel, les stratèges de la MP doivent pousser Antoine Gizenga à déposer sa candidature à
la présidence. C’est le meilleur moyen d’avaler les voix flottantes du PALU où les partisans digèrent mal l’absence du patriarche dans la course. Trois tendances existent présentement au Palu:
l’une pense à soutenir Tshisekedi, la deuxième veut intégrer l’Arc d’Olivier Kamitatu et la troisième catégorie est restée fidèle au leader historique.
A titre de rappel, l’alliance AMP-PALU n’avait pas rapporté tous les 13% d’Antoine Gizenga à Joseph Kabila en 2006. Alors, autant noyer les voix du Palu dans
le fleuve Congo de laisser Tshitshi en profiter. Et ce serait autant de moins pour empêcher Bemba de faire tabac et embrouiller dangereusement le jeu électoral.
Quoiqu’il en soit, le MLC et l’UNC sont les arbitres politiques de l’élection présidentielle de novembre 2011. Kabila et Tshisekedi qui en sont les favoris
doivent chacun en récupérer au moins un pour espérer gagner. Malheur à celui qui croirait l’emporter avec ses partisans actuels.