Créé le 22 -08-2011 à 10 h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le Lundi 22 -08-2011 à 10 h30 | AFRIQUE REDACTION PAR : LES DEPECHES DE BRAZZAVILLE
L'assainissement attendu restera un vœu pieux si rien n'est fait pour consolider les mesures arrêtées dans le cadre des réformes. Monique Mukuna, économiste et
femme d'affaire interpelle le patronat national et l'accuse d'immobilisme.
Les Dépêches de Brazzaville : Remarquez-vous une amélioration sur le climat des affaires ?
Monique Mukuna : La situation ne s'est pas empirée mais elle a plutôt tendance à stagner. En économie, quand tu n'avances pas, tu recules. Le gouvernement essaie
d'améliorer mais ne met pas en place les garde-fous nécessaires. Il faut des outils de contrôle pour permettre aux investisseurs traqués par les agents de l'État d'être entendus. Ce système de
contrôle doit aider à l'évaluation des mesures prises et s'assurer si les investisseurs éprouvent encore des difficultés. Il est illusoire de croire en l'assainissement de l'environnement des
affaires par la simple création de nouvelles lois depuis Kinshasa. Certes, il existe une Fédération des entreprises du Congo. À Kalemie où j'ai travaillé, nous ne l'avons vu se manifester que
lors des contributions à faire. En cas de difficulté, rien ne sert de compter sur elle.
LDB : Quel constat peut-on faire au niveau de la région dans le domaine de l'amélioration du climat des affaires ?
M. M. : Partout, il existe des points forts et des points faibles. Parmi les points forts de nature à intéresser mon pays, la RDC, je citerai mon expérience au
Rwanda et en Tanzanie où le respect des contrats est de rigueur. Les agents de l'État se préoccupent d'amener le plus d'investisseurs pour faire entrer des devises et assurer le développement de
leur pays. Ils ont facilité et réduit le temps d'enregistrement d'une compagnie. Au Rwanda, en 48 heures, vous pouvez ouvrir votre compagnie. Dans ce délai, vous êtes en mesure de réunir tous les
documents. Le Rwanda n'a pas le même potentiel minier que le Congo mais il a beaucoup plus d'investisseurs dans ce secteur aujourd'hui. La Tanzanie qui paraît bien plus évolué que le Rwanda dans
le secteur minier n'a pas autant d'investisseurs, juste parce que ce pays a bien sécurisé le secteur. Au Rwanda, après 5 ans, il faut renouveler la licence d'exploitation. Pour installer notre
société allemande au Rwanda, après l'expiration du délai légal de la licence d'exploitation d'une entreprise minière européenne, nous avons essuyé un refus des institutions rwandaises par rapport
à notre demande. On était déçu mais on a du respect pour ce pays. Même en Tanzanie, les agents de l'État ont peur. La corruption existe, certes, mais les services ne sauraient vous être refusés
pour n'avoir pas soudoyé un agent de l'État. Malheureusement en RDC, le trafic d'influence prend de plus en plus des allures inquiétantes.
Propos recueillis par Laurent Essolomwa
Photo : Monique Mukuna