Créé le 07 -09-2011 à 07 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mercredi 07 -09-2011 à 12h00 | AFRIQUE REDACTION PAR :AFRICANEWS
L'intention de rachat des parts de l'Entreprise générale Malta Forrest -EGMF- dans la Compagnie minière du Sud Katanga -CMSK- où elle est associée majoritaire face
à la Générale des carrières et des mines -GECAMlNES- par son propre patron George Forrest, est en train de tourner à un vaudeville symptomatique des méthodes de gestion qu'on croyait révolues et
qui ont entraîné la RD-Congo dans le gouffre économico-financier.
Un vaudeville qui ne devrait pourtant pas avoir sa place entre deux associés qui cheminent ensemble et filent le parfait amour depuis 1995 dans le cadre du
partenariat public-privé qui a permis de remettre sur les rails de nombreuses entreprises publiques, dont la GECAMINES. Jadis épine dorsale de l'économie katangaise et du pays tout entier, la
Générale des carrières et des mines était tombée en faillite suite à la mégestion avérée de ses différents dirigeants et administrateurs, tous des cadres nationaux. Au- delà des questions de
droit opposant aujourd'hui les deux associés, la vraie question est de savoir si les mêmes qui ont fait tomber en faillite nombre d'entreprises publiques durant la période des vaches grasses du
Mobutisme peuvent légitimement diaboliser ceux qui ont permis à l'Etat de renflouer les caisses de la GECAMINES et de lui éviter la cessation total des activités.
En 1995, au moment où aucun investisseur privé -national comme étranger- ne s'aventure à parier un sou dans une affaire en RDCongo, alors que le pays est sous
embargo international depuis le massacre des étudiants de Lubumbashi en 1990, George Forrest à travers EGMF s'associe à la GECAM1NES dans le projet Kasombo. Dans la foulée, les deux partenaires
créent en 1996 l'association momentanée de Luisiwishi. Soucieuse de la rentabilité des projets développés, EGMF investit des millions de dollars, se montrant souvent plus que compréhensive et
clémente vis-à-vis des difficultés financières, que traversait la GECAMINES. Pendant plusieurs années, CMSK a ainsi été l'une des seules sources de revenus de la GECAMINES, si l'on en croit ce
que cette entreprise expliquait elle-même dans une lettre publiée en 2008.
CMSK a été gérée dans la transparence et dans le respect des intérêts bien compris des deux partenaires et continuait de l'être. La GECAMINES n'y trouve à redire.
Il n'y a donc aucun différend de fond lié à la gestion qui opposerait les partenaires, et l'on serait tenté de parler d'un conflit artificiel fabriqué de toutes pièces pour des buts inavoués et
inavouables, Par contre, de notoriété publique, CMSK est une affaire très rentable qui suscite bien de convoitises. En un mot comme en mille, ce sont les fossoyeurs de la GECAMINES qui
s'attribuent aujourd'hui, sans vergogne, le beau rôle de redresseurs des torts! Qui l'eût cru? En tout cas pas EGMF qui s'estime, avec raison, poignardée dans le dos par son
partenaire.
Arguments de droit et de fond
La GECAMINES affirme qu'elle peut exercer un droit de préemption «lui permettant d'acheter la participation d'EGMF dans CMSK» compte tenu du fait qu'EGMF a reçu une
offre d'achat portant sur sa participation dans CMSK. Il n'y a pourtant aucun droit de préemption légalement valable puisque EGMF n'avait aucune volonté de vendre sa participation et n'a
strictement rien vendu. En effet, si EGMF avait eu l'intention de vendre sa participation, elle était juridiquement obligée de le notifier au Conseil de Gérance de CMSK et la question devait être
discutée en Assemblée générale extraordinaire: ce qui n'a pas été fait. C'est uniquement dans ce cas-là, affirment, d'éminents juristes, que la GECAMINES aurait eu un droit de préemption sur la
vente. Si cela n'a pas été le cas, c'est que -et cela tombe sous le bon sens- EGMF n'avait pas l'intention de vendre sa participation. C'est la raison pour laquelle elle ne l'a pas notifié au
Conseil de Gérance de CMSK et qu'elle n'a pas souhaité en discuter au sein de l'Assemblée générale extraordinaire.
Par contre, EGMF a tenu à informer la GECAMINES de l'offre qu'elle avait reçu, afin que son partenaire soit informé de toutes les discussions en cours. EGMF l'a
donc fait de bonne foi et par souci de transparence. Il est paradoxal de constater que la GECAMINES tente d'utiliser la bonne foi et la volonté de transparence de son partenaire -EGMF- pour
retourner la situation à son avantage et escroquer un partenaire qu'elle embrassait hier à pleine bouche en le qualifiant de sauveur.
Sur le plan juridique, les choses sont pourtant claires. En signant en 2004 le contrat de partenariat CMSK, EGMF, instruite par sa connaissance du terrain et
soucieuse de mettre ses investissements à l'abri d'éventuels «caprices» des décideurs RD-congolais, avait pris le soin d'introduire une clause contraignante pour les parties. En cas d'éventuels
litiges, les deux partenaires reconnaissaient la compétence exclusive de la Cour internationale d'arbitrage de la Chambre de commerce internationale de Paris. EGMF s'est conformée à ces prescrits
légaux, attendant sereinement que la Cour rende son arbitrage. Si la GECAMINES est sûre de son bon droit, se demandent nombre d'observateurs, pourquoi s'agite-t-elle en cherchant d'autres issues
de droit, autres que celles convenues? Pourquoi, depuis le début de ce conflit surréaliste, évite-t-elle une reprise du dialogue et un retour à la normale entre partenaires de longue date? Et le
rôle que joue Albert Yuma, à la fois président du conseil d'administration de la GECAMINES et président de la Fédération des entreprises du Congo -FEC- en dit long sur l'attitude de l'opérateur
minier national.
Tino MABADA