Créé le 13 -09-2011 à 07 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mardi 13-09-2011 à 10 h59 | AFRIQUE REDACTIONS PAR:OBSERVATEUR
Des discussions techniques sur les études analytiques du Mémo économique pour la RDC
La représentation de la Banque mondiale en RDC a convié l'élite congolaise aux discussions techniques sur la présentation des études
analytiques du mémorandum économique pour la RDC a eu lieu ce lundi 12 septembre à l'Université Protestante du Congo (UPC). Entre autres, ces discussions techniques ont tourné autour des
études sur les défis du développement, l'aperçu du mémorandum économique pour la RDC, les contraintes des politiques macroéconomiques en RDC, les diagnostics de la croissance en RDC et le
capital humain et le marché de l'emploi. Les intervenants prévus pour développer ces différents thèmes sont : le professeur James Robinson d'Université d'Harvard, Johannes Herderschee de
la Banque mondiale, le professeur François Kabuya de l'Unikin et UPC, Claude Baissac et Amadou Bassirou Diallo de la Banque mondiale. L'assistance était composée essentiellement
des professeurs et étudiants.
Au fait, ces études font partie des analyses détaillées parmi les 14 chapitres qui composent le mémorandum économique de la RDC dont le rapport
synthèse a été présenté le 7 juin dernier dans la salle des conférences des Affaires Etrangères. Ces études menées par la direction de la Banque mondiale chargée des
questions macroéconomiques, sont les premières menées en RDC par la Banque mondiale depuis la décennie 1990. Elles permettront à la RDC de s'en servir pour améliorer ses politiques
macroéconomique et sectorielles, et élaborer son DSCRP de seconde génération en cours d'élaboration. Bref, pour améliorer la gouvernance.
Après l'introduction de la rencontre par le recteur de l'UPC, le prof Ngoy Bolia. Le coup d'envoi des discussions techniques a été donné. La première
intervention de la journée a été la présentation des défis du développement faite par le professeur James Robinson de l'Université d'Harvard. L'orateur a focalisé son intervention sur les
expériences de différents pays face aux problèmes et défis de développement. Ainsi, il a commencé par expliquer l'expérience de la Grande Bretagne qui a connu la révolution
industrielle marquée notamment par les chemins de fer, l'expansion du capital humain et l'éducation. L'Etat britannique a été impliqué dans la promotion de la croissance économique. En
Corée du Sud, la croissance économique est récente. C'est la conséquence de l'accumulation rapide du capital humain et la capacité de production. Cela a été rendu possible par la
promotion agressive de l'industrie par le gouvernement.
Au Botswana, l'orateur soutient que la croissance rapide a débuté à l'indépendance. Celle-ci était basée sur les exportations de viande, puis de diamant.
Cette croissance a été soutenue par une politique macroéconomique stable, l'investissement dans l'éducation, les infrastructures et les biens publics. Parlant du Ghana, James
Robinson a fait allusion aux 20 ans d'instabilité politique, au déclin économique persistant après l'indépendance. Mais à partir de 1983, il y a eu des réformes menées par le gouvernement
Rawlings. Ces réformes ont débouché sur une croissance soutenue.
Des leçons à tirer des développements réussis
De ces quatre situations, l'orateur a tiré des leçons des développements réussis. Il ressort de sa prestation que la principale leçon consiste à abandonner
l'accumulation du capital et d'obtenir que l'Etat fournisse des biens publics. " Nous avons besoin d'un environnement institutionnel et des politiques adéquates pour que des personnes et les
secteurs privés et publics prennent des décisions qui produisent le développement. Le système politique crée des incitations pour le développement qui produisent un changement se traduisant
par la croissance économique. De nombreuses économies l'ont fait et ce de différentes manières ". Une autre leçon consiste " à tirer le meilleur parti des ressources disponibles
".
En Grande Bretagne, il y a eu une longue histoire de décentralisation politique, une économie mondialisée et un mécanisme d'opérations d'élite. La Corée a
bénéficié d'un héritage japonais de centralisation politique pendant la période coloniale, une longue histoire de l'Etat bureaucratisé et centralisé. Le Bostwana a une longue histoire
de l'institutionnalisation des Etats Tswana, une modernisation au 19ème siècle et des acquis des chefs dans l'exportation de viande. Quant au Ghana, il n'a aucune tradition d'un
Etat bureaucratique efficace, mais d'un capitalisme indigène des fermiers de cacao qui a refait surface après 1983 avec les réformes de Rawlings. En bref, chaque société a eu des
différences historiques, des différentes opportunités et des différents défis à relever.
Dans la foulée, James Robinson s'est interrogé : " qu'est ce qui rend la croissance économique difficile ? " La raison est que l'accumulation de facteurs ou
la disposition des biens publics n'est pas simple car la croissance économique n'est pas seulement un processus consistant à donner plus à chacun. Elle redistribue la richesse et le pouvoir
politique et génère des gagnants et des perdants ; ce qui crée des entraves publiques au développement. Il a ajouté qu'il est difficile de créer des institutions politiques qui alignent les
différentes incitations individuelles à celle de la société. James Robinson s'est aussi interrogé : pourquoi les exemples de croissance économique réussis sont si rares en
Afrique ?
Selon lui, les facteurs historiques ont rendu difficile la création des économies politiques favorables au développement. Par ailleurs, les puissances
coloniales ont créé des frontières arbitraires séparant les peuples entre les différents pays et jetant ensemble des peuples avec différentes langues, traditions et histoire. Il y a aussi
l'héritage de l'exploitation et du despotisme colonial. Il a renchéri que la structure étatique a été conçue non pas avec un œil sur la mise à disposition des biens publics, mais pour
maintenir l'ordre et extraire les ressources à faible coût. Ainsi, le contexte historique a créé un environnement difficile (traite des négrière, pratiques coloniales). L'Afrique a eu un héritage
difficile ; le défi reste de concilier les politiques africaines avec les opportunités de développement. " Il y a toujours des problèmes avec l'environnement institutionnel. L'accumulation
du capital ne suffit pas, car les ressources peuvent être mal allouées ".
Leçons sur les défis du développement pour la RDC
De ce qui précède la RDC a des leçons à tirer pour améliorer la croissance économique, dira James Robinson. D'autant plus que le pays a beaucoup
souffert de la traite négrière, de la colonisation, de la dictature,... ; ce qui crée un héritage difficile. Dans les leçons à tirer, primo il ressort que le pays a plusieurs
avantages historiquement avec des Etats centralisés avant la colonisation. Secundo, le pays a une histoire de commerce. Le développement de la Grande Bretagne a commencé, dira-t-il, avec le
commerce. Tertio, durant la colonisation la RDC disposait d'un secteur formel parmi les plus développés en Afrique en terme d'emplois. Cela permet de créer un secteur formel créateur d'emplois.
Quarto, le pays dispose d'un nouveau contrat social avec la Constitution de 2006. Même si l'Etat est faible, la RDC peut développer des partenariats avec le secteur privé, comme demander
aux Chinois de développer des infrastructures. " Mais, il faut le faire de manière que cela ait une incidence positive sur la capacité de l'Etat, c'est-à-dire en
renforçant les capacités de l'Etat à entreprendre les futurs travaux lui-même. Cela conformément aux expériences de développement vécues sous d'autres cieux".
Lors des échanges avec l'assistance, l'orateur a réfuté les affirmations sur le rôle et l'incidence de la religion et des croyances culturelles dans
un pays sur la croissance économique. Il y a, dira-t-il, beaucoup de spéculations sur le rôle de la religion et des croyances culturelles sur la croissance, comme hypothèse non prouvée ou
vérifiée. Les aspects religieux et culturels sur la croissance économique peuvent faire l'objet d'un débat. La volonté d'investir dans les infrastructures n'a rien à avoir avec
les différences de cultures.
Est-ce vrai que les pays anglophones sont mieux lotis que les francophones en matière développement ? James Robinson est d'avis que certaines théories soutiennent
que, par les institutions et le système juridique, les anglophones sont mieux outillés. "Personnellement, je n'y crois pas. Les anciennes colonies britanniques
ont un niveau de développement varié. Les Etats-Unis et la Canada, sont des bons exemples d'anciennes colonies britanniques, mais le Canada a connu aussi la colonisation
française….Il y a aussi des Etats comme le Pakistan et le Bengaldesh dont le développement économique est sujet à caution. Pour le Botswana, je ne pense pas que son
développement économique est le fait de la colonisation britannique ", a conclu le professeur James Robinson. Pour lui, les pays africains disposent des ressources naturelles pouvant
générer des recettes qui s'elles sont bien allouées peuvent améliorer le vécu des Africains. Cela n'a rien à avoir avec les croyances et les traditions culturelles.
Didier Munsala Buakasa