Créé le 19-10-2011 à 10 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le MERCREDI 19-10-2011 à 11 h35 | AFRIQUE REDACTION PAR : LE POTENTIEL
Le suspense demeure. D’un côté, la population congolaise, les observateurs, les candidats aux élections continuent à s’inquiéter sur le déroulement des élections,
couplées ou découplées. De l’autre, la Ceni persiste et signe sur la date du 28 novembre prochain. Mais le calendrier électoral est malmené, violé même…
Jamais élections n’ont tenu les gens en haleine comme celles du 28 novembre 2011. Elections au niveau présidentiel et législatif. A 40 jours de la date fatidique,
des inquiétudes mêlées d’incertitudes persistent. Pour preuves, les listes définitives qui devraient être publiées le 27 septembre ne l’ont été que le 14 octobre, soit 14 jours de
retard.
En plus, le chronogramme de la Ceni indique que la campagne électorale débute le 28 octobre pour se clôturer le 26 novembre. Cependant, la Loi électorale fixe à 30
jours, avant le début de la campagne électorale, la publication des listes définitives des candidats à la présidentielle et aux législatives. Or, ces listes n’ont été rendues publiques que le 14
octobre, soit 13 jours et non 30 avant le début de la campagne électorale. Il y a déjà là une entorse à la loi.
D’autre part, selon toujours le chronogramme de la Ceni, la commande des impressions et le déploiement des bulletins de vote sur toute l’étendue de la République
démocratique du Congo devrait se faire du 18 septembre au 25 novembre. A la date du 17 octobre 2011, la logistique nécessaire n’était pas encore livrée à la Ceni. Notamment, les urnes et les
bulletins de vote.
Dans le premier cas, les urnes qui devraient être fabriquées en Allemagne sont désormais attendues de la Chine. Quant aux bulletins de vote, il fallait attendre
avant tout que la Cour suprême de justice rende son verdict sur les 84 contentieux électoraux pour se décider de la maquette définitive. Cela n’a été possible qu’au début du week-end passé. A en
croire le Pasteur Ngoy Mulunda, président de la Ceni, les experts de l’Afrique du Sud où seront fabriqués les bulletins de vote séjournent actuellement à Kinshasa et travaillent d’arrache-pied
sur la maquette y afférente dès lors que le nombre définitif des députés est connu.
ELECTIONS COUPLEES OU DECOUPLEES ?
De ce qui précède, la question est celle de savoir si tous ces partenaires livreront la logistique nécessaire à temps afin de faciliter son déploiement. Tout ceci
devrait se faire du 18 septembre au 25 septembre. Or, à ce jour, il n y a ni urne, ni bulletin de vote. Par quelle magie les choses se passeront-elles en moins de 40 jours pour que le 28
novembre, les bureaux de vote soient fins prêts à recevoir les premiers électeurs ?
LA VERITE, RIEN QUE LA VERITE
Il revient à la Ceni de répondre à cette interrogation. Pour la population et les nombreux observateurs, la question est celle de savoir si les élections auront
lieu à la date prévue, c’est-à-dire le 28 novembre. Seraient-elles couplées ou découplées ?
Peu avant de quitter Kinshasa, en début de cette semaine, pour l’Afrique du Sud, le président de la CENI se veut toujours rassurant. « Il n y a pas de conséquences
sur le calendrier, simplement parce que cette publication (Listes des députés, Ndlr) est intervenue dans la période pour le règlement des contentieux électoraux », a dit le président de la
Ceni.
Bien plus, au moment où le président de la Ceni s’embarquait pour la RSA, il a déclaré que l’impression des « bulletins de vote venait de commencer». Comme pour
dire que s’il se rendait en Afrique du Sud, c’est pour faire accélérer les travaux.
Selon les dispositions initiales, toujours de la Ceni, l’impression et le déploiement des bulletins de vote devraient prendre 67 jours. A la date de ce jour, si la
Ceni s’en tient toujours à l’échéance du 28 novembre, elle ne disposera plus que de 39 jours. Dans un pays où les voies de communication sont un casse-tête chinois, des « chantiers », pour
reprendre l’expression de plus en plus en vogue, donc praticables difficilement, l’accès aux sites poserait de sérieux problèmes. Il y a des risques évidents que certaines circonscriptions
électorales ne disposent pas de matériel de vote à temps. Et si les élections devraient se dérouler en un seul jour, il y a beaucoup plus de vraisemblances que la Ceni décrète des prolongations.
Une éventualité que seule la Loi électorale autorise.
Mais si l’on prend le président de la Ceni au mot, c’est comme si l’on tient à mettre la population congolaise et la communauté internationale devant un fait
accompli. C’est-à-dire, donner l’impression de se couper en mille morceaux afin que les élections se déroulent absolument le 28 novembre, pour que la bonne volonté soit actée. Dès lors que l’on
se trouverait devant l’inévitable, lever l’option de découpler les élections. C’est-à-dire, organiser seulement la présidentielle à la date prévue et les législatives à une date
ultérieure.
Au fait, à deux ou trois reprises, le président de la Ceni a effleuré cette hypothèse. Il a eu à déclarer qu’aucun texte ne prévoit l’organisation des « élections
couplées ». Toutefois, pour des contraintes financières, la Ceni avait jugé bon de coupler les élections présidentielle et législatives. Aussi, si jamais la Ceni se rendait à l’évidence que les
élections couplées devenaient problématiques, elle opterait pour des élections découplées, en commençant par la présidentielle avec comme date le 28 novembre. Question de sauver ainsi sa face
afin de se faire bonne conscience en démontrant que les élections ont bel et bien eu lieu à la date prévue, présidentielle fut-elle. Du moins, pense-t-on, on éviterait au président élu l’absence
de la légitimité.
Une fois élu, ce futur président pourrait gérer et légiférer par décret. Avec cette probabilité de maintenir l’actuelle Assemblée nationale en place pendant que la
législature du Sénat court jusqu’au mois de mars 2012, en attendant la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale issue de nouvelles élections.
C’est du déjà-connu et du déjà-vu : le schéma ivoirien. C’est à travers cette subtilité que l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, a régné pendant une
décennie, s’employant chaque fois à repousser les élections jusqu’ à ce que guerre civile s’ensuive.
Mais la réalité ivoirienne n’est pas du tout congolaise. Au stade actuel du processus électoral en RDC, ce genre de calcul ne présage point de bons augures. Il y a
risque de se tromper dans des cas de figure qui ne reflèteraient pas du tout la volonté du peuple congolais. Ce serait alors dramatique.
Voilà pourquoi la Ceni est invitée à dire la vérité. Rien que la vérité et toute la vérité.