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Beni : des maisons de pauvres incendiées sans raison

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Créé le 21-10-2011 à 10 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |   ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le Vendredi 21-10-2011 à  11 h35 | AFRIQUE REDACTION PAR :SYFIAGRANDSLACS

 


 

À Beni, au Nord-Kivu, des inconnus incendient, durant la nuit, des cases et maisons en paille proches de villas et immeubles. Le plus souvent, par vengeance à l'égard de personnes âgées accusées de sorcellerie. Rien, à ce jour, n’est fait pour identifier les auteurs de ces actes.

En larmes, une vieille dame portant sur sa tête un sac rempli de ses petits effets regarde, impuissante, l’amas de cendres encore fumantes qui couvrent le sol de sa parcelle. C’est tout ce qui reste de sa maison en paille, à Bungulu, une commune de Beni, importante ville commerciale au nord de Goma, au Nord-Kivu. Elle a tout perdu du peu qu’elle avait : vêtements, casseroles, bidons, poules, chèvres… "Je croyais faire un cauchemar; pourtant c’était une scène vraie. Toute ma case a pris feu. J’ai tout perdu et je dois recommencer une nouvelle vie", raconte-t-elle, devant une foule de curieux venus aux nouvelles au lever du soleil.
 À 200 m de là, d’autres cases et maisons en paille ont connu le même sort. Tous ces drames se déroulent généralement très tard dans la nuit. M. K., l’une des victimes, également très âgée, maudit les auteurs de ces actes.

 Des jeunes montrés du doigt
 Entre avril et août, la ville a enregistré une vingtaine d’incendies similaires. Mais les auteurs ne sont jamais ni recherchés, ni arrêtés. Ce qui inquiète les habitants. Dans la ville, certains accusent de jeunes drogués. Cheftaine d’une cellule, Julienne Mboyo déclare avoir entendu, dans un bistrot, des propos tenus par deux jeunes : "Ils justifiaient ces actions par le refus des propriétaires de ces maisons en paille de vendre leurs parcelles aux gens plus nantis qui peuvent construire en dur et embellir la ville."
 Dans la plupart des cas, ces parcelles appartiennent à de vieilles personnes, généralement pauvres. Certains les taxent de sorcellerie et de s'opposer au développement et à la modernisation de la ville. Des tracts circulent dans Beni, qui disent ouvertement que les sorciers n’ont pas leur place dans la ville. "Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, s’insurge Mustapha Tembo, un habitant qui désapprouve de telles accusations. Bien que vieille ma mère n’a jamais été une sorcière. Et pourquoi les jeunes veulent-ils salir l’honneur de nos parents ?" Alphonse Kakule, l’un d’entre eux, fait observer qu’il ne faudrait cependant pas généraliser en accusant tous les jeunes.
 Au Parquet de grande instance ou au bureau du district de la Police nationale congolaise, les OPJ disent être en "alerte maximale" et "suivre de près ces infractions". "Toute personne qui commettra une destruction sera arrêtée conformément aux lois de la République", avertit Inspecteur Ramazani Kasongo, du Parquet de Beni. Il rappelle que ces actes constituent une infraction pénale punie de 5 à 20 ans de prison. Mais aucune poursuite n’a jusque-là été engagée pour rechercher les auteurs des incendies.

 Autorités, Églises et société civile élèvent la voix
 Pour tenter de dissuader les auteurs de tels actes, Églises et société civile élèvent la voix. Lors d’un meeting, Pascal Nyakaliwva, bourgmestre de Bungulu, a récemment interpellé les jeunes, les invitant à "ne pas se laisser manipuler par des oiseaux de mauvaise augure". Du côté de l’Église catholique, on n’accepte pas que des habitants puissent contraindre des personnes du troisième âge, à quitter ou à vendre leurs parcelles en les incendiant. "Pourquoi brûler les maisons d’autrui en disant que les pauvres n’ont pas droit à rester aux côtés des riches ?", s’est interrogé, lors d’un culte début juillet, un prêtre.
 La société civile locale assimile ces agissements à de la discrimination sociale. Enquêteur au bureau urbain de cette organisation, Christophe Paluku estime que ceux qui incendient la nuit les maisons des pauvres "doivent immédiatement cesser leurs actes, car il est inadmissible de brûler la maison d’autrui. Même si une raison existait, personne n’a ni droit ni ordre de se faire justice."

 Jacques Kikuni Kokonyange

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