Créé le 25-10-2011 à 10 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mardi 25-10-2011 à 20 h45 | AFRIQUE REDACTION PAR : UHURU
Pour tous les observateurs de la scène politique, réussir à organiser des élections apaisées en République démocratique du Congo est et restera encore une gageure
tant que les mentalités ne seront pas formatées autrement. Même au plus fort du soulagement suscité par la fin de la transition post conflit et la perspective d'entrer pour la première fois dans
le cercle des Etats démocratiques en 2OO6, la Commission électorale indépendante CEI avait eu toutes les peines du monde à faire accepter aux acteurs politiques l'idée d'une compétition
électorale où les vaincus seraient exclus de la gestion de la Res Publica au sommet de l'Etat.
Il avait fallu des affrontements armés dans la capitale Kinshasa pour qu'on tourne momentanément la page des négociations comme mode d'accession au
pouvoir.
Cinq ans après, la Commission électorale nationale indépendante CENI qui a succédé à la défunte CEI de l'Abbé Apolinnaire Malu Malu en qualité d'institution chargée
d'organiser pour la seconde fois des élections pluralistes depuis les premiers pas de la troisième république, ne cesse de s'infliger des coups pour paraître aussi crédible que possible.
Pourtant, bien que lés enjeux soient plus ou moins les mêmes, les élections générales de cette année 2011 ne ressemblent pas comme deux gouttes d'eau à celles tenues cinq ans plus tôt ; et ce ne
sont pas les mêmes hommes qui sont aux commandes de l'institution qui les organise, et qui a aussi changé de dénomination.
On dira que tous ces changements ne garantissent pas loin s'en faut, la transparence d'une élection qui est en passe de devenir le rendez-vous le plus prisé de tout
un peuple. N'empêche ! A ceux qui ont néanmoins décidé de grouper leur tir sur la seule CENI de Ngoy Mulunda, il est honnête de reconnaître que ce dernier profite de sa situation de suspect n°1
pour prouver son innocence afin d'être lavé des accusations qui lui sont portées.
Changement de tactique
C'est alors qu'il reste exactement trente quatre jours avant le passage à l'acte du peuple congolais prévu le 28 novembre à venir, que des bruits de bottes se font
soudainement entendre de façon presque simultanée dans les provinces du Katanga, du sud Kivu et de la Province Orientale, comme un écho lugubre d'un complot ourdi contre le peuple plus ou moins
maladroitement.
Le piège de ces violences qui refont surface en cet unique moment avec un timing suspect, est d'autant plus grossier que les groupes armés qui en sont à l'origine
ont eu tout le temps nécessaire pour faire entendre leurs invraisemblables revendications. Il n'y en a pas dans le chef des FDLR ni chez les intégrationnistes des FRPI de l'Ituri, hormis le
plaisir de tuer tout ce qui bouge, et de violer toutes les femmes qui passent à leur portée, ce qui est le signe particulier de ces enfants perdus appartenant à des milices d'un autre âge. Même
pour le moins avisé des observateurs, c'est une menace contre les élections qui se précise ; mais alors que les menaces sont faites pour être conjurées, les politiciens congolais donnent
l'impression de s'entendre non seulement pour tout arrêter d'un coup, mais aussi et surtout, revenir à toute vapeur en arrière sur la ligne où s'était arrêtée l'histoire des concertations
politiques sans participation populaire.
En effet, l'idée selon laquelle il faille reporter les élections pour cause d'accumulation de problèmes insolubles par la CENI dans un délai trop court pour leur
tenue, est entrain de faire son chemin en dépit des assurances quotidiennes des animateurs de la CENI. Cette idée sournoise vient de trouer un appui de taille dans cette recrudescence de la
violence programmée qui sert de préparation psychologique à l'opinion congolaise, à qui maintenant il faut porter l'estocade en lui annonçant officiellement la mise en place d'un gouvernement de
transition pour cause de report des scrutins.
Cette conjuration a des fortes chances de ne pas passer aussi facilement comme le prévoient ses géniteurs, par ce que il y a longtemps qu'elle ne bénéficie plus de
l'effet de surprise - la population étant de toute façon hostile à un tout autre schéma que les élections.
Chantage odieux
L'attitude d'un certain nombre de politiciens congolais fait penser à celle de ces chirurgiens bidon qui ne connaissent que l'amputation comme thérapeutique à
prescrire contre les maux les plus anodins. Car selon toute vraisemblance, ils ont enfourché le cheval de la démocratie tout en restant nostalgiques de leur ancien amour.
Il ne peut en être autrement au regard de la promptitude avec laquelle ils lient les attaques qui ont eu lieu récemment dans certaines parties du pays à la
problématique du report des élections qui n'est pas à l'ordre du jour officiellement. A ce sujet, il y a lieu de rappeler que certains pays africains ont par le passé organisé des scrutins alors
même que certaines de leurs provinces étaient pratiquement occupées par des rébellions séparatistes. Je veux parler du Sénégal notamment, où sévit une rébellion casamançaise vieille de plusieurs
décennies. Cela n'a jamais empêché ce pays d'être un modèle de démocratie en Afrique.
Le chantage des élections que les politiciens de la RDC s'apprêtent à exercer sur le peuple congolais est un sport digne de la mafia, qui ne saurait être accepté
s'aucune manière. Les élections prévues ce 28 novembre doivent impérativement se tenir afin de prendre la température des électeurs par rapport aux cinq ans du régime Kabila, indicateur de
l'ancrage démocratique en RDCongo.
Cela vaut bien la peine de faire l'impasse sur quelques milliers de voix appartenant à des citoyens pris en otage par des miliciens, en lieu et place de sacrifier
le vote de plus de 30 millions de compatriotes, ce qui serait pire qu'une capitulation devant quelques banals terroristes.
Les troubles intervenus ces derniers temps dans quelques parties des provinces Orientale, sud Kivu et Katanga ont par ailleurs le mérite de montrer à quel point
leurs auteurs se démènent pour gagner leur pari.
Après avoir accusé la CENI de tous les maux, mais conscients désormais que cette dernière est déterminée à organiser des scrutins plus transparents que ceux de
2006, ils en sont venus à sortir le dernier étage de leur fusée : puisque la guerre n'aura pas de justification si les élections se tiennent normalement, il vaut mieux la déclencher maintenant
pour les empêcher de se tenir. Tout le machiavélisme est par là.
Bomela Tondo Bo-Lisoma Malko